Représenté sous diverses formes comme des bijoux, des sceaux ou des figurines, le scarabée était considéré comme un symbole de chance pour celui qui possédait une amulette à son effigie. Pour comprendre cette vénération, il est essentiel de se pencher sur l’importance que l’Égypte ancienne accordait à cet insecte, qui se distingue particulièrement par sa capacité à fabriquer des boules de bouse. Incarnation de la création et de l’éternité, le scarabée était élevé au rang d’entité divine et sacralisée dans la culture des pharaons. Focus sur cet insecte porte-bonheur, reconnu mondialement pour sa force et sa symbolique profonde.
Le scarabée, le coléoptère au pouvoir exceptionnel
Appartenant à la grande famille des coléoptères, ces insectes présentent un corps segmenté en trois parties : tête, thorax et abdomen. Leur silhouette ovale est prolongée par deux antennes se terminant par une petite masse, tandis qu’ils disposent de six pattes dotées de dents. Leur carapace rigide, composée de deux élytres, sert de protection à leurs ailes aériennes, leur permettant de voler. La taille de ces insectes oscille généralement entre 1 et 4 centimètres, avec des couleurs variées selon les milliers d’espèces connues. Parmi eux, le scarabée bousier, mesurant seulement 1 cm, se distingue par sa puissance remarquable : des études ont montré que des mâles de cette espèce peuvent déplacer jusqu’à 1141 fois leur propre poids, ce qui équivaudrait à un humain soulevant 80 tonnes.
Un symbole de chance datant de 30 000 ans
L’histoire du scarabée remonte au Paléolithique supérieur, avec en Égypte des traces archéologiques datant d’environ 30 000 ans. Amulettes, sceaux et divers objets en pierre, faïence ou pâte de verre illustrent la longue tradition de vénération. Souvent représenté poussant une sphère, cet insecte conférait aux Égyptiens l’image du cycle de la vie, où la lumière triomphe des ténèbres, et symbolisait la chance susceptible de réapparaître après l’adversité.
Les rayons du soleil du scarabée totem
Plusieurs espèces de scarabéidés réalisent, à l’aide de leurs mandibules et de leurs pattes antérieures, des boulettes composées d’excréments qu’ils transportent jusqu’à leur nid. Ces pelotes, parfois plus grosses que l’insecte lui-même, servent à nourrir la femelle et ses futurs œufs. La force nécessaire à cette opération, considérée comme extraordinaire, a suscité le respect des anciens. Cette activité a aussi une signification symbolique : elle représente Khépri, dieu du soleil levant, qui fait apparaître la lumière chaque matin en faisant rouler sa boule, le soleil. Voir un scarabée déplaçant sa sphère, c’était symboliquement assister au voyage du soleil dans le ciel, personnifié par cette créature.
Une créature mythologique bien avant l’existence du scarabée
Pour apprécier la place de cet insecte dans la mythologie égyptienne, il faut se replonger dans la vision que les anciens avaient du monde. Râ, considéré comme le dieu suprême créateur, était souvent associé au soleil. Représenté comme un homme à tête de faucon coiffé d’un disque solaire, il aurait créé l’univers en mélangeant les ténèbres primordiales et l’océan originel. La figure de Khépri, sous une forme divine, symbolise le soleil naissant, qu’il fait rouler chaque matin à l’horizon. Selon la mythologie, Râ aurait pleuré sa création, versant une larme qui aurait permis la naissance de la vie sur Terre.
Le scarabée, un symbole de renaissance et de création
La boule que le scarabée pousse incarnait le lever du soleil, une idée centrale dans la religion égyptienne. Qu’elle soit sculptée ou gravée, cette représentation évoquait le déplacement quotidien du disque solaire, personnifié par Khépri. L’insecte apparaissait comme un symbole de renaissance, d’éveil et de renouvellement, reflétant la continuité du cycle de la vie, du créateur au cosmos en passant par la résurrection.
Un talisman pour les vivants comme pour les défunts
En Égypte antique, le scarabée jouait un rôle essentiel dans les rites funéraires, en tant que symbole de renaissance. On plaçait souvent une amulette de cet insect sur le cœur du défunt ou dans ses tombes pour assurer sa transition vers l’au-delà. Des scarabées momifiés ou illustrés décoraient sarcophages, accompagnant les morts dans leur voyage vers l’immortalité.
Les scarabées commémoratifs et leur héritage
À partir du règne de Thoutmosis III (vers -1458 av. J.-C.), sont apparus des scarabées destinés à commémorer des événements importants, comme une victoire ou une alliance. Gravés de hiéroglyphes racontant ces histoires, ces pièces furent offertes à des personnages de haut rang. Des exemplaires en faïence, pierre ou or sont conservés au musée du Tendances et animaux. Leur longévité témoigne de leur symbolique durable : le pouvoir du scarabée en tant que porte-bonheur ne s’est pas démenti avec le temps.