Au premier abord, le scarabée sacré et le scarabée bousier présentent une ressemblance frappante. Ces deux coléoptères partagent notamment la capacité de fabriquer des sphères à partir d’excréments, une caractéristique liée à leur morphologie adaptée à cette opération. Cependant, une observation attentive révèle plusieurs différences, que ce soit dans leurs aspects physiques et comportementaux, leur distribution à travers le globe, leur habitat ou encore leur symbolisme. Passons en revue les distinctions majeures et subtilement perceptibles entre ces deux espèces.
Ce qu’ont en commun le scarabée sacré et le bousier
Avant d’aborder leurs particularités, concentrons-nous sur leurs principaux traits communs :
- Classement. Les deux insectes, le scarabée sacré (Scarabaeus sacer) et le bousier (Scarabaeus laticollis), appartiennent à l’ordre des coléoptères et à la famille des scarabéidés (Scarabaeidae). La dénomination de « bousier sacré » pour le premier peut parfois entraîner une confusion avec le second, également désigné comme bousier.
- Comportement. Ces scarabées ont en commun une routine consistant à récolter des excréments de bétail, à former une boule avec, puis à la dissimuler pour leur alimentation.
- Apparence physique. Leur silhouette ovale et robuste, leur couleur noire, et la structure de leur thorax plus large que leur abdomen sont des traits physiques distinctifs. Leurs têtes sont surmontées d’un plateau semi-circulaire doté de dents, leur permettant de couper la matière fécale. Elles utilisent leurs pattes avant, équipées de dents, pour façonner et manipuler les excréments, tandis que leurs pattes arrière, pourvues de pointes, servent à l’ancrage pendant leurs déplacements.
La symbolique et l’appellation de bousiers
La désignation de « bousier » désigne principalement des scarabées coprophages, c’est-à-dire qui se nourrissent d’excréments. On distingue trois principales catégories :
- Piluliers ou rouleurs. Originaires des sous-genres Scarabaeus et Ateuchetus, ces scarabées façonnent des pelotes sphériques de bouse qu’ils roulent en poussant avec leurs pattes arrière pour ensuite les enfouir dans leur terrier. Leur morphologie est adaptée pour attraper et transporter efficacement ces sphères, généralement spécifiques à une espèce d’animal consommateur de déjections (comme les bovins ou les ovins). Lorsqu’ils déplacent leur boule, ils la poussent avec leurs pattes arrière.
- Fouisseurs ou tunneliers. Leur mode de vie consiste à creuser dans un tas d’excréments, formant un réseau de galeries où ils enfouissent leur nourriture. Ils n’ont pas besoin de déplacer ou de façonner la matière, mais enterrent plutôt la déjection sur place, y nourrissant leur progéniture.
- Résidents ou endocoprides. Ces scarabées vivent et se reproduisent intégralement dans les excréments, qui leur servent de habitat, de nourriture et de lieu pour leur développement larvaire. Ils demeurent entièrement dans la matière pour la ponte, la croissance des larves, et leur alimentation.
Distinctions essentielles entre le scarabée sacré et le bousier
Bien que faisant partie de la famille des scarabéidés, le scarabée sacré (Scarabaeus sacer) et le bousier (Scarabaeus laticollis) montrent de nombreuses similitudes, leur différences se remarquent à plusieurs niveaux. Voici quelques exemples though :
différences physiques
A première vue, ils semblent identiques, mais en observant de plus près, diverses particularités liées à leurs sous-genres respectifs apparaissent :
- Le scarabée sacré. Sa taille varie entre 2,5 et 3,7 cm, ce qui en fait la plus grande des deux. Son corps présente plusieurs caractéristiques distinctives, telles que : un tarse séparé de l’éperon, un tibia postérieur aplati comme une palette, de petits ongles sur les tarses, un pronotum séparé par un sillon d’une carène crénelée, la présence de deux tubercules à la suture frontale, des dents clypéales arrondies, et une carène tibiale intérieure en forme d’éperon.
- Le bousier. Avec environ 2,1 cm, il se reconnaît notamment à ses élytres striés dans le sens longitudinal, et à ses ponctuations sur le pronotum. Ses tibias postérieurs présentent une extrémité tronquée obliquement, ses ongles de tarses sont nettement plus grands, et ses fémurs postérieurs ne sont pas échancrés. Ses élytres arborent des points fins, et leurs interstries présentent une courbure prononcée.
différences comportementales
Les deux espèces, en tant que coprophages télécoprides, transportent dans leur terrier des excréments pour leur consommation. Toutefois, elles diffèrent dans certains comportements et préférences :
- Dimensions et formes des boules. Celles du scarabée sacré sont généralement plus grandes, pouvant atteindre 5 cm de diamètre, avec une forme plus sphérique. De plus, leur composition est essentiellement de bouse pure, tandis que celles du bousier incluent souvent du sol ou des débris végétaux.
- Sources d’alimentation. Le bousier privilégie principalement les crottins de brebis et les bouses de vache, mais il peut aussi exploiter ceux des chevaux, des animaux domestiques ou même humains, grâce à sa capacité à détecter les gaz émis par ces déjections. Le scarabée sacré quant à lui favorise surtout les excréments bovins et ovins.
- Modalités de transport. Le scarabée sacré pousse sa boule avec ses pattes arrière, tandis que le bousier la déplace en la poussant avec ses pattes avant.
différences d’habitat
- Répartition géographique. Le bousier a une présence mondiale, étant particulièrement adaptable et commun en Europe, notamment en France, dans les zones ouvertes ou semi-ouvertes telles que les champs, les prairies ou les espaces bétés par le bétail. Il ne dépasse généralement pas 500 m d’altitude, pouvant monter jusqu’à 1900 m sur des versants ensoleillés.
- Le scarabée sacré. Confiné à des régions méditerranéennes, en Afrique, en Asie Mineure et en certains endroits d’Amérique du Sud, cette espèce est rare en France, principalement en Corse. Son environnement est limité à des zones arides ou semi-arides, sous 50 m d’altitude, où il évolue dans des biotopes exposés, comme les savanes, les prairies, les zones côtières ou les déserts.
différences symboliques
La particularité historique réside dans le fait que seul le Scarabaeus sacer était considéré comme un animal sacré dans l’Égypte ancienne. Cet insecte incarnait la divinité Khépri, souvent représentée avec une tête de scarabée. La manière dont il poussait ses boules évoquait symboliquement le mouvement du soleil par le dieu, incarnant la renaissance, la transformation et la protection divine.