Les expressions faisant référence aux animaux ont souvent pour but d’accentuer certaines qualités ou défauts physiques ou comportementaux. Par exemple, lorsque l’on dit qu’une personne est « myope comme une taupe », cela implique que son acuité visuelle est très limitée. Mais qu’est-ce qui explique cette comparaison ? La taupe est-elle réellement presque aveugle ou ne possède-t-elle pas d’yeux visibles ?
Quelle est la signification de l’expression « myope comme une taupe » ?
Lorsqu’on qualifie quelqu’un de « myope comme une taupe », on veut dire qu’il a une vue extrêmement faible, voire pratiquement inexistante. Pour désigner une déficience visuelle sévère, on peut aussi utiliser des termes familiers tels que « bigleux » ou « miro ». Chez les anglophones, une autre métaphore concerne la chauve-souris, avec l’expression « blind as a bat », qui évoque une vision très limitée.
Qu’est-ce que la myopie ?
La myopie, dont le nom vient du grec « muôpia » signifiant « vision courte », est un trouble de la perception qui cause une perte de netteté à distance. Dans ce cas, l’œil est souvent décrit comme étant trop long, ce qui fait que la concentration des rayons lumineux se produit devant la rétine plutôt que dessus. La conséquence est que les objets éloignés apparaissent flous, alors que ceux de près restent visibles clairement. En somme, un individu myope voit mieux de près que de loin.
Pourquoi associer la taupe à un animal presque sans vue ?
La taupe est l’un des petits mammifères souterrains qui a donné naissance à cette expression en raison de ses capacités visuelles limitées. Son nom, tiré du latin « talpa », désigne une espèce de fouisseur dépourvue d’oreilles visibles et dont la vision est presque inexistante. La faiblesse de sa vue en fait un symbole d’une perception visuelle pauvre, et elle a été associée à d’autres animaux dont la vision est également très réduite, comme le rat-taupe, le hamster-taupe, ou certains requins-taupes. Ces dernières espèces partagent en effet des caractéristiques similaires, notamment une vision peu développée.
Quelle est l’origine de l’expression « myope comme une taupe » ?
Les premières traces de cette phrase remontent au XIIIe siècle, où le notaire et philosophe Brunet Latin mentionne que la taupe ne voit rien, expliquant que ses yeux sont peu ou pas fonctionnels, recouverts par une peau qui ne permet pas leur ouverture. Plus tard, en 1640, Antoine Oudin, dans son dictionnaire, fait référence à l’expression « aveugle comme une taupe » pour désigner quelqu’un qui ne perçoit rien avec sa vue.
Quand cette expression a-t-elle été popularisée ?
La formule « myope comme une taupe » ne s’est vraiment répandue qu’au XIXe siècle. Elle apparaît dans des textes littéraires, notamment chez Alexandre Dumas en 1852, où il décrit un personnage comme étant « myope comme une taupe ». Un siècle plus tard, l’écrivain Léo Malet reprend cette image dans son roman policier, pour décrire un regard très particulier et peu précis.
La taupe possède-t-elle réellement des yeux ?
Oui, la taupe possède bien des yeux, mais ceux-ci sont extrêmement petits et en partie recouverts de poils et d’une couche protectrice. Pour mieux voir, on peut déloger délicatement les poils situés près de son museau, ce qui permet d’apercevoir ses minuscules orifices oculaires incrustés dans la peau. Ces yeux minuscules sont souvent difficiles à repérer, mais ils existent bel et bien.
La taupe est-elle vraiment aveugle ?
Non, la taupe n’est pas totalement aveugle, mais elle a une vision extrêmement faible. Des études montrent que la structure de ses yeux est défectueuse : le cristallin, qui permet normalement de faire la mise au point, est mal développé, rendant difficile la perception précise des formes. Toutefois, cette limitation ne la prive pas totalement de la capacité de distinguer la lumière de l’obscurité, ce qui lui est vital dans son environnement souterrain.
La vision limitée d’une taupe constitue-t-elle un handicap ?
Bien que sa vue soit très réduite, cela ne compromet pas ses activités vitales. Elle peut toujours s’orienter dans ses tunnels, repérer si elle est en surface, et percevoir des mouvements tels que ceux de ses proies ou d’éventuels prédateurs. Son évolution a progressivement diminué l’importance de la vue dans son mode de vie, compensant cette faiblesse par le développement accru d’autres sens. L’ouïe, l’odorat et le toucher, notamment à travers ses vibrisses, jouent un rôle crucial pour naviguer et chasser dans son environnement souterrain.