Les plus mystérieux des animaux ne sont pas toujours ceux qui attirent immédiatement le plus d’attention. Parmi eux, le bernard-l’hermite terrestre se distingue par sa discrétion, tout en ayant développé une incroyable capacité à s’adapter à son environnement. Sonner l’intérêt pour ces petites créatures permet de mieux les connaître et de leur rendre justice dans le monde animalier.
La constitution souple du bernard-l’hermite terrestre
Appartenant à la famille des Coenobitidae, les bernard-l’hermite terrestres forment un groupe à part entière. Le nom évoque en grec « vivre en communauté », soulignant leur mode de vie social. Ce sont des crustacés arthropodes pour lesquels la biologie et la façon dont ils vivent sont particulièrement fascinantes, surtout lorsqu’on les compare à leurs homologues marins. Contrairement à ceux qui évoluent en mer, leur silhouette est caractérisée par cinq paires de pattes, la première équipée de deux pinces pour manipuler ou se défendre. Leur différence majeure réside dans leur abdomen mou, non couvert d’une carapace, qui joue un rôle essentiel dans leur métabolisme, la digestion, et la reproduction. La teinte de leur corps peut varier, allant du gris, rouge, rose, blanc, jaune, noir, jusqu’au bleu selon leur origine et leur état de santé.
La fameuse coquille protectrice du bernard-l’hermite terrestre
En raison de la fragilité de leur abdomen, ces crustacés ont adopté une stratégie de protection essentielle : ils cherchent des abris durables dans des coquilles de gastéropodes, voire parfois dans des éponges ou des morceaux de bambou, en fonction de leur environnement. La coquille n’est pas un achat définitif. En effet, au fil de leur croissance, ils doivent changer de coquille pour accueillir leur corps qui s’épaissit. On observe souvent une « chaîne de vacances », un phénomène où plusieurs bernard-l’hermite se rassemblent autour d’un espace vide, adapté à leur gabarit. Lorsqu’un d’entre eux a fini de croître, il va s’installer dans la coquille du plus grand, laissant la précédente vacante pour un plus petit. La coquille sert également à maintenir leur corps humide, une nécessité pour leur survie en dehors de l’eau. Leur vie marine lointaine leur laisse des branchies adaptées à la respiration terrestre, situées entre la quatrième et la cinquième paire de pattes, fortement vascularisées pour favoriser les échanges gazeux. Vivent souvent près des zones humides, comme les mangroves, les dunes, ou les forêts côtières, où ils peuvent facilement accéder à de l’eau pour leur bain ou leur humidification. La coquille agit aussi comme une barrière contre la déshydratation, indispensable à leur mode de vie terrestre.
Les habitats des bernard-l’hermite terrestres
Malgré leur nom, ces crustacés ont besoin d’un environnement humide, essentiel pour hydrater leurs branchies modifiées. Ils privilégient des climats chauds et se localisent principalement dans des régions tropicales ou subtropicales. On peut recenser plusieurs espèces importantes, telles que :
- Le Coenobita rugosus, généralement considéré comme le plus fréquent, que l’on repère dans l’Océan Indien, le Pacifique, en Asie du Sud-Est, en Australie, ou encore dans les îles de l’océan Pacifique et l’océan Indien ;
- Le Coenobita clypeatus, connu aussi sous le nom de bernard-l’hermite des Caraïbes ;
- Le Coenobita perlatus, qu’on observe dans les îles du sud du Pacifique, notamment autour de la barrière de corail en Australie ;
- Le Coenobita brevimanus, qui peuple les côtes de l’Afrique de l’Est, de la Tanzanie à Zanzibar, ainsi que le long des zones du Pacifique ;
- Le Coenobita variabilis, endémique du nord de l’Australie, où il se trouve dans le golfe d’Exmouth et au Queensland.
Par exemple, le Coenobita rugosus tire profit de l’humidité du sable saturé en eau pour sa croissance, laquelle tend à être plus importante comparée aux autres espèces, probablement parce qu’il évolue dans des forêts denses offrant une alimentation plus riche et un environnement plus sécurisant. Lors des saisons sèches, il reste près de la côte, tandis que le reste de l’année, il peut explorer jusqu’à 300 mètres à l’intérieur des terres, où il cherche des endroits humides pour se protéger du chaud, en s’enfouissant dans le sol durant la journée et sortant la nuit.
Les habitudes alimentaires de ces crustacés varient selon leur milieu, mais ils ont une alimentation principalement omnivore et détritivore. Ils consomment aussi bien des débris végétaux, feuilles mortes, fruits, algues que des insectes, petits invertébrés ou carcasses animales, en assurant la collecte de nutriments essentiels à leur survie.
La perception visuelle du bernard-l’hermite
Beaucoup s’attardent sur leur coquille protectrice, mais leurs yeux méritent aussi d’être remarqués. Composés de multiples facettes, chaque facette correspond à un œil simple, ce qui confère à leur vision une segmentation appelée parfois « vision mosaïque ». Cela leur donne une perception très précise du mouvement, ainsi qu’une capacité d’acuité visuelle remarquable. La forme de leurs yeux varie, allant du rond au tubulaire, et ils sont amenés à pivoter sur des pédoncules mobiles leur permettant de voir dans différentes directions.
Les antennes du bernard-l’hermite
Les antennes jouent un rôle crucial dans leur perception de l’environnement, aussi importantes que leurs yeux. Leur première paire, appelées anténules ou antennes médianes, sont utilisées pour explorer, goûter, et percevoir leur nourriture. Elles leur permettent aussi de détecter la présence d’eau douce ou salée, facilitant leur orientation et leur communication. En mouvement constant, elles sont équipées à leur base de petites vessies urinaires, produisant à peine quelques gouttes d’urine. La seconde paire d’antennes, plus longue et extérieure à leur coquille, assure des fonctions similaires et participe aussi à leur sensibilité.
Reproduction chez le bernard-l’hermite
La majorité des Coenobitae atteignent leur maturité sexuelle vers l’âge de deux ans, mais certains peuvent se reproduire plus tôt, surtout si les conditions environnementales deviennent moins favorables. La reproduction implique que le mâle transfert ses spermatozoïdes à la femelle, souvent en exposant une partie de leur corps hors de leur coquille. Si cette étape se produit en milieu terrestre, le début du développement des œufs débute sur place, mais les larves migrent rapidement vers la mer. Dans certains cas, où l’espèce est plus éloignée de l’eau, les femelles se rapprochent du littoral pour la reproduction. Le cycle de vie des larves est influencé par la lune et les marées, la saison de ponte s’étendant généralement de mai à octobre, période souvent associée aux saisons pluvieuses.
Crédit photo : Tendances et animaux