Signification et origine de l’expression ‘faire tourner en bourrique’

Accueil » Les animaux sauvages » Anecdotes insolites » Signification et origine de l’expression ‘faire tourner en bourrique’

Faire enrager quelqu’un à tel point qu’il perd patience ou devient fou, c’est l’essence même de l’expression « faire tourner en bourrique ». Dans cet article, nous allons explorer l’origine de cette tournure populaire et comprendre pourquoi elle est associée à un âne. Il est également intéressant de voir comment la figure de l’équidé a été depuis longtemps liée à des traits comme la bêtise et l’obstination.

Que signifie l’expression « faire tourner en bourrique » ?

Les dictionnaires modernes tels que Le Grand Robert ou Larousse décrivent cette expression comme une manière d’endormir ou de devenir idiot quelqu’un par des sollicitations incessantes, des petites taquineries ou des ordres contradictoires, souvent voulus pour agacer. En pratique, cela consiste à exaspérer quelqu’un en le poussant à ses limites, à le faire perdre patience ou à le rendre fou. En résumé, « faire tourner une personne en bourrique » revient à la harceler jusqu’à ce qu’elle perde tout contrôle ou devienne complètement folle. Voici deux citations illustrant ce sens de frustration extrême :

  • “Ce cher individu ne cesse de vouloir empoisonner cette vieille femme de service en la cachant dans un gâteau, et il me souffle dans le cou tout en me dissimulant mes lunettes. Si je passais longtemps chez vous, ma chère Antoinette, il finirait par me rendre chèvre.” (Anatole France, Le Petit Pierre, 1918) ;
  • “Les Malapère prenaient un malin plaisir à tourmenter la petite Andrée, qu’ils avaient constamment chez eux, ce qui lui avait donné de mauvaises habitudes et l’avait poussée à faire tourner en bourrique sa maîtresse d’école.” (Lionel Labosse, M&m, 2018).

Origine de l’expression « faire tourner en bourrique »

Ce locuteur combine la tournure passive « faire tourner » (dans le sens de « devenir ») et le nom familier « bourrique », qui désigne un âne. Pour comprendre cette expression, il faut revenir sur la réputation antique de cet animal, considéré comme têtu et impatient, avançant uniquement lorsqu’il le décide. Depuis toujours, l’âne a été un partenaire essentiel dans les travaux agricoles ou forestiers, aidant à transporter ou à tirer des charges lourdes. La bourrique servait aussi pour des tâches trop difficiles pour l’homme, nécessitant surtout de la force brute plutôt que de l’intelligence. En 1798, le Dictionnaire de l’Académie française expliquait déjà que le terme « Bourrique » était aussi utilisé pour désigner quelqu’un d’Ignorant. Avec le temps, cette association avec la simplicité et l’obstination a contribué à donner à l’âne une image liée à la bêtise et à l’entêtement.

La bourrique : animal ou personnage malveillant ?

Dans un contexte datant de 1798, le mot « bourrique » désignait aussi une personne têtue, peu intelligente, voire mauvaise, aux intentions malintentionnées. Par exemple, Léon Daudet évoquait dans son Bréviaire du journalisme que certains individus malveillants utilisent le chantage pour tirer profit de leur méchanceté. Mais d’où vient cette réputation négative ? L’étymologie du mot « bourrique » provient de l’espagnol « borrico », lui-même dérivé du latin « burricus », qui signifie un petit cheval ou poney, et qui dérive à son tour de « burrus », la couleur roux. Autrefois, les animaux roux étaient perçus comme difficiles, belliqueux et de mauvaise humeur, ce qui a contribué à l’image négative associée à la bourrique. Selon le Dictionnaire universel de Furetière de 1690, la bourrique était considérée comme une « méchante bête de voiture », souvent reléguée au rang d’animal peu intelligent ou malveillant.

Chronologie de l’expression « faire tourner en bourrique »

Cette expression, qui évoque un état similaire à celui de « devenir chèvre », apparaît au XVIIe siècle. Cependant, sa version précise « faire tourner en bourrique » n’est devenue courante qu’au XIXe siècle. La première mention connue remonte à 1831 dans La vie d’une jolie femme de Raban, où l’auteur écrit : « (…) que ce diable d’anglais me ferait tourner en bourrique. » De nombreux autres écrivains du XIXe siècle ont utilisé cette formule, comme Henry Monnier en 1841 qui écrit : « Ils le feront tourner en bourrique, ce pauvre père Godinot ! » ou Frédéric Soulié en 1843 : « Achève, bourrique, mon cher ! ». Enfin, Eugène Sue utilise la même expression en 1844 dans Les mystères de Paris.

Autres expressions liées à « bourrique »

Plusieurs locutions françaises célèbres utilisent l’image de l’âne ou de la bourrique :

  • Têtu comme une bourrique, pour décrire une personne extrêmement obstinée, incapable de céder malgré la raison. Par exemple, dans La maison Tellier de Maupassant : « Chenet et Braux s’interposèrent, et ce dernier, poussant sa moitié par les épaules, la jeta dehors en criant : — Va donc, bourrique, tu brais trop ! » (1881) ;
  • Saoul comme une bourrique, pour désigner quelqu’un complètement ivre. Émile Zola l’emploie dans L’Assommoir (1877) : « Les jours où elle rentrait ronde comme une bourrique, elle bégayait que c’était le chagrin. » Et Félix Pyat écrit : « Venez m’aider à réveiller votre mari qui est saoul comme une bourrique. » (1892) ;
  • Une expression ancienne mais aujourd’hui oubliée : « saoul comme la bourrique à Robespierre », qui fait référence à la réputation de l’ancien général Hanriot, connu pour sa consommation d’alcool mais fidèle ami du révolutionnaire. Cette formule apparaît dans Césarine de Jean Richepin (1888) : « La preuve qu’il était vraiment un général de la Commune, c’est qu’il est mort saoul comme la bourrique à Robespierre. »

Faire enrager quelqu’un à tel point qu’il perd patience ou devient fou, c’est l’essence même de l’expression « faire tourner en bourrique ». Dans cet article, nous allons explorer l’origine de cette tournure populaire et comprendre pourquoi elle est associée à un âne. Il est également intéressant de voir comment la figure de l’équidé a été depuis longtemps liée à des traits comme la bêtise et l’obstination.

Que signifie l’expression « faire tourner en bourrique » ?

Les dictionnaires modernes tels que Le Grand Robert ou Larousse décrivent cette expression comme une manière d’endormir ou de devenir idiot quelqu’un par des sollicitations incessantes, des petites taquineries ou des ordres contradictoires, souvent voulus pour agacer. En pratique, cela consiste à exaspérer quelqu’un en le poussant à ses limites, à le faire perdre patience ou à le rendre fou. En résumé, « faire tourner une personne en bourrique » revient à la harceler jusqu’à ce qu’elle perde tout contrôle ou devienne complètement folle. Voici deux citations illustrant ce sens de frustration extrême :

  • “Ce cher individu ne cesse de vouloir empoisonner cette vieille femme de service en la cachant dans un gâteau, et il me souffle dans le cou tout en me dissimulant mes lunettes. Si je passais longtemps chez vous, ma chère Antoinette, il finirait par me rendre chèvre.” (Anatole France, Le Petit Pierre, 1918) ;
  • “Les Malapère prenaient un malin plaisir à tourmenter la petite Andrée, qu’ils avaient constamment chez eux, ce qui lui avait donné de mauvaises habitudes et l’avait poussée à faire tourner en bourrique sa maîtresse d’école.” (Lionel Labosse, M&m, 2018).

Origine de l’expression « faire tourner en bourrique »

Ce locuteur combine la tournure passive « faire tourner » (dans le sens de « devenir ») et le nom familier « bourrique », qui désigne un âne. Pour comprendre cette expression, il faut revenir sur la réputation antique de cet animal, considéré comme têtu et impatient, avançant uniquement lorsqu’il le décide. Depuis toujours, l’âne a été un partenaire essentiel dans les travaux agricoles ou forestiers, aidant à transporter ou à tirer des charges lourdes. La bourrique servait aussi pour des tâches trop difficiles pour l’homme, nécessitant surtout de la force brute plutôt que de l’intelligence. En 1798, le Dictionnaire de l’Académie française expliquait déjà que le terme « Bourrique » était aussi utilisé pour désigner quelqu’un d’Ignorant. Avec le temps, cette association avec la simplicité et l’obstination a contribué à donner à l’âne une image liée à la bêtise et à l’entêtement.

La bourrique : animal ou personnage malveillant ?

Dans un contexte datant de 1798, le mot « bourrique » désignait aussi une personne têtue, peu intelligente, voire mauvaise, aux intentions malintentionnées. Par exemple, Léon Daudet évoquait dans son Bréviaire du journalisme que certains individus malveillants utilisent le chantage pour tirer profit de leur méchanceté. Mais d’où vient cette réputation négative ? L’étymologie du mot « bourrique » provient de l’espagnol « borrico », lui-même dérivé du latin « burricus », qui signifie un petit cheval ou poney, et qui dérive à son tour de « burrus », la couleur roux. Autrefois, les animaux roux étaient perçus comme difficiles, belliqueux et de mauvaise humeur, ce qui a contribué à l’image négative associée à la bourrique. Selon le Dictionnaire universel de Furetière de 1690, la bourrique était considérée comme une « méchante bête de voiture », souvent reléguée au rang d’animal peu intelligent ou malveillant.

Chronologie de l’expression « faire tourner en bourrique »

Cette expression, qui évoque un état similaire à celui de « devenir chèvre », apparaît au XVIIe siècle. Cependant, sa version précise « faire tourner en bourrique » n’est devenue courante qu’au XIXe siècle. La première mention connue remonte à 1831 dans La vie d’une jolie femme de Raban, où l’auteur écrit : « (…) que ce diable d’anglais me ferait tourner en bourrique. » De nombreux autres écrivains du XIXe siècle ont utilisé cette formule, comme Henry Monnier en 1841 qui écrit : « Ils le feront tourner en bourrique, ce pauvre père Godinot ! » ou Frédéric Soulié en 1843 : « Achève, bourrique, mon cher ! ». Enfin, Eugène Sue utilise la même expression en 1844 dans Les mystères de Paris.

Autres expressions liées à « bourrique »

Plusieurs locutions françaises célèbres utilisent l’image de l’âne ou de la bourrique :

  • Têtu comme une bourrique, pour décrire une personne extrêmement obstinée, incapable de céder malgré la raison. Par exemple, dans La maison Tellier de Maupassant : « Chenet et Braux s’interposèrent, et ce dernier, poussant sa moitié par les épaules, la jeta dehors en criant : — Va donc, bourrique, tu brais trop ! » (1881) ;
  • Saoul comme une bourrique, pour désigner quelqu’un complètement ivre. Émile Zola l’emploie dans L’Assommoir (1877) : « Les jours où elle rentrait ronde comme une bourrique, elle bégayait que c’était le chagrin. » Et Félix Pyat écrit : « Venez m’aider à réveiller votre mari qui est saoul comme une bourrique. » (1892) ;
  • Une expression ancienne mais aujourd’hui oubliée : « saoul comme la bourrique à Robespierre », qui fait référence à la réputation de l’ancien général Hanriot, connu pour sa consommation d’alcool mais fidèle ami du révolutionnaire. Cette formule apparaît dans Césarine de Jean Richepin (1888) : « La preuve qu’il était vraiment un général de la Commune, c’est qu’il est mort saoul comme la bourrique à Robespierre. »