Que signifie l’expression ‘se faire le coup du lapin’ et d’où vient-elle ?

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Lorsqu’on est impliqué dans un accident automobile, il arrive parfois qu’on entende parler de “se faire le coup du lapin”. Dans cet article, nous explorerons l’origine de cette expression, qui fait référence à un lagomorphe, et nous retracerons ses premiers usages. Il est aussi pertinent d’étudier la version active de cette locution : “faire le coup du lapin”. Sa connotation perfide est davantage présente dans la littérature que dans les guides de santé. Voici les explications.

Que désigne l’expression “se faire le coup du lapin” ?

Dans sa signification la plus littérale, cette expression est couramment utilisée pour désigner un traumatisme cervical. Ce type de blessure résulte généralement d’un mouvement brusque de la tête, provoqué par une accélération ou une décélération soudaine, souvent lors d’un choc routier. La tête, en se déplaçant rapidement vers l’avant puis vers l’arrière, peut subir des hyper-flexions et hyper-extensions, endommageant ainsi le rachis cervical. Ce phénomène est fréquemment observé lors d’un accident où un véhicule freine brutalement ou est percuté par derrière. On parle aussi de coup de fouet cervical ou de fléau cervical, des termes courants chez les professionnels de la santé. Afin de limiter ces blessures, les véhicules sont équipés d’appuis-tête pour amortir le mouvement.

Que signifie l’expression “faire le coup du lapin” ?

Dans sa version active, cette phrase évoque une agression directe, lorsqu’une personne reçoit un coup sur le cou ou la nuque. La frappe peut causer de graves lésions, notamment une fracture ou des dégâts à la moelle épinière, pouvant conduire à une quadriplégie ou, dans les cas extrêmes, à un décès. En anglais, cet acte est désigné par le terme “rabbit punch”, connu pour sa dangerosité. Un exemple tragique s’est produit aux États-Unis en 2014, lorsqu’un arbitre de football, frappé au cou lors d’un match amateur, a succombé deux jours plus tard. La violence de ce coup en fait une pratique illégale, et elle est vigilamment surveillée dans les sports de combat, comme la boxe, où elle a causé plusieurs accidents. Dans ce contexte, “faire le coup du lapin” signifie également tuer ou finir quelqu’un, lui porter le coup de grâce, comme en témoigne cette citation de Jean-Patrick Manchette : “Il n’était pas encore mort, on a attendu, mais il avait le foie traversé. Donc, il n’y avait plus d’intérêt. Nénesse m’a dit de lui faire le coup du lapin, et on l’a enterré.”

Le coup du lapin : un jeu de Jarnac ?

En expliquant le sens littéral de “se faire le coup du lapin”, il faut aussi mentionner sa signification figurée, très appréciée en littérature. Pour cela, il est utile de se souvenir que l’expression désigne un coup porteur de manière volontaire, souvent dans le dos d’une personne, avec une intention de perfidie. Elle évoque la traîtrise ou l’attaque sournoise. Divers auteurs ont repris cette image pour décrire des attaques surprises ou déloyales. Le “coup du lapin” a souvent été comparé au “coup de Jarnac”, une autre expression évoquant une ruse ou une manoeuvre sournoise. Par exemple, l’écrivain de romans policiers Léo Malet l’utilise dans cette optique : “Une photo d’une brunette souriante, attirant les autres à elle, pour leur faire le coup du lapin, ornamentée d’une simple dédicace amicale.” (Dans *M’as-tu vu en cadavre ?* de 1956).

Pourquoi le lapin est-il associé à cette expression ?

Les dictionnaires modernes expliquent que le “coup du lapin” désigne une manœuvre mortelle infligée à un lapin pour l’achever rapidement. La pratique ancienne consistait à frapper violemment l’animal à la nuque pour briser ses vertèbres cervicales, afin de le tuer instantanément et sans souffrance. Cet acte a inspiré l’image du coup violent porté à une personne, représentant une fin brutale. Une référence littéraire en témoigne : Jules Vallès écrit dans *L’Insurgé* : “Puisqu’on est certain de la défaite, il vaut mieux boire le coup de l’étrier avant de recevoir le coup du lapin.”

Origine et historique de l’expression

Le phénomène apparaît au XIXe siècle, avec la première mention connue datant de 1831 dans la pièce *Marionnette*, une parodie en vers : “Vous avez vu tomber le mal ? Il est réellement mort ? (…) Ah, c’est un imbécile qui lui a donné un coup. Il a reçu le coup, et il a crié. Et puis, il s’est écrasé. Dans l’estomac ou dans la face ? C’est le coup du lapin, qui l’a fait passer du goût du pain.” Plus tard, en 1850, on retrouve cette expression dans *La Chasse au chastre et autres nouvelles humoristiques* d’Alexandre Dumas père : “Un officier français reçoit un coup derrière la nuque. Ah, le coup du lapin. Il tombe à genoux.”