Tout savoir sur la cynophobie : la peur extrême des chiens

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La peur intense et incontrôlable que provoque une phobie peut considérablement perturber le quotidien. La cynophobie, par exemple, concerne une crainte irrationnelle envers les chiens. Ce trouble est souvent déclenché par la présence même de ces animaux, qui sont omniprésents dans notre environnement, que ce soit en ville ou à la campagne. Grâce à cet article, découvrez les causes, les symptômes et les solutions possibles face à cette phobie répandue.

Quels sont les manifestations de la cynophobie ?

Les personnes souffrant de cynophobie peuvent ressentir une peur même face à un petit chien comme un Yorkshire. Leur réaction ne se limite pas à la simple vue de l’animal : des bruits d’aboiements, la visualisation sur un écran ou encore une déjection canine peuvent également provoquer une réaction. Parfois, l’anticipation d’un contact avec un chien suffit à générer de l’anxiété, surtout en imaginant cette rencontre. La crainte principale étant la morsure, la réponse réactionnelle peut être très intense.

Les signes de cette peur peuvent atteindre un degré élevé, et leur intensité empêche souvent la personne de garder le contrôle. Les réactions varient selon les individus, mais peuvent inclure :

  • Une montée brusque de stress ;
  • Une accélération du rythme cardiaque ;
  • Une démangeaison intense ;
  • Des maux de tête ;
  • Une crise de panique accompagnée de tremblements, sueurs, sensation de chaud ou de froid, malaise, nausées ou douleurs abdominales.

Dans leur tentative d’éviter ces situations, certains adoptent des stratégies d’évitement rigoureuses : ils évitent les rues où il est probable de croiser un chien ou préfèrent rester chez eux pour réduire ce risque. À long terme, cela peut conduire à des troubles plus graves comme la dépression ou des formes de phobie sociale.

Hommes comme femmes, adultes comme enfants, peuvent développer cette peur à tout âge. Toutefois, la majorité des cas se déclarent entre l’âge de 5 et 9 ans.

Quelles sont les origines de la peur des chiens ?

Les causes possibles de la cynophobie sont multiples :

  • Assister à une agression d’une personne par un chien ;
  • Avoir vécu une expérience désagréable ou une agression, même si celle-ci n’était pas violente ;
  • Lire ou voir des œuvres mettant en scène des chiens ou des loups particulièrement agressifs, comme dans le roman Chien blanc ou le film d’horreur Rottweiler ;
  • Fréquenter une personne qui a elle-même peur des chiens. La peur peut être transmise par l’influence d’un parent ou d’un proche qui recommande de les craindre. Toutefois, tous les individus qui côtoient une personne phobique ne développeront pas forcément cette peur eux-mêmes.

Faut-il craindre les chiens ?

En France, environ 10 000 morsures de chien sont recensées chaque année, un chiffre probablement sous-estimé. Cette statistique ne concerne pas uniquement certaines races supposées dangereuses, comme celles de première catégorie. D’ailleurs, aucune étude ne montre une vulnérabilité accrue face à ces chiens dits « dangereux », malgré la réglementation stricte qui encadre leur possession.

Il n’est pas autorisé à posséder un chien de première catégorie sans respectér des conditions strictes. Les personnes condamnées pour certains délits ou disposant d’un casier judiciaire particulier ne peuvent pas adopter ce type de chien. Pour en avoir un, il est nécessaire de suivre une formation spécifique avec un professionnel agréé, abordant l’éducation, le comportement canin et la prévention des incidents. Cette formation, d’une journée, inclut une partie théorique et pratique, avec des mises en situation concrètes. La préfecture est informée de la réussite du stage par l’attestation d’aptitude. De plus, un permis de détention doit être délivré par la mairie. Le chien doit être vacciné contre la rage et couvert par une assurance responsabilité civile tout au long de sa vie. À partir de huit mois, il doit subir une évaluation comportementale par un vétérinaire agréé, qui pourra recommander des interventions ou une nouvelle évaluation selon le comportement du chien.

Rappel pour les propriétaires : mieux éduquer pour prévenir

Une situation fréquemment observée lors de balades : un chien sans laisse se précipite vers une personne, souvent sans intention malveillante, mais qui peut être effrayée. Le propriétaire rassure alors que le chien n’est pas agressif, mais il est important de souligner que laisser un chien en liberté sans contrôle peut être risqué. L’éducation canine, quel que soit le type d’animal, est essentielle pour garantir la sécurité et le respect des autres. Il ne s’agit pas uniquement de maîtriser l’agressivité du chien, mais aussi de respecter le confort des personnes qui n’apprécient pas forcément la présence canine.

Une étude de 2020 de l’Anses indique que tous les chiens, indépendamment de leur race, peuvent mordre. Elle souligne notamment que les jeunes de moins de 15 ans, surtout les garçons, sont les plus exposés. Les mâles et les chiens adultes sont généralement plus agressifs que les femelles ou les chiots. Un sevrage trop précoce ou un contact avec l’humain tardif peut augmenter le potentiel dangereux de l’animal. La surveillance d’un adulte est toujours recommandée lorsque des enfants ou des personnes vulnérables interagissent avec un chien. Les races qui apparaissent le plus souvent comme responsables de morsures incluent le Rottweiler, le berger allemand, le pitbull, mais aussi des chiens plus petits comme le jack russel ou le teckel. Les personnes les plus à risque d’être mordues sont souvent celles ayant un contact régulier avec les chiens, comme les vétérinaires ou les éducateurs canins.

Les chiens perçoivent-ils la peur humaine ?

Certains pensent que les chiens peuvent détecter la peur chez une personne et réagir avec agressivité. Même si cette idée est largement répandue, elle n’est pas entièrement fondée. Lorsqu’une personne est effrayée, elle transpire davantage ce qui peut augmenter son odeur corporelle. Des hormones spécifiques, que certains chiens sensibles à l’odorat, comme les labradors ou les golden retrievers, peuvent percevoir, deviennent également plus présentes. Par ailleurs, un individu effrayé adopte souvent des comportements distincts — il tremble, évite le contact visuel ou se montre tendu — que les chiens peuvent percevoir et qui renforcent leur capacité à détecter un état de stress. Toutefois, ils ne peuvent pas identifier précisément la cause de cette peur. En général, plutôt que d’attaquer, ils préfèrent maintenir une distance de sécurité et chercher à se rapprocher d’un propriétaire ou d’une personne de confiance, comme pour se rassurer eux-mêmes.

Voici quelques comportements à éviter avec un chien inconnu :

  • Regarder directement dans ses yeux, ce qui pourrait être perçu comme un défi et déclencher une réaction défensive ;
  • Crier ou effectuer des mouvements brusques, ou frapper l’animal, car cela peut être considéré comme une menace ;
  • Fuir, ce qui peut stimuler un instinct de prédation chez le chien.

Peut-on guérir d’une peur comme la cynophobie ?

Avec la popularité des chiens dans nos foyers — environ 12 % en Suisse et 25 % dans d’autres pays francophones — il devient difficile de vivre avec cette phobie sans chercher à la dépasser. La méthode dépend de la sévérité de la peur et peut nécessiter plusieurs années pour une rémission totale. La thérapie d’exposition consiste à se familiariser progressivement avec la présence des chiens, souvent avec l’aide d’un professionnel ou d’un être proche. Des stages en groupe sont également proposés pour aider à surmonter la cynophobie.

Dans certains cas, il est préférable d’adopter une progression plus douce, en gérant d’abord les manifestations anxieuses par des exercices de relaxation et de respiration. Des méthodes thérapeutiques visant à rationaliser les comportements irrationnels sont aussi utilisées. Cependant, une étude universitaire a montré que l’ajout de techniques cognitives n’apporte pas d’avantage significatif par rapport à la seule thérapie d’exposition.

Lorsqu’un traumatisme précis est à l’origine de la phobie, des approches comme l’hypnose ou l’EMDR peuvent réduire l’intensité de l’angoisse et améliorer la gestion de la situation redoutée. En cas de phobie très prononcée, il ne faut pas hésiter à envisager un traitement médicamenteux, en complément des thérapies comportementales. Ces médicaments, sous prescription médicale, peuvent aider à atténuer les symptômes d’anxiété, facilitant ainsi une confrontation progressive à la peur.