Depuis des siècles, l’humanité ne cesse d’explorer, d’observer, de tester et d’analyser son environnement pour en approfondir la compréhension. Sur la majorité de la planète, rien ne semble échapper à son regard, sauf peut-être les profondeurs abyssales des océans. Ces zones inexplorées, particulièrement leur partie la plus profonde, un territoire resté mystérieux et parfois considéré comme inexplicable, restent en grande partie hors de portée. Pourtant, dans ces environnements marins reculés, certains organismes peuplent ces espaces obscurs, parmi lesquels figure le Bathynome géant. Nous vous proposons de découvrir cet être fascinant en plongeant dans son univers.
Le bathynome géant : un crustacé marin remarquable
Le Bathynome géant, dont le nom scientifique est Bathynomus giganteus, appartient à la famille des crustacés, plus précisément au groupe des isopodes. La dénomination seule ne trahit pas immédiatement sa silhouette, étant donné la grande diversité que connaît cette famille. Les isopodes comptent près de 10 000 espèces, dont la plupart arborent des formes très variées, allant du minuscule au très imposant.
La taille de ces crustacés est aussi très disparate, allant parfois de quelques millimètres à plus de 50 centimètres. L’espèce qui nous intéresse ici est la plus grande, avec un spécimen pouvant atteindre une quarantaine de centimètres pour un poids de près d’un kilogramme. The size od bathynome géant is exceptional, though typically, specimens are around 35 cm long, avec un poids d’environ 1,4 kg.
Bien que la majorité des isopodes soit marine, certains vivent en eaux douces ou même sur la terre, comme les cloportes que l’on connaît bien. Ces derniers ont sept paires de pattes identiques, une caractéristique partagée avec le bathynome géant, tous deux étant des isopodes. Ils ont aussi un corps aplati, ce qui leur permet parfois de se déplacer rapidement malgré leur apparence trapue.
Les cousins proches du bathynome géant se trouvent principalement dans différentes régions tropicales ou subtropicales, comme Bathynomus maxeyorumBathynomus miyarei et Bathynomus obtusus près du Brésil, mais aussi à Madagascar, dans les Comores, en Nouvelle-Calédonie, ainsi qu’en Indonésie où une nouvelle espèce, Bathynomus raksasa, a été découverte en 2020.
Les origines de la découverte du bathynome géant
Ce crustacé est largement répandu dans le golfe du Mexique, et il est aussi rencontré en moindre quantité dans des zones comme le golfe du Bengale, la mer Rouge ou encore l’océan Indien. Cependant, sa vie se déroule à des profondeurs inaccessibles à l’humain sans équipement spécialisé, puisqu’il évolue entre -170 et -2300 mètres. La température y est généralement comprise entre 4 et 9 °C.
La première rencontre documentée avec cet animal remonte à une expédition scientifique britannique en décembre 1878, dans le golfe du Mexique, à proximité des Dry Tortugas. Lors de cette expédition, un spécimen de 26 cm de long et 9,5 cm de large fut capturé. Des prises similaires ont suivi, et ce n’est qu’en 1902 que des scientifiques ont réalisé une étude détaillée de sa morphologie.
La taille impressionnante et l’aspect particulier de ce crustacé avaient marqué les esprits, dans un contexte où l’on pensait que les profondeurs océaniques abritaient peu, voire aucune vie. Il s’est alors rapidement imposé comme une créature mystérieuse, segnant la curiosité et l’émerveillement du public dès sa découverte.
Une caractéristique remarquable est la résistance de la majorité des individus capturés à une décompression soudaine. En effet, ceux qui remettent accidentellement la tête à la surface, notamment en étant pris dans des filets, ont souvent survécu à cette transition, ce qui est rare chez les organismes vivant à de telles profondeurs. Cela témoigne d’une capacité exceptionnelle à supporter la décompression rapide.
Une description physique du bathynome géant
Conçu pour vivre dans des eaux jusqu’à 2 300 mètres de profondeur, le bathynome géant supporte une pression pouvant dépasser 200 kilogrammes par centimètre carré. Son apparence rappelle celle des cloportes, mais en version beaucoup plus imposante. Il arbore une coloration allant du brun au gris-violacé, avec une silhouette oblongue.
Son corps est structuré en 14 segments articulés, intégrant la tête et le segment caudal, le fameux telson, qui forment une carapace protectrice. Ses yeux noirs, triangulaires, bénéficient de cellules réfléchissantes leur permettant de percevoir dans l’obscurité totale. Il possède également une paire de maxillipèdes, qui s’articulent avec des mandibules situées sur le premier segment, facilitant la mastication. En outre, cinq paires d’ailes natatoires agissent principalement comme branchies, lui permettant de respirer dans son environnement profond.
Le rôle alimentaire du bathynome géant
Souvent décrit comme un charognard, cette caractérisation mérite d’être nuancée. Bien que certains observations prouveraient qu’il peut consommer des cadavres, notamment lorsqu’il se retrouve coincé dans des filets ou des cages contenant des poissons vivants, il ne se limite pas à ce rôle. En réalité, il s’alimente principalement de poissons, céphalopodes, crustacés comme les décapodes, ainsi que d’échinodermes, tels que les oursins, étoiles de mer et holothuries, sans oublier certains tuniciers.
Sa bouche, adaptée pour couper de gros morceaux, lui permet de dévorer rapidement ses proies, ce qui peut compliquer les efforts des chercheurs. Lors d’explorations sous-marines, des équipements équipés de caméras ont souvent été endommagés par ces animaux, suggérant qu’ils mangent tout ce qui leur est accessible, surtout si la proie est immobile ou vulnérable.
Une étude a montré qu’un spécimen maintenu en aquarium pouvait vivre jusqu’à cinq ans sans manger, ce qui indique une capacité à réguler son métabolisme dans un environnement privé de nourriture. On pense que ces crustacés adaptent leur respiration et leur dépense énergétique, notamment en ralentissant leur métabolisme, une stratégie similaire à l’hibernation ou à la torpeur d’autres animaux vivant dans des conditions extrêmes.