Pourquoi les escargots sortent-ils lorsque il pleut ?

Accueil » Les animaux sauvages » Anecdotes insolites » Pourquoi les escargots sortent-ils lorsque il pleut ?

Lorsqu’il pleut et que l’on traverse un jardin, impossible d’éviter de marcher sur une multitude d’escargots. Leur présence prolifique rend parfois la progression compliquée, avec le risque de les écraser sans le vouloir. Mais qu’est-ce qui incite ces mollusques à être si actifs sous la pluie ? Pourquoi la majorité de leur activité se situe-t-elle dans des conditions humides ?

Origines marines de l’escargot

La composition en eau du corps des escargots est impressionnante : près de 88 %, comparé à une moyenne de 60 à 65 % chez l’humain. Ce taux élevé d’humidité est vital pour leur survie, car l’atmosphère humide leur permet de maintenir leur équilibre hydrique. Leur corps, logé dans une coquille, est enveloppé d’une substance visqueuse, le mucus, qui leur sert d’isolant et de lubrifiant. La peau nue en dehors de la coquille est extrêmement perméable, ce qui la rend fragile face à la dessiccation. Ainsi, ils dépendent en permanence d’un manteau de mucus pour préserver leur humidité, particulièrement lors de températures extrêmes. Sans cette barrière, leur corps risquerait une déshydratation rapide. Cette nécessité provient de leur patrimoine évolutif, qui trouve ses racines dans un milieu marin ancien.

En tant que mollusques, ces animaux ont vu leur origine évoluer dans des environnements marins. Certaines espèces ont ensuite migré vers des habitats d’eau douce ou des zones terrestres. Les mollusques dotés d’une seule valve furent regroupés dans la classe des Gastéropodes. Parmi eux, ceux ayant développé un système respiratoire à poumons (plutôt qu’à branchies), comme les escargots et limaces, font partie de la sous-classe des Pulmonés. Leur respiration diffère de celle des vertébrés ; leur « poumon » n’est qu’une cavité vascularisée, adaptée à leur nouvelle étape évolutive.

Modes d’adaptation au climat et à l’environnement

Pour faire face à la sécheresse ou à une chaleur excessive, la rétraction dans leur coquille constitue une stratégie clé pour les escargots. Certains, comme la caragouille rosée (Theba pisana) ou le cône étroit (Cochlicella acuta), ont su s’adapter à des milieux particulièrement arides, comme les dunes côtières en France, où ils supportent jusqu’à environ 50°C. D’autres, dans des zones désertiques telles qu’Israël, tolèrent des températures atteignant 70°C. Mais comment ces mollusques parviennent-ils à résister à de telles températures extrêmes ? Quelles adaptations leur ont permis cette remarquable endurance ?

Étant des ectothermes, leur température interne dépend largement de l’environnement. Pour équilibrer leur besoin de chaleur sans danger, ils privilégient souvent l’ombre, si celle-ci est accessible. Les escargots vivant dans des zones humides, comme ceux de la famille des Succinidés, cherchent à se déplacer vers des refuges ombragés dès que leur température corporelle devient trop élevée. Par exemple, le bagué viennois est attiré par les buissons pour se protéger du soleil. D’autres comportements incluent la nocturnie : la caragouille rosée, par exemple, limite ses activités à la nuit ou aux heures fraîches du matin et du soir. Dans des environnements très secs, comme le désert, ils se terrent sous le sable à une profondeur variant entre 1 et 5 cm. Enfin, certains adoptent une stratégie d’élévation, grimpant sur des végétaux, des poteaux ou même des vitres pour éviter les zones chaudes du sol.

Le rôle et les enjeux du mucus d’escargot

La capacité de l’escargot à évoluer sur diverses surfaces repose en grande partie sur sa production de mucus. Grâce à cette sécrétion, il peut se déplacer sur des matériaux aussi variés que le verre, le ciment ou le goudron. La présence constante d’humidité sur leur peau leur permet d’utiliser leur pied comme une ventouse, facilitant leur ascension sur des surfaces verticales telles que les vitres de nos maisons.

Toutefois, cette substance protectrice a ses limites. Des matériaux absorbants comme la cendre, la sciure ou le marc de café empêchent la formation d’une couche de mucus suffisante, ce qui fragilise leur pied et freine leur progression. La fabrication du mucus mobilise également une partie de leur réserve hydrique, ce qui devient problématique en cas de température très basse, car le mucus pourrait geler. C’est pour cette raison qu’ils préfèrent souvent se réfugier dans leur coquille lors des périodes de chaleur excessive ou de froid intense. Cependant, lors de pluies abondantes, ils exploitent leurs capacités de déplacement en limitant leur dépense en mucus, ce qui leur permet d’aller chercher de la nourriture ou de se déplacer en toute simplicité. La pluie leur offre ainsi une occasion idéale pour se mouvoir sans déployer autant d’énergie.

Composition et propriétés du mucus d’escargot

Ce mucus est majoritairement constitué d’eau, représentant entre 90 % et 99,7 % selon les individus et les espèces. Sa composition chimique comprend également divers ions, comme le sodium (de 0,6 à 1,7 g/l), le potassium (de 0,2 à 0,8 g/l) et le magnésium (de 0,4 à 1,5 g/l). Ces éléments confèrent au mucus ses propriétés spécifiques.

Au-delà de son rôle mécanique, le mucus d’escargot est prisée dans le domaine cosmétique pour ses vertus réparatrices. Il renferme notamment de l’allantoïne, un composé apaisant efficace contre l’irritation et la sensibilité de la peau. Bien qu’en petites quantités (environ 50 mg par litre dans le mucus de l’Helix aspersa), il est réputé pour ses propriétés régénératrices. La molécule d’acide glycolique, présente à hauteur de 3,3 g/l, est également notable. Elle est souvent utilisée dans les produits anti-âge pour ses effets sur le ralentissement du vieillissement cutané et l’éclaircissement de la peau. La composition de ce mucus lui permet également de participer à la réparation de la coquille de l’escargot, suite à de légers dommages.

Pour en extraire le mucus — souvent appelé plus communément la « bave » —, la méthode consiste à stimuler l’animal manuellement en le plaçant sur un tapis durant une trentaine de secondes. Pendant cette période, la glande à mucus est activée. Ensuite, l’escargot est relâché. Ce procédé, respectueux de l’animal selon diverses certifications, ne provoque aucune souffrance. Il faut en moyenne 10 litres de mucus pour obtenir 100 grammes de cette substance aux propriétés cosmétiques, témoignant de la longévité de la collecte et des efforts nécessaires pour exploiter cette ressource naturelle.