Peut-on relâcher un animal né en zoo dans son environnement naturel ?

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Certaines personnes remettent en question la présence des zoos, estimant que garder un animal en cage est contraire à ses besoins naturels. Si l’on adopte cette perspective, il est légitime de se demander si certains animaux pourraient être relâchés dans leur milieu d’origine, notamment ceux qui y ont vu le jour. La question se pose quant à leur capacité à survivre à l’état sauvage, étant donné leur dépendance à l’homme pour l’alimentation, ou leur adaptation à la vie en liberté. De plus, il importe d’évaluer si une telle opération serait réellement bénéfique pour l’écosystème naturel. Nous abordons dans cet article ces interrogations avec sérieux.

quelques exemples de réintroductions remarquables

La réussite de projets de réintroduction du lynx dans des pays voisins a permis à cet animal de recoloniser naturellement les régions du Jura et des Alpes françaises entre les années 1970 et 1980. En 1977, un groupe d’organisations s’est organisé pour relâcher ce félin dans les Vosges, un processus qui a duré jusqu’en 1983. Durant cette période, 21 lynx, composés de 12 mâles et 9 femelles, ont été relâchés avec un suivi par radio pour plusieurs mois. Certains exemplaires ont malheureusement perdu la vie peu après leur relâchement, à cause de maladies ou d’abattages illégaux. À ce jour, la population de lynx dans cette région reste fragile, avec seulement quelques individus présents.

Le zoo de Doué-la-Fontaine, connu sous le nom de Bioparc, a été pionnier en France dans la sauvegarde des vautours. Dès 1983, il a fourni des oiseaux destinés à des programmes de réintroduction, car ces rapaces n’ont pas besoin d’apprendre à chasser, étant charognards. Leur rôle consiste à repérer un carcasse en vol pour y rejoindre leurs congénères. Plus de 40 ans plus tard, cette initiative est considérée comme un exemple de succès en conservation.

En Tunisie, un programme ambitieux a été lancé pour ramener des espèces emblématiques de la faune sauvage du pays, telles que l’oryx et l’addax, qui avaient disparu de la nature dans la région depuis plusieurs décennies. Initié en 2004, ce projet, financé notamment par le Fonds français pour l’environnement mondial, vise à réintroduire ces herbivores tout en renforçant les compétences locales de vétérinaires et de techniciens, afin d’assurer leur gestion durable. L’opération est aussi une opportunité de développement des savoir-faire pour plusieurs pays d’Afrique du Nord.

En Russie, dès 2005, le WWF a lancé une stratégie pour rétablir la panthère de Perse, aussi appelée léopard iranien, dans la région du Caucase. La première étape a consisté à restaurer le nombre de ses principales proies, en même temps qu’à renforcer la lutte contre le braconnage. Par la suite, des animaux élevés en captivité dans de grands enclos européens ont été placés dans des installations encore plus vastes, avec l’objectif final de libérer leurs jeunes dans la nature.

Un procédé semblable a été adopté pour la réintroduction de primates, notamment par le zoo de Beauval qui, en 2019, a relâché deux de ses gorilles au Gabon. Le principe repose sur l’élevage d’individus en captivité, puis leur réintégration progressive dans leur environnement naturel pour assurer la pérennité de l’espèce.

Ces exemples illustrent que les opérations de réintroduction engagent des efforts sur le long terme, nécessitant souvent plusieurs décennies pour juger de leur succès ou de leur échec.

en quoi consiste la réintroduction d’un animal dans la nature ?

La distinction essentielle porte entre animaux sauvages, domestiques et apprivoisés. Un animal sauvage évolue indépendamment de toute intervention humaine, vivant dans son habitat naturel. À l’inverse, l’animal domestique dépend totalement de l’homme, ayant été sélectionné pour ses caractéristiques. L’animal apprivoisé, quant à lui, a été élevé par l’homme pour devenir plus docile, mais garde des traces de sa nature sauvage. Entre ces catégories, certains animaux, appelés semi-sauvages, ont un contact limité avec l’homme, s’étant adaptés à sa présence sans en dépendre entièrement.

Par ailleurs, des animaux domestiques échappés de leur enclos et qui retournent à l’état sauvage sont désignés sous le terme de féralisation. Les chevaux, chèvres, porcs ou chats feraux illustrent cette capacité. Ces exemples suggèrent que des animaux nés en captivité pourraient, dans certaines conditions, retrouver la liberté dans la nature.

Toutefois, relâcher un animal captif dans la nature ne se limite pas à ouvrir une porte. Il s’agit d’un processus complexe, nécessitant une préparation minutieuse. En général, les animaux sont transférés dans des centres spécialisés où ils réapprennent à chasser ou à éviter les prédateurs. Pendant cette phase, l’homme reste à distance afin de ne pas influencer leur comportement. Après plusieurs mois d’évaluation, ceux qui ne s’adaptent pas sont placés en réserve naturelle sous surveillance étroite, où ils peuvent se reproduire. Leur progéniture pourra ensuite être relâchée dans la vie sauvage. La tendance actuelle privilégie la réintroduction des descendants d’animaux élevés en captivité, plutôt que des animaux nés en zoo.

La sélection du lieu de relâchement est également capitale. Les scientifiques doivent choisir un environnement où la nourriture et les conditions sont favorables, et le moment opportun, pour que la réintégration réussisse au mieux.

que peuvent faire les animaux en zoos ?

Grâce aux avancées en éthologie et en soins animaliers, les conditions de vie en captivité ont beaucoup évolué. Ce n’est plus uniquement pour préparer au retour à la vie sauvage, mais aussi pour réduire l’impact de la captivité sur leur bien-être. Même dans des espaces vastes, les animaux parcourent des distances considérablement inférieures à celles qu’ils auraient en milieu naturel. Leur alimentation, soigneusement élaborée par les soigneurs, vise à assurer un équilibre nutritionnel optimal, mais la façon dont cette nourriture leur est distribuée est également essentielle.

Aujourd’hui, il est considéré comme bénéfique d’offrir aux animaux en captivité des expériences proches de celles qu’ils rencontreraient à l’état sauvage. Par exemple, pour des girafes, mettre leur nourriture en hauteur dans des dispositifs semi-automatiques prolonge le temps de recherche et stimule leur comportement naturel. De cette façon, leur quotidien en captivité devient plus enrichissant et mieux adapté à leurs instincts.

quels animaux trouve-t-on aujourd’hui dans les zoos ?

Depuis la Convention de Washington, signée en 1973, la collecte d’animaux sauvages par les zoos est soumise à des règles strictes ou interdite, à l’exception des aquariums. Ces derniers peuvent continuer à capturer certains animaux en dehors des réglementations. Néanmoins, de nombreux zoos asiatiques ne respectent pas toujours ces conventions, contrairement à la France, où la législation est très encadrée.

Au fil du temps, la fonction des zoos a évolué. De simples lieux de domestication de la faune sauvage, ils sont désormais avant tout des sites dédiés à la conservation et à la sauvegarde des espèces. La dégradation des habitats naturels, la déforestation et les incendies géants menacent la survie de plusieurs espèces vulnérables, rendant les programmes de réintroduction indispensables pour préserver la biodiversité. La réintroduction a deux objectifs principaux :

  • assurer la survie à long terme d’une espèce,
  • rétablir la présence de ces animaux dans des zones où ils ont disparu.

En particulier, la réintroduction peut aussi corriger le déséquilibre des écosystèmes, en réimplantant des grands prédateurs ou autres espèces clefs dont la disparition perturbe l’ensemble de la chaîne écologique.

Par ailleurs, les zoos jouent le rôle de refuges pour des animaux issus du trafic ou maltraités qui ont été saisis par les autorités. Leur organisation a beaucoup progressé, avec le développement de parcs en semi-liberté, offrant des conditions plus proches du naturel. En 2019, on recensait plus de 2 000 établissements zoologiques dans le monde, dont environ 300 en France. Le parc zoologique de Tendances et animaux, par exemple, accueille des visiteurs chaque année, contribuant à l’éducation et à la conservation des espèces, tout en assurant le bien-être animal.