Depuis l’Antiquité, arborer une silhouette fine et élancée a été une aspiration majeure pour de nombreuses femmes, allant des membres de la noblesse aux icônes de la pin-up. Mais quel lien existe-t-il entre cette quête de finesse et la forme de l’insecte volant ? Pour comprendre l’origine de cette expression, il faut remonter à une époque où le port du corset était la clé pour obtenir un corps conforme aux standards de beauté, souvent au prix de risques pour la santé.
Quelle est la signification de “avoir une taille de guêpe” ?
Cette expression imagée évoque une silhouette où la taille est exceptionnellement fine, marquée par un contraste prononcé avec la silhouette globale. Elle décrit souvent une femme dont la taille se resserre nettement au niveau de la taille, créant une forme en sablier. Par exemple, on pourrait dire : “Après avoir porté ce parfum de reine, on ne peut qu’apprécier une taille de guêpe, comme celle d’Imelda, avec ses formes riches et généreuses.” (Michel Bussi, *Ne lâche pas ma main*, 2013). Bien que ce terme soit majoritairement associé à la silhouette féminine, quelques écrivains, comme Raymond Queneau dans *Pierrot mon ami* (1942), lui ont également prêté un usage pour décrire la carrure masculine, notamment en évoquant une taille très fine.
Pourquoi faire référence à une guêpe ?
L’image de la guêpe comme symbole de la silhouette fine repose sur la ressemblance entre la silhouette en sablier et le corps segmenté de cet insecte. L’observation de la guêpe révèle une distinction nette entre le thorax et l’abdomen, séparés par une fine partie appelée le pétiole, qui donne l’aspect “taille fine”. Chez l’humain, cet effet de finesse extrême était autrefois recherché en réduisant la taille avec un vêtement serré, le fameux corset. La construction anatomique de la guêpe, avec son petit cou, sert d’inspiration à cette comparaison figurée.
Origines et histoire de la mode de la taille fine
Des vestiges datant de plus de 1 500 ans avant Jésus-Christ montrent que les femmes de la civilisation minoenne portaient déjà des garnitures près du buste. Cependant, l’usage du corset en tant que vêtement structurant apparaît en Espagne au XVIe siècle puis se diffuse parmi la noblesse européenne. À cette époque, il était de bon ton pour les femmes élégantes d’adopter une posture droite tout en affinant leur taille. Lorsque Catherine de Médicis a interdit l’usage de tailles épaisses à la cour, cela a renforcé cette tendance. Par la suite, les femmes portaient des corsets pour mettre en valeur leur buste et leur décolleté, contribuant à définir cette silhouette idéale.
Quand l’expression “avoir une taille de guêpe” est-elle apparue ?
Ce terme est intégré dans le Dictionnaire de la langue française d’Émile Littré en 1873, qui le décrit comme désignant une silhouette extrêmement fine chez la femme. À cette époque, le corset était déjà un vêtement incontournable pour sculpter la taille. Historiquement, il était désigné sous différents noms, tels que “corps” ou “corps baleiné”, et fabriqué à partir de matériaux comme le bois, le os, le ivoire ou le métal. Ces structures étaient portées sous des vêtements en tissus comme le coton ou la soie, équipées de baleines insérées pour assurer un maintien serré. Avec le temps, leur conception a évolué pour inclure des systèmes de fermeture plus modernes, comme des œillets en métal, permettant de se régler seul. La mode du corset très serré a perduré jusqu’au XIXe siècle, où il est devenu un symbole d’élégance et de discipline esthétique.
Le style “taille de guêpe” est-il toujours tendance ?
Malgré les changements de mode, certaines femmes continuent à rechercher cette silhouette en pratiquant ce que l’on appelle le tightlacing, qui consiste à porter un corset serré durant de longues périodes pour réduire la taille progressivement. Parmi elles, Cathie Jung, née en 1937, est célèbre pour avoir atteint un tour de taille record de 38 cm, un chiffre largement reconnu par le Guinness des records. Elle porte son corset en permanence, seulement la retirant pour des moments d’hygiène.
Les risques pour la santé liés au port du corset
À l’époque ancienne, certains corsets très rigides et mal conçus avaient des effets nocifs, en comprimant notamment la cage thoracique et en écrasant les viscères. Aujourd’hui encore, un port excessif peut engendrer des soucis sérieux, notamment des troubles respiratoires ou cardiaques, en réduisant la capacité pulmonaire et en provoquant des palpitations. Sur le long terme, cela peut entraîner des déformations osseuses, une fonte musculaire et une perturbation des fonctions digestives. Il devient donc évident que porter un corset de façon excessive comporte des risques. Cependant, de nos jours, des alternatives moins invasives existent, comme le port de gaines ou de vêtements sculptants, qui permettent de dessiner la silhouette sans mettre en danger la santé.