Les insectes chargés de la pollinisation sont essentiels à notre existence. En étant au cœur de notre agriculture, leur disparition pourrait mettre en danger notre survie. Il est donc crucial de mettre en place des mesures pour les préserver. Mais qui sont-ils précisément et quels sont les moyens de les protéger ? Voici quelques recommandations pour agir.
Qui sont ces insectes pollinisateurs ?
L’équilibre fragile de notre environnement dépend d’un juste équilibre entre ses différents composants. Lorsqu’un maillon faillit ou disparaît, c’est tout le système qui peut vaciller. C’est une réalité que nous observons aujourd’hui avec les insectes intervenant dans la pollinisation. Leur rôle est vital pour la croissance et la reproduction de nombreuses espèces végétales. Quatre principales familles interviennent en France pour assurer cette fonction essentielle.
1 – Les lépidoptères
Cette famille regroupe les insectes que l’on désigne couramment sous le nom de papillons. Ces créatures existent depuis l’époque des dinosaures, illustrant leur ancienneté et leur importance. Au stade de chenille, puis de chrysalide, elles se transforment en papillons dotés de silhouettes souvent majestueuses. Partout dans le monde, environ 5 000 espèces vivent en France, dont une majorité de papillons nocturnes, représentant 95 % de cette diversité.
Avec leurs couleurs variées et formes diverses, ces insectes visitent les fleurs pour y prendre du nectar. Lors de cette collecte, du pollen vient s’accrocher à leurs poils, ce qui fait d’eux d’excellents agents de pollinisation. Certaines espèces sont particulièrement sélectives, ne visitant qu’une seule variété de plante. La diminution récente de leurs populations est alarmante : l’agriculture intensifiée, l’usage de produits chimiques toxiques, la pollution lumineuse, et même le risque routier contribuent à leur déclin.
2 – Les diptères
Parmi eux, on trouve des mouches, des moustiques, mais aussi des syrphes, moucherons et taons. Ces insectes sont caractérisés par une paire d’ailes et deux petites structures appelées balanciers, qui leur permettent de stabiliser leur vol. En France, une dizaine de milliers d’espèces sont recensées.
Beaucoup de diptères ont un mimétisme qui leur permet d’évoquer les guêpes ou les abeilles, notamment par leur coloration noire et jaune, afin de se défendre contre les prédateurs. Les syrphes, par exemple, sont d’excellents pollinisateurs ; leur vol stationnaire et leur aspect évoquant des guêpes ne doivent pas induire en erreur, car ils jouent un rôle clé dans la pollinisation. Leurs larves, de leur côté, se nourrissent souvent de pucerons. Certaines espèces de mouches participent aussi à la pollinisation, surtout dans les régions froides ou en altitude, où d’autres insectes sont moins actifs. La majorité des fleurs de nos jardins bénéficient de leur activité.
3 – Les coléoptères
La particularité de ces insectes réside dans leurs élytres, qui agissent comme une carapace protégeant leurs ailes. Avec un total de près de 387 000 espèces décrites et potentiellement 1,5 million à l’état sauvage, cette famille est la plus vaste parmi les insectes. On y trouve notamment les coccinelles, scarabées, lucanes, carabes ou encore hannetons.
Leur apparence colorée et leur taille variée en font des insectes remarquables. Omnivores, ils se nourrissent d’escargots, pucerons, plantes, et matières organiques en décomposition. Certains jouent un rôle bénéfique dans le jardin en contrôlant certains parasites, tandis que d’autres peuvent devenir nuisibles. En ce qui concerne la pollinisation, ce sont principalement ceux qui se déplacent de fleur en fleur pour chercher du pollen ou du nectar, contribuant ainsi à la reproduction végétale. Leurs larves participent aussi à la dégradation des matières organiques.
4 – Les hyménoptères
Cette catégorie comprend les abeilles, guêpes, fourmis et frelons. Avec environ 130 000 espèces connues, le nombre total pourrait atteindre entre un et cinq millions, restant en partie encore à découvrir. Certains, comme les abeilles, se nourrissent de nectar et de pollen, tout en étant de puissants pollinisateurs. D’autres, comme les guêpes, ont un régime principalement à base d’insectes ou de matières végétales.
La majorité de ces insectes est active lors de la floraison, où elles butinent pour recueillir le nectar et le pollen, qu’elles utilisent pour nourrir leurs larves. Parmi eux, l’abeille domestique (Apis mellifera) est particulièrement célèbre pour sa capacité à produire du miel. Les bourdons, quant à eux, interviennent en début de saison, souvent plus tôt que les abeilles, et peuvent voler même par temps couvert, ce qui leur confère un avantage dans la pollinisation. Il est important de noter que toutes les espèces de ces insectes ne jouent pas nécessairement un rôle de pollinisateur.
Quelles sont les causes de la raréfaction des insectes pollinisateurs ?
La baisse de leurs populations est désormais largement confirmée par de nombreuses études scientifiques crédibles. Divers facteurs en sont responsables : l’urbanisation et la réduction des espaces naturels, notamment les prairies et la flore sauvage, ont un impact direct. L’usage massif de pesticides et autres produits chimiques dans l’agriculture intensive est également un obstacle majeur. Par ailleurs, l’introduction de nouvelles espèces exotiques, parfois envahissantes ou prédatrices, complique leur survie. Les maladies spécifiques, qui peuvent décimer d’importantes colonies, participent aussi à cette crise. Toutes ces données ont conduit le gouvernement à élaborer un plan national 2021-2026 destiné à préserver ces insectes cruciaux, en sécurisant leur habitat et leur cycle vital.
Protéger la biodiversité et les pollinisateurs : un enjeu collectif
Il est dans l’intérêt de chacun de contribuer à la sauvegarde des insectes pollinisateurs. Leur rôle dans notre alimentation est vital : ils permettent la production de fruits, légumes, produits apicoles, et diverses plantes comestibles qui seraient menacés si ces populations disparaissaient. Pour agir à notre niveau, plusieurs gestes simples peuvent faire la différence.
Créer des zones naturelles dans nos jardins
Si vous aimez avoir un jardin parfaitement entretenu, pensez à réserver un petit coin dédié à la végétation spontanée. En y semant des graines ciblant les pollinisateurs, vous pourrez attirer ces insectes bénéfiques. Vous pouvez également installer un refuge à insectes pour leur offrir un abri sûr, favorisant ainsi leur reproduction et leur présence régulière dans votre espace.
Favoriser la création d’habitats naturels
Les tas de bois ou de pierres laissés à l’abandon dans votre jardin constituent des refuges essentiels pour de nombreux insectes, notamment pour les abeilles sauvages qui vivent souvent dans le sol. Leur environnement préféré inclut le sable et la terre meuble. En préservant ces zones, vous participez à la protection de leur cycle de vie.
Planter une variété de fleurs
En intégrant différentes espèces florales dans votre jardin, vous offrez une ressource alimentaire riche et variée. Plus le choix et la quantité de fleurs sont importants, plus les pollinisateurs trouvent un lieu d’alimentation adapté et un habitat accueillant, favorisant leur installation et leur activité.
Garantir une source d’eau accessible
Comme tous les êtres vivants, les pollinisateurs ont besoin d’eau. En installant un petit point d’eau dans votre jardin — fontaine, bassin ou mare — vous leur fournissez un endroit pour s’hydrater. Ces zones humides attirent aussi d’autres animaux, comme les oiseaux, et contribuent à la biodiversité locale.
Attention à la compétition entre espèces
Certains propriétaires ont lancé des ruches pour soutenir la population d’abeilles, en particulier celles domestiques comme Apis mellifera. Si cette initiative est positive, elle peut aussi entraîner une concurrence accrue avec les abeilles sauvages. En effet, la croissance exponentielle des colonies d’abeilles domestiques peut envahir les fleurs sauvages, qui sont alors peu à peu dominées par les abeilles domestiques, réduisant la diversité et les habitats naturels des espèces indigènes. Face à cette tendance, il est crucial d’adopter une gestion raisonnée des ruches afin de préserver équilibres et habitats naturels pour toutes les abeilles, qu’elles soient domestiques ou sauvages.