Chaque année, durant la saison estivale, on assiste à un retour spectaculaire des insectes ailés qui quittent leur colonie pour s’envoler par milliers et envahir nos domiciles ou jardins. Mais de quels insectes s’agit-il exactement ? Qui sont ces fourmis volantes et d’où viennent-elles ? Nous vous proposons ici une analyse détaillée pour mieux comprendre ce phénomène.
Définition d’une fourmi volante
Il peut sembler que la fourmi volante constitue une espèce spécifique, mais en réalité, il s’agit d’un terme qui désigne principalement des individus mâles et des femelles en devenir, appelés princesses, appartenant à la majorité des espèces de fourmis, qui en comptent environ 30 000. Entomologiquement, ils sont désignés sous le nom d’« aludes ». Au sein de la famille des Formicidae, ces insectes partagent leur classification avec les guêpes et les abeilles, dans l’ordre des hyménoptères. La société des fourmis fonctionne selon un modèle eusocial : chaque colonie comporte des castes, dont certaines sont fertiles et responsables de la reproduction, tandis que les autres sont non fertiles, assurant des fonctions de nourrice et de protection. Chez la femelle, cette division se manifeste par la distinction entre ouvrières stériles et futures reines, celles-ci bénéficiant d’un soin et d’une alimentation spécifique durant leur développement larvaire.
Les caractéristiques qui différencient une fourmi volante résident principalement dans leurs deux ensembles d’ailes, une paire à l’avant et une autre plus courte à l’arrière. Ces insectes peuvent évoquer les termites volants, mais se distinguent par leur silhouette fine, notamment au niveau du thorax et de l’abdomen, contrairement aux termites qui ont une silhouette plus épaisse. Leurs antennes sont courbées, en contraste avec celles des termites, droites. Enfin, la période d’essaimage diffère : les termites se reproduisent au printemps, alors que les fourmis volantes apparaissent généralement en été.
Le phénomène du vol nuptial, un spectacle annuel chez les fourmis ailées
Ce phénomène est une étape incontournable dans la reproduction des colonies. Une fois matures, les reines et les mâles développent leurs ailes, après avoir été soignés et nourris par leurs congénères. La période propice à leur envol survient lors de conditions climatiques particulières, combinant chaleur intense avec des précipitations orageuses. Les mâles s’envolent en premier pour former des groupes et lancer la phase de libération de phéromones. Lorsqu’une femelle arrive sur place, l’accouplement a lieu, la femelle stockant la semence dans un sac ovarien spécial appelé spermathèque. Après la fécondation, les mâles meurent, leur rôle étant limité à la reproduction, tandis que la future reine cherche un endroit pour s’enfouir et créer une nouvelle colonie. Elle tuera ses ailes pour ne jamais les retrouver puis utilisera son énergie accumulée durant sa croissance pour pondre, initialement, les œufs qui donneront naissance aux premières ouvrières.
Quand peut-on observer ces invasions de fourmis ailées ?
Les journées chaudes et ensoleillées de l’été sont propices à ces incursions, qui peuvent durer jusqu’à un mois. La période la plus fréquente s’étend entre juillet et août. Ces fourmis ailées volent en essaims, une stratégie pour augmenter leurs chances de rencontres et diminuer leur vulnérabilité face aux prédateurs, comme les oiseaux qui ravissent souvent ces insectes en pleine course. Une fois au sol, leur destin devient souvent plus difficile, puisqu’elles deviennent la cible d’araignées, de lézards ou de mantes religieuses, sans oublier la menace que représentent parfois d’autres colonies de fourmis — leurs rivales ou prédateurs — qui peuvent capturer ces futures reines avant qu’elles n’aboutissent à établir une nouvelle colonie.
Les fourmis volantes sont généralement trouvées à proximité de nids existants, que ce soit dans des espaces domestiques ou dans un jardin. Leur attraction est essentiellement liée à certains éléments comme :
- L’humidité, notamment en cas d’infiltrations d’eau ou de bois pourri
- Des aliments sucrés ou riches en protéines
- Toute nourriture indiscrète laissée traîner, comme des miettes ou des graines
Sont-elles réellement dangereuses ?
Comme leurs homologues restés au sol, les fourmis volantes peuvent piquer ou mordre si elles se sentent menacées, mais cela dépend surtout de leur espèce. En France, la majorité des fourmis ne présentent pas de danger majeur, contrairement à celles que l’on retrouve dans des régions comme l’Afrique ou l’Amérique du Sud, où certaines espèces comme la fourmi de feu (Solenopsis invicta) peuvent provoquer de graves piqûres. Sur notre territoire, la fourmi rouge (Myrmica rubra) est une espèce à surveiller : elle possède un dard capable d’injecter du venin, pouvant provoquer des réactions locales ou, dans certains cas, des allergies en cas de piqûres répétées.
Quelles méthodes adopter pour lutter contre les fourmis volantes ?
Si vous constatez une invasion importante de fourmis ailées dans votre intérieur ou dans votre environnement proche, pas d’inquiétude. Même si ces insectes ne sont pas directement nuisibles pour la santé, leur présence peut devenir gênante. Il est donc important de mettre en place des actions ciblées pour limiter leur expansion. Voici quelques conseils pour réduire leur nuisance :
- Reboucher et sécuriser toutes les fissures ou ouvertures susceptibles de servir d’accès à ces insectes
- Maintenir portes et fenêtres bien fermées, en installant, si possible, des moustiquaires durant la saison estivale, pour empêcher leur entrée
- Supprimer toute source d’humidité ou de fuite d’eau, et remplacer le bois pourri par du bois sain, afin d’éviter que ces zones deviennent des sites de prolifération, notamment dans le jardin
- Nettoyer régulièrement les surfaces après les repas, en éliminant miettes et résidus alimentaires
- Conserver les aliments secs dans des contenants hermétiques
- S’assurer que les poubelles, surtout celles qui contiennent de la nourriture, soient efficacement fermées
Pour repousser naturellement ces insectes, diverses solutions existent comme vaporiser du vinaigre blanc sur les ouvertures ou utiliser des huiles essentielles de géranium ou de menthe poivrée. Brûler de l’encens peut aussi produire une odeur désagréable pour eux et les faire fuir. Dans tous les cas, il est conseillé de placer ces remèdes dans des zones stratégiques, à proximité des points d’entrée potentiels.
En cas de problème intense ou hors de contrôle, il est souvent préférable de faire appel à une société spécialisée dans la lutte antiparasitaire. Ces experts sont capables d’identifier précisément la localisation de la fourmilière, d’éliminer les insectes présents et de mettre en place des mesures préventives adaptées pour éviter une réapparition.