Pourquoi appelle-t-on les policiers des « poulets » ? Explication du surnom et de ses origines

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Les appellations désobligeantes pour désigner les forces de l’ordre sont variées et souvent teintées d’humour ou de mépris. Depuis plus d’un siècle, le corps policier est surnommé par certaines personnes avec des termes empruntés au règne animal, comme « poulet » ou « keuf » pour faire référence aux policiers. Mais d’où vient cette comparaison avec un animal, et quelles similitudes peut-on établir entre la volaille et les agents de la loi ?

Explorons l’origine du surnom « poulet » pour désigner les policiers et découvrons si des sobriquets similaires existent dans d’autres langues.

Les racines du terme « policier »

Les mots liés à la police puisent leurs origines dans l’Antiquité. La racine grecque « polis » désignait la « ville » ou la « cité », point central de la vie communautaire. La « polis » était une cité-État où la notion de citoyenneté s’est peu à peu façonnée.

Le terme latin « politia » signifiait, quant à lui, la gestion ou la gouvernance d’un État. Son évolution, passant par « politeia » en grec, représentait le fonctionnement administratif d’une cité.

En français, le mot « police » a d’abord désigné l’administration et la régulation de la cité, avant de désigner plus précisément le corps chargé d’assurer l’ordre. Le terme « policier » a été créé à partir de ce mot pour désigner ses membres.

Avec la progression de la société, le métier de policier s’est spécialisé. Aujourd’hui, il est courant d’associer ce terme à un agent ou un officier dont la mission principale est de préserver la paix publique, d’garantir la sécurité des citoyens et de faire respecter la loi.

Pourquoi l’appellation « poulet » pour les policiers ?

Dans l’imaginaire collectif, le poulet est souvent vu comme un animal qui manque de courage ou qui paraît un peu simple d’esprit, malgré des études récentes qui tendent à nuancer cette image. Son vocalise amusante lorsqu’on l’imite est aussi une source d’amusement. Cependant, ce ne sont pas ces traits qui ont conduit à l’utilisation du terme « poulet » ou « poulaille » pour désigner la police. La véritable raison est historique.

En 1791, lors de la Révolution française, de nombreux bâtiments furent incendiés ou détruits, notamment la préfecture de police établie par Napoléon Ier. À cette occasion, le maire de Paris, Jules Ferry, mit à disposition de la police un nouveau bâtiment, la caserne située sur l’île de la Cité, au 36 quai des Orfèvres. Mais cette caserne avait été construite à partir d’un ancien marché de volailles, créé lors des grands travaux d’Haussmann. Lorsqu’on évoque ce lieu, rapidement, un lien se forge dans l’esprit des Parisiens entre la police et l’univers avicole, donnant naissance au surnom. Cette appellation s’est ensuite propagée dans d’autres villes françaises.

Une anecdote amusante raconte que l’épouse du général de Gaulle, Yvonne, aurait pensé à tort que ce surnom lui était destiné, en 1962, après l’attentat de Clamart. Elle aurait dit : « j’espère que les poulets n’ont rien eu ! », mais elle parlait en fait de poulets en gelée, qui se trouvaient dans la voiture présidentielle criblée de balles, et non des policiers en charge de sa sécurité.

Comparaisons et sobriquets dans d’autres langues

La France n’est pas la seule à utiliser des images animales pour désigner la police. Ce phénomène est répandu dans plusieurs cultures, avec des nuances selon les pays.

Les États-Unis ont popularisé dès les années 1960 le terme « pigs » (cochons, porcs), en référence à leur comportement de fouinage pour dénicher des indices ou des délinquants. Par ailleurs, le sobriquet « cops » (flics) est aussi très courant.

En Suède, c’est le mot « gris » pour « porc » qui s’impose. L’expression « porcs » commence à apparaître dans le langage familier français, influencée par la culture américaine, et peut même être utilisée de manière affectueuse.

En Allemagne, on utilise le terme « Bullen », qui signifie « taureaux ». Cet animal incarne la force, la puissance, voire une certaine agressivité, des qualités que la population allemande prête souvent à sa police.

En arabe, le mot « Hnouch » issu de l’argot marocain des années 1970 désigne des serpents et se réfère aussi à la police.

Les Britanniques parlent parfois de « bobbies » ou « peelers », en hommage à Sir Robert Peel, qui créa la police moderne britannique au XIXe siècle.

Quant aux Russes, ils utilisent l’appellation « копы » (se prononce « kopi »), une adaptation du terme américain « cops ».

En portugais, l’expression est tellement vulgaire qu’elle n’est même pas intégrée dans les dictionnaires, si bien qu’il vaut mieux éviter de l’utiliser ou de la rechercher.

Selon les cultures, la police peut donc être représentée par divers animaux, allant de la volaille à la bête forte, illustrant la perception locale de leur rôle et de leur puissance.

Mais qu’en est-il de l’expression « bœufs-carottes » ?

Ce surnom désigne une branche spécifique de la police, celle qui contrôle ou sanctionne en dehors du contact direct avec la population. Il s’agit d’un terme essentiellement français, sans équivalent évident à l’étranger. Son origine repose sur deux histoires différentes.

La première relie cette expression à la gastronomie : « bœufs-carottes » est un plat mijoté, symbole de patience et de lenteur – en référence à la manière dont l’IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale) mène ses enquêtes, parfois longues et minutieuses.

Une autre explication, plus socio-économique, concerne la réduction du salaire des policiers suspendus ou licenciés en cours d’enquête. Leur budget étant limité, ils se rabattent sur un plat bon marché, la viande de bœuf avec des carottes, d’où le surnom.

Une anecdote sur la publicité pour les volailles Tendances et animaux et la réaction de la police

En 2012, la marque de volaille Tendances et animaux a lancé une campagne humoristique mêlant policiers et poulets, avec une affiche représentant un agent sur un tracteur et un poulet perchés sur un panneau publicitaire. Le slogan évoquait la qualité et la liberté des poulets.

Le syndicat de police a rapidement réagi en demandant la suppression de cette affiche, accusant la campagne de moquerie et de dévalorisation de leur corps. La critique portait aussi sur l’impact potentiel de cette mise en scène sur l’image que les jeunes peuvent se faire des forces de l’ordre.

Cette entreprise n’en était pas à sa première tentative : après une précédente campagne en 2010, elle avait renouvelé l’opération malgré les protestations. Leur humour jugé osé par certains n’a pas été du goût des représentants de la police.

En conclusion, ces images d’animaux évoquant la police révèlent une facette culturelle sensible. Il est utile de garder à l’esprit que ces termes, souvent utilisés sur un ton badin, peuvent nourrir des stéréotypes ou des préjugés. Ils restent cependant souvent perçus comme familiers ou humoristiques.

Et vous, que pensez-vous de ces sobriquets ? Ont-ils leur place ou sont-ils sources d’insulte ? Partagez votre point de vue en commentaire !