Epeire fasciée : l’araignée aux rayures noires et jaunes

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L’épeire fasciée, facilement identifiée à ses rayures distinctives en noir et jaune, se distingue par son apparence remarquable. Elle reste à l’affût dans sa toile, prête à capturer une proie qui s’y prendrait au piège, souvent un insecte ressemblant à une guêpe. Cet insecte représente une victime fréquente pour cette araignée, qui utilise sa toile comme une embuscade discrète.

L’épeire fasciée, une silhouette rappelant un frelon sans ailes

Présente principalement dans les régions méridionales de l’Europe ainsi qu’en Afrique du Nord, cette araignée appartient à la famille des Aranéides. Très connue sous différents noms comme argiope rayée ou argiope frelon, elle doit son nom à sa robe rayée évoquant la coloration d’un gros frelon. Dépourvue d’ailes et d’antennes, elle arbore huit membres. À son bout, ses pédipalpes jouent un rôle crucial dans la capture et la manipulation de ses proies, tandis que ses crochets, appelés chélicères, injectent un venin qui paralyse ses victimes. La plupart du temps, cette araignée possède une vision limitée, voire quasi inexistante, mais compense avec un sens du toucher et du goût très développé.

Un dimorphisme sexuel marqué chez cette espèce

La silhouette de l’épeire fasciée se compose de deux parties distinctes : un céphalothorax velouté, exhibant une teinte gris argenté, et un abdomen arrondi orné de rayures jaune et noir, dont l’intensité varie selon l’individu. Sa coloration en bandes noire et jaune lui confère un excellent camouflage face aux prédateurs, tels que certains oiseaux ou lézards. La différence de taille entre sexes est notable, la femelle dépassant souvent 10 à 22 mm, tandis que le mâle est généralement entre 4 et 8 mm. Cette différence est accentuée par d’autres caractéristiques chez le mâle, comme un abdomen allongé, des couleurs plus ternes, et des premières paires de pattes fines et longues.

Un habitat privilégiant les espaces ouverts

Originaire de la zone méditerranéenne, cette araignée étend sa présence de l’Afrique du Nord jusqu’au continent européen, allant de la Scandinavie jusqu’à l’Espagne, en passant par l’Europe centrale. Elle privilégie les milieux ensoleillés et secs, tels que les hautes herbes ou les zones ouvertes, mais peut aussi investir des habitats humides comme les bords de mares. La présence humaine ne la dérange pas, elle s’installe dans des endroits variés comme les fossés, les chemins, les parcs ou les jardins. Sa période d’observation s’étale surtout de juillet à octobre.

La toile circulaire de l’épeire fasciée

Qualifiée d’orbicule, ce qui signifie « toile en cercle » en latin, l’épeire fabrique une structure parfaitement ronde, qu’elle tisse dans la végétation basse à proximité du sol. Elle opère principalement lors de l’aube ou du crépuscule, exploite une soie très fine émanant de filières situées à l’extrémité de son abdomen pour édifier sa toile. Sa confection dure environ une heure, durant laquelle elle crée un motif en zigzag appelé « stabilimentum », qui contribue à stabiliser sa toile. La position typique de l’araignée, au centre de sa toile, les pattes écartées en croix, lui vaut le surnom anglais de « cross-spider ».

De grosses proies pour l’araignée-frelon

En raison de sa taille, cette araignée peut capturer de grands insectes comme criquets, sauterelles, abeilles, guêpes, frelons, libellules ou encore papillons. Lorsqu’un de ces insectes devient piégé dans sa toile, elle s’en empare en utilisant son venin paralysant, injecté par ses crochets. Elle enroule rapidement la victime de soie, parfois en endommageant une partie de sa toile, qu’elle réparera après le repas. La digestion s’effectue par liquéfaction : ses sucs digestifs décomposent la chair pour permettre à l’araignée d’absorber les nutriments. Si la proie est minuscule, elle sera généralement tuée et consommée immédiatement, sans être enveloppée de soie ; dans certains cas, la victime est conservée comme réserve alimentaire.

Le cannibalisme en période de reproduction

La période d’accouplement intervient principalement après mars, lorsque les températures se réchauffent. Le mâle, bien plus petit que la femelle, doit faire preuve de prudence durant sa démarche nuptiale. Il entoure la femelle de fil de soie lors de l’approche puis tente d’insérer ses organes copulatoires dans l’épigyne. Après la fécondation, il abandonne son appareil copulateur pour diminuer les risques d’être tué par sa partenaire. En cas de capture par la femelle, il est souvent dévoré, ce qui est une stratégie relativement courante dans le monde arachnide.

Les jeunes, protégés dans un cocon chaud

La femelle stocke le sperme reçu avant de pondre. Une fois prête, elle dépose une centaine à plusieurs centaines d’œufs dans un cocon de soie brune, constitué de plusieurs couches afin d’assurer isolation et imperméabilité. Les œufs éclosent rapidement, mais les larves passent l’hiver à l’abri du froid à l’intérieur du cocon, n’émergent qu’au printemps. Une fois sorties, elles effectuent leur première mue puis prennent de la hauteur sur une brindille pour lancer un fil qui les emporte dans l’air, symbolisant leur indépendance et transition vers la vie adulte.

La vie courte de l’épeire fasciée

La survie de cette espèce est contrariée par la diminution de ses sources de nourriture, principalement à cause des pesticides et de la fauche régulière des végétations. Elle subit également la prédation du Tromatobia ornata, un insecte parasite qui pond ses œufs dans ses cocons, permettant à ses larves de se nourrir des œufs d’araignée. Malgré tout, cette araignée est inoffensive pour les humains et ne représente aucun danger dans un jardin. Sa durée de vie ne dépasse généralement pas un an, après quoi elle disparaît avant que le froid ne s’installe.