Les conducteurs ont tous déjà rencontré ces dépressions dans la chaussée, communément appelées nids-de-poule, qui peuvent causer des dommages importants à leur véhicule. Mais pourquoi cette expression qui évoque un petit trou dans la route fait référence à un animal ou un gallinacé, alors qu’on n’y trouve ni poules ni œufs ? Dans cet article, nous explorerons l’origine de cette expression française en remontant à ses premières apparitions, en lien avec le gallinacé. Nous verrons également à quel moment la France a commencé à faire face à ces imperfections de la route et comment réagir lorsqu’on croise un nid-de-poule lors de ses trajets modernes.
Définition d’un nid-de-poule
Un nid-de-poule correspond à une cavité peu profonde dans le revêtement routier où l’eau, la boue ou d’autres débris peuvent s’accumuler, conséquence de la dégradation du revêtement. Ces dépressions se retrouvent principalement sur les voies de circulation, les parkings ou parfois sur des trottoirs mal entretenus. Elles ont souvent une forme arrondie avec des bords nets, résultat de la désintégration du matériau enrobé qui compose la surface de la route. On peut aussi utiliser les termes fondrière, ornière ou creux pour désigner ce phénomène. Bien que moins répandue, la forme écrite « nid de poule » sans tirets reste correcte. La version plurielle appropriée est « nids-de-poule ». Voici quelques illustrations illustrant cette expression :
- « Lors de leur promenade, Marie-Jeanne laissait le volant à son ami pour contempler le paysage, tandis qu’il évitait habilement les nids-de-poule parsemant la route comme une partie de billard japonais. » (Albert t’Serstevens, Le nouvel itinéraire espagnol, 1933) ;
- « Bien que souvent projetés au plafond en raison des nids-de-poule, qui, à cette époque, marquaient largement les routes françaises, mon oncle Henri gardait son calme admirable, semblable à celui d’un samouraï face à la mort. » (Jean L’Hôte, La Communale, 1957) ;
- « La route, étroite et non goudronnée, parcourue de nids-de-poule, serpentait montées et descentes, bien droite devant elle. » (Jypé Carraud, Tim-Tim-Bois-Sec, 1996) ;
- « Après avoir déposé ses passagers palestiniens, le taxi, après avoir traversé des passages difficiles avec des ralentisseurs et des nids-de-poule, atteint notre troisième point de contrôle, Zatara. » (Anne Brunswic, Bienvenue en Palestine, 2017).
Par extension, le terme peut également désigner tout trou dans un support, comme le montre cette citation : « Tu es très bien habillé ! Par contre, je ne sais pas qui a coupé tes cheveux, c’est raté, il y a des nids-de-poule partout ! » (Alain Mabanckou, Petit Piment, 2015).
Pourquoi cette expression évoque-t-elle un animal ?
L’usage de l’expression remonte à au moins 1851, à une période où les routes pavées telles qu’on les connaît aujourd’hui n’existaient pas encore. À cette époque, les chemins étaient de simples pistes carrossables, principales voies d’accès pour les calèches. Ces chemins peu entretenus se déformaient rapidement sous la pression des chevaux, de la pluie et du gel. Dans les nombreux trous qui se formaient, des poules venaient nicher ou se prélasser. Une autre hypothèse suggère que ces cavités servaient aux gallinacés de bains de poussière pour se débarrasser de parasites, mais la première version est la plus acceptée par les historiens.
Les efforts pour éliminer les nids-de-poule
À la fin du XVIIe siècle, la France commence à prendre conscience que le mauvais état de ses routes entrave la communication et nuit à l’économie. Pour soutenir la croissance urbaine, agricole et commerciale, des investissements massifs sont réalisés pour améliorer le réseau routier, en particulier autour des ports et des frontières. Sous le règne de Louis XIV, grâce à Jean-Baptiste Colbert, une organisation spécifique est créée pour gérer ces travaux, donnant naissance aux Ponts et Chaussées. Plus tard, sous Louis XV, des ingénieurs conçoivent des routes en fondations bombées et solides, avec une assise en moellons et une couche de pierre recouverte d’une couche de sable, afin d’assurer leur durabilité.
Les innovations pour boucher les nids-de-poule
En 1815, en Angleterre, une innovation majeure révolutionne la construction des routes. John Loudon McAdam, un ingénieur en charge, modifie le procédé traditionnel en remplaçant les gros blocs de pierre par des cailloux concassés, triés pour leur légèreté. Ces couches de pierre, mêlées de sable et d’eau, sont compactées à la main, créant des routes plus robustes et moins sujettes à l’usure, ce qui réduit considérablement la formation de nids-de-poule. Ce procédé, appelé « macadam », marque une étape clé dans la longue lutte contre ces trous indésirables.
Formation des nids-de-poule
Les nids-de-poule apparaissent généralement lorsque l’eau s’infiltre sous le revêtement de la route, surtout en période de gel. Les fissures existantes laissent pénétrer l’humidité qui, en givrante, gonfle en volume, soulevant la chaussée. Lorsqu’elle dégèle, la surface creuse se creuse davantage sous l’effet du passage répétitif de véhicules, en particulier ceux pesants. La dégradation progressive provoque l’effondrement parts, formant ainsi un trou dont les bords se détachent peu à peu, donnant naissance au nid-de-poule.
Que faire si l’on est victime d’un nid-de-poule ?
Lorsque votre véhicule heurte un nid-de-poule, il est fréquent de constater des dommages sur les pneus, pouvant provoquer une crevaison, ou sur les roues, susceptibles de se déformer. Les pièces de direction, les suspensions, l’échappement, voire le châssis peuvent également être affectés en cas de choc important. La loi oblige le gestionnaire de la voie à assurer un entretien adéquat. En cas de sinistre, il est conseillé de rassembler des preuves : descriptif de l’incident, témoignages, constatations, devis ou factures pour la réparation. La responsabilité du gestionnaire peut être engagée si cet entretien est jugé insuffisant, sauf si le conducteur a contribué à l’accident par une conduite imprudente ou en état d’ivresse. En présence d’une signalisation avertissant du danger, la responsabilité incombe souvent au conducteur lui-même, ce qui exonère celui qui organise l’entretien.
Comment se forment les véritables nids de poule ?
Pour comprendre les vrais nids-de-poule, il faut quitter la route pour se tourner vers la basse-cour, où la poule cherche un endroit paisible pour pondre. Il leur faut un lieu calme, sombre, avec peu de passage et une lumière réduite. La zone doit être légèrement surélevée, à une hauteur différente du perchoir, pour éviter que des excréments ne tombent dans le nid. Un fond recouvert de sable, paille, copeaux de bois ou foin offre un confort indispensable à la poule. Enfin, cette litière doit être renouvelée régulièrement pour prévenir la prolifération de parasites et de germes nuisibles à la santé de l’animal.