Si votre phobie des araignées vous fait craindre la rencontre avec un crustacé marin, la simple évocation du Macrocheira kaempferi peut provoquer une réaction de surprise, voire d’angoisse. Cet arthropode exceptionnel, avec ses longues pattes pouvant s’étendre sur plus de 3,50 mètres, est rarement visible à des profondeurs proches de la surface. En saison de reproduction, il évolue généralement entre 50 et 800 mètres sous la mer, ce qui limite les risques de confrontation pour les observateurs. Mais quelles sont les caractéristiques qui distinguent cet exemplaire géant, où le trouve-t-on, et comment se développe-t-il au cours de sa vie ? Explorons ensemble les particularités du crabe-araignée du Japon et ses cousins impressionnants.
Ce qui différencie Macrocheira kaempferi de ses proches crabes
- Une tête et un thorax protégés par un exosquelette spongieux, hérissé de pointes et de tubercules ;
- Des pattes fines, terminées par des griffes acérées ;
- Des pinces puissantes présentes sur ses chélipèdes ;
- Une coloration rouge ou orangée, ponctuée de taches blanches ;
- Une vie strictement marine, exclusive à l’océan.
Ce crustacé nous fascine aussi par sa silhouette élancée et ses appendices allongés, qui lui donnent une allure de véritable “crabe-araignée”.
Habitat et mode de vie du crabe-araignée géant japonais
Répartition géographique du Macrocheira kaempferi
Alimentation et comportement alimentaire
Cycle de reproduction
Ce crustacé devient sexuellement mature vers l’âge de dix ans, après une croissance lente. La reproduction a lieu au printemps, dans les zones profondes, où mâles et femelles se retrouvent. Lors de l’accouplement, le mâle porte la femelle, et le processus peut durer plusieurs heures. La femelle, elle, porte plusieurs centaines de milliers d’œufs, pouvant aller jusqu’à un million, jusqu’à leur éclosion. La jeune génération naît sous forme de zoé, de petite taille et translucide, se nourrissant de plancton avant de subir plusieurs mues et de devenir des mégalope. La croissance de cet arthropode exige plusieurs années de développement et de mues successives.
Est-il possible de voir cet arthropode en captivité ?
En raison de sa taille remarquable, seul un grand aquarium public peut accueillir cet animal exceptionnel. Sa nature calme, combinée à ses faibles exigences en nourriture et à sa relative docilité, facilite sa prise en charge. Toutefois, il est rare d’observer des spécimens adultes dans ces établissements. Il n’est pas agressif envers l’humain et supporte bien la vie en captivité tant que ses besoins en nourriture sont satisfaits.
Le saviez-vous ?
Pour échapper à la vue de ses prédateurs, certains crabes-araignées adoptent une stratégie de crypsis, en recouvrant leurs exosquelettes de débris marins ou de végétation, ce qui leur permet de rester discrets dans leur environnement.
Et si ce crabe était victime de sa chair tendre et de sa carapace vulnérable ?
Les crabes dont la largeur des pattes ne dépasse pas 1,50 mètre sont très appréciés pour leur chair en Asie, notamment au Japon. La population de cet espèce géante a connu une diminution notable, principalement parce que la pêche cible surtout les jeunes, plus facilement capturables, alors que les adultes, dont la chair est moins recherchée, sont moins exposés. Conscient de ces enjeux, le gouvernement a instauré des restrictions durant la saison reproductrice pour préserver la population. Outre la pêche, cet arthropode suscite aussi l’intérêt des scientifiques : sa chitine, composant principal de sa carapace, est utilisée pour fabriquer divers produits, du papier à la médecine, en passant par la cosmétique ou la chirurgie.
- Pâte à papier ;
- Produits cosmétiques ;
- Fils de suture pour la chirurgie ;
- Peau artificielle.
Mais cette exploitation pourrait-elle mettre en danger l’existence de cette espèce unique ?
Trois autres crabes d’envergure à connaître
D’autres crustacés géants peuplent également les océans, comme le crabe des cocotiers, le crabe géant de Tasmanie ou encore le crabe royal du Kamtchatka. Leur taille et leur poids portent aussi leur nom, et leur mode de vie est tout aussi impressionnant.
Crabe des cocotiers, un phénomène qui ne nage plus
Birgus latro, avec ses 40 cm pour environ 4 kg, est connu pour sa taille impressionnante mais aussi pour son incapacité à nager une fois adulte, malgré un rudiment de branchies. Il respire à l’aide d’un poumon branchiostégal. Son habitat favori est la plage, où il creuse des terriers, grimpe aux palmiers pour se nourrir de fruits et de graines, ou de matières organiques qu’il dérobe aux autres créatures. Appelé aussi “crabe voleur”, il possède un odorat puissant grâce à ses antennes, qui lui permet de localiser sa nourriture dans la nuit.
Le saviez-vous ?
Ce crustacé est doté d’un odorat très développé. Il utilise ses antennes pour détecter où se trouve sa nourriture, ce qui lui permet de chasser efficacement dans l’obscurité.
Le crabe géant de Tasmanie, un défenseur de l’océan austral
Avec une envergure de 1,5 mètre pour un poids pouvant aller jusqu’à 13 kg, Pseudocarcinus gigas est considéré comme le plus grand crabe vivant en Australie. Sa couleur rougeâtre et ses pinces asymétriques, dont une surdimensionnée chez le mâle, lui donnent une silhouette de colosse. Il évolue principalement dans les eaux profondes de la région sud du continent, en se nourrissant d’étoiles de mer, gastéropodes et autres crustacés. Sa croissance est très lente, et la femelle peut pondre ses œufs sur plusieurs années, stockant le sperme dans sa spermathèque.
Le saviez-vous ?
On prête parfois cette espèce à des comportements cannibales dans certaines situations.
Crabe royal du Kamtchatka, un survivant des eaux glaciales
Paralithodes camtschaticus prospère dans les eaux froides et peu profondes de la Béring, de la mer de Barents et de l’Alaska. Sa taille peut atteindre 2 mètres d’envergure, et il peut peser jusqu’à 12 kg. Très vorace, il se nourrit de poissons et de crustacés, et a été introduit dans la mer de Barents, où il peut déstabiliser l’écosystème local. Sa migration saisonnière le mène vers des eaux moins profondes, consécutivement à sa reproduction. Son absence de prédateurs naturels dans certaines zones favorise sa prolifération, qui menace l’équilibre écologique local.
Bien que leur taille diffère, ces crabes extraordinaires possèdent tous des traits fascinants, illustrant la diversité et l’étonnante capacité d’adaptation des crustacés géants dans nos océans.
Crédit photo : Tsarli