Lorsqu’on entend l’expression « chaud lapin », on pense généralement à un homme au tempérament passionné et insatiable, souvent dépeint comme un grand séducteur. La référence au lapin, animal connu pour sa grande fécondité et sa rapidité à s’accoupler, explique en partie cette image. Néanmoins, cette expression possède plusieurs origines possibles remontant au XVIIe siècle, qui donnent des nuances à son histoire.
Que signifie réellement l’expression « chaud lapin » ?
Ce terme utilisé dans le langage courant désigne un homme porté par des désirs sexuels intenses, souvent associé à la multiplication des conquêtes. On peut le rapprocher de termes comme « cavaleur », « séducteur invétéré » ou encore « Don Juan ». Des exemples issus de la littérature ou du langage populaire illustrent cette utilisation :
- Dans une œuvre de Louis Pergaud, un personnage est décrit comme un homme irrésistible auprès des femmes, qualifié de « chaud lapin » dans le contexte d’un village en 1921.
- Blaise Cendrars évoque un vieil homme encore très actif sexuellement à 75 ans.
- Léo Malet parle d’un homme un peu grognon mais qui aime profiter de la vie et de ses plaisirs.
- Dans une pièce de René de Obaldia, une femme exprime avec amusement combien son mari était un vrai « chaud lapin » et apprécie cette expression.
Pourquoi utilise-t-on cette expression ?
Analysons ses composantes : le mot « chaud » peut dénoter une excitation sexuelle ou évoquer un lieu de prostitution en argot ancien. Le lapin, lui, est connu pour sa forte capacité de reproduction, avec des femelles pouvant produire plusieurs portées par an et des mâles actifs toute l’année. La combinaison de ces éléments justifie l’image d’un homme constamment en quête de relations sexuelles, d’où l’expression « chaud lapin ».
Origines possibles de l’expression « chaud lapin »
La popularité de l’interprétation selon laquelle l’expression fait référence au comportement libéré du lapin est monnaie courante. Cependant, d’autres hypothèses existent, plus ou moins liées à l’histoire linguistique et aux usages de l’époque.
Le nom ancien du lapin : conil
Historiquement, le lapin a été nommé « conil » en langue romane, une appellation issue du latin cuniculus. Ce mot a donné plusieurs variantes régionales comme « connil » ou « coninn ». La présence du lapin en Europe remonte au IXe siècle, notamment en péninsule ibérique. La racine latine cuniculus a aussi engendré le terme scientifique Oryctolagus cuniculus, ainsi que le mot « cuniculture » pour désigner l’élevage de ces animaux. Au Moyen Âge, le mot « conil » a été associé à un jeu de mots avec l’expression vulgaire pour désigner les organes génitaux féminins, ce qui a conduit à un usage grivois de l’animal et à son remplacement par le terme « lapin » une fois cette connotation devenue taboue.
La formule « chaud de la pince »
Une autre origine proposée repose sur l’expression « chaud de la pince », attestée dès 1790, dans une revue royaliste. Elle désignait un homme très libertin, souvent présumé d’une sexualité active. Ce terme a été repris dans des chansons et des dictionnaires, pour évoquer un comportement lubrique et débridé. La « pince » y représente une partie du corps ou un symbole de désir, renvoyant à une attitude libérée en matière de plaisirs.
Une origine liée à « lespin »
Selon certains linguistes, l’origine pourrait également remonter à une ancienne connotation associée au mot « lapin ». Dans l’argot du début du XXe siècle, Hector France note que « lapin » pouvait désigner un jeune homme ou un enfant considéré comme sexuellement promiscue ou « vicieux ». Cette interprétation se fonde sur une évolution de terminologie populaire qui évoque la délinquance juvénile ou la frivolité sexuelle, à travers un mot ancien, « lespin », associé à la prostitution ou aux libertins en herbe.
Y a-t-il des femmes qualifiées de « chaudes lapines » ?
Avant que l’expression « chaud lapin » ne s’impose pour désigner un homme, le mot « lapin » était déjà utilisé dans un sens péjoratif, principalement associé à la fertilité excessive et à la sexualité débridée. Dès le Moyen Âge, cette image a été véhiculée dans la littérature et dans l’argot, où la femme qui multiplie les enfants ou se montre très séductrice était parfois qualifiée de « lapine ». Une vision vulgaire mais persistante, illustrée par des expressions ou des citations anciennes, affirmant que la « lapine » est une femme très fertile ou très active dans le domaine des plaisirs.