Prêtant son nom à une technique artisanale, l’abeille charpentière est reconnue pour ses habitudes de creusage dans le bois, qu’elle utilise pour construire ses galeries et ses loges nécéssaires à la ponte. Bien qu’elle ressemble à un bourdon de gros gabarit et inoffensif, elle joue un rôle crucial en tant que pollinisatrice. Voici sa présentation.
L’abeille charpentière, un insecte à quatre ailes
Appelée aussi xylocope violet ou bourdon noir, cette abeille appartient au groupe des hyménoptères, un ordre caractérisé par la présence de quatre ailes, contrairement aux mouches qui n’en ont que deux. Comme les abeilles domestiques ou les bourdons, elle appartient à la famille des apidés, regroupant diverses abeilles volantes.
L’abeille charpentière au plumage violet
Cette abeille robuste et de grande taille présente un corps noir et trapu, avec quatre ailes transparentes à reflets violacés. Sa surface est recouverte d’un fin duvet gris sombre. Si les mâles et femelles se ressemblent, le mâle se démarque par un anneau brun-jaune à la base de ses antennes coudées. Son long dehors de mandibules lui permet de perforer les structures ligneuses pour creuser son nid, tout en récoltant pollen et nectar à partir des fleurs. Avec sa carrure imposante— pouvant atteindre 3 cm de longueur et une envergure de 5,5 cm — elle est la plus grande des abeilles sauvages. Son vol sonore est similaire à un bourdonnement marquant sa présence.
L’abeille charpentière, voleuse de nectar
Ce pollinisateur se nourrit principalement de nectar et de pollen provenant d’un large éventail de plantes, notamment les légumineuses et les labiées. Elle préfère des fleurs comme les jonquilles, pensées, fleurs de poirier, lavandes, sauges, glycines ou gesses. Sa corpulence et une langue relativement courte compliquent sa capacité à atteindre le nectar au fond des corolles. Pour s’adapter, elle mord la base de la fleur avec ses mandibules pour atteindre la nourriture, gagnant le surnom de voleuse de nectar. Lors de ses visites, elle se couvre souvent de pollen, notamment sur la tête et le dos, qui se dépose sur elle lorsque ses mouvements font plier les fleurs. Elle stocke ses réserves dans des tunnels abandonnés en vue de l’hiver.
Le soleil, un facteur clé pour l’abeille charpentière
Originaire de la région méditerranéenne, cet insecte a rapidement colonisé d’autres parties de l’Europe. On le croise généralement à la fin du printemps jusqu’au milieu de l’automne dans des milieux ouverts tels que jardins, champs ou prairies. C’est dans ces environnements chauds, lumineux et fleuris qu’il trouve ses ressources alimentaires en abondance.
L’abeille charpentière, une créature solitaire
Malgré sa parenté avec les bourdons et autres abeilles domestiques, le xylocope mène une vie indépendante. Il ne forme pas de colonies, n’a pas de reine ni de production de miel, et adopte une posture solitaire. N’étant pas en compétition pour défendre un nid, il ne représente pas une menace pour l’homme puisque son dard, s’il en a un, est rarement utilisé. La rencontre entre mâles et femelles se limite à la période de reproduction au printemps.
La ponte et l’aménagement des loges
Pour fuir l’humidité et protéger sa progéniture, l’abeille creuse dans du bois tendre ou déjà endommagé, qu’il s’agisse de troncs, branches, poteaux, ou éléments en bambou ou roseau. Elle creuse une ouverture principale à partir de laquelle elle crée plusieurs tunnels interconnectés, divisés en petites chambres ou loges grâce à des parois de sciure comprimée. Chacune de ces loges sert à accueillir un œuf, qu’elle dépose en moyenne une dizaine par nid. Elle prépare aussi un assemblage de pollen et de salive, qui servira de nourriture aux larves.
Cycle de vie de l’abeille charpentière
Après la ponte, le développement de l’abeille comprend trois phases principales :
- Les larves, de coloration blanche, atteignent entre 2 et 3 cm, se développant dans les loges.
- La métamorphose en chrysalide, qui se déroule sans cocon, dure près de deux mois et précède l’émergence de l’imago.
- L’individu adulte apparaît généralement en fin d’été, sort de son nid pour s’envoler à la recherche de ressources.
Abeille charpentière, une pollinisatrice efficace
Inoffensive pour l’humain, car elle évite le contact direct, cette abeille peut néanmoins causer des nuisances en creusant dans les charpentes ou autres structures en bois. En contrepartie, sa contribution à la pollinisation est essentielle pour la santé des vergers, jardins ou prairies, puisqu’elle participe activement à la reproduction des plantes. Pour favoriser leur venue, il est conseillé de disperser dans votre jardin plusieurs espèces de plantes fleuries au début du printemps, période où ces insectes sortent de l’hivernation. La mise à disposition de vieux morceaux de bois non traités, placés en hauteur et à la lumière, peut également encourager la nidification de ces abeilles, tout en protégeant votre habitation. »