Les oiseaux dorment-ils vraiment en vol ? Explications et mythes à connaître

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En Europe, dès la tombée de la nuit, les chants diurnes cessent et cède la place à un calme profond. Si certains oiseaux nocturnes peuvent émettre encore quelques cris, la majorité d’entre eux suspendent leur activité pour dormir. Leur cycle naturel repose sur une alternance jour-nuit, ce qui suggère qu’ils profitent des nuits pour se reposer. La raréfaction de leur présence dans le ciel nocturne indique qu’ils ne volent pas en dormant, même si quelques oiseaux seraient capables de dormir en vol. Explorons ces aspects plus en détail.

le repos des Psittacidés

Le sommeil occupe une place essentielle dans la santé de chaque animal, y compris chez les oiseaux : il permet à leur organisme de récupérer, de réduire leur stress, et leur cerveau de traiter et de mémoriser les informations. Nos connaissances sur ce sujet s’affinent grâce à des recherches régulières. La famille des Psittacidés, qui rassemble notamment les perroquets, perruches, inséparables et touïs, a été scrupuleusement étudiée, offrant une vue précise sur leurs habitudes de sommeil.

Dans leur environnement naturel, ces oiseaux se reposent généralement entre 10 et 12 heures d’affilée. Lorsqu’ils évoluent près de l’équateur, leur rythme est strictement de 12 heures de lumière et 12 heures d’obscurité. En revanche, dans des régions plus éloignées, comme en Indonésie ou en Australie, leurs cycles s’adaptent aux variations saisonnières. Avant que la nuit ne tombe complètement, ils préparent leur coucher, souvent trente minutes à une heure à l’avance. Selon leur mode de vie, ils peuvent dormir dans des cavités rocheuses, en haut d’un arbre ou sur une branche. En captivité, ils privilégient souvent les nids, perchoirs ou même des espaces aménagés comme des tentes.

Où s’abritent les oiseaux pour dormir ?

Une majorité d’entre eux choisissent des sites correspondant à leurs habitats durant la saison de nidification, principalement pour assurer leur sécurité. Par exemple, les oiseaux bâtisseurs de nids dans les arbres, comme le geai bleu, se perchent souvent à demeure dans leur arbre. Certains, tels que les corbeaux ou les étourneaux, se rassemblent en groupes au crépuscule, passant la nuit dans des arbres ou des buissons. D’autres, comme les troglodytes ou les rouges-gorges, optent pour des buissons ou des nichoirs. Les merles, par exemple, se reposent dans des zones végétales denses et les oiseaux cavernicoles comme certains pics trouvent refuge dans des cavités naturelles ou artificielles. Les rapaces préfèrent souvent s’installer en haut des grands arbres.

Les oiseaux marins, quant à eux, ont développé la capacité de dormir directement sur l’eau. Canards, oies et cygnes restent souvent en flottant, même lorsque l’eau gèle, ils se réfugient sur la glace ou prochent des rives. Le pinson du Nord, lui, recherche sa nourriture dans les forêts de hêtres, mais rejoint ses groupes dans les plantations de conifères pour dormir collectivement.

Leur durée de sommeil est généralement proportionnelle à la longueur de la nuit : ils en profitent davantage lors des saisons hivernales, avec des nuits plus longues, qu’en été. Cependant, ils ne s’endormissent pas instantanément au coucher du soleil ; ils attendent parfois un peu pour sombrer dans le repos, surtout si la nuit est exceptionnellement longue. Lorsqu’elle est très courte ou inexistante, comme en été dans l’Arctique, la majorité de ces oiseaux privilégient néanmoins une période de repos variable, d’au moins une à deux heures.

le sommeil unihémisphérique à ondes lentes

Les idées reçues selon lesquelles certains oiseaux dormiraient en vol ne sont pas totalement exactes. Cependant, le martinet noir fait figure d’exception souvent citée. Que sait-on réellement à son sujet ?

Ce volatile migrateur passe une grande partie de sa vie dans les airs. Capable aussi de se poser pour couver, il a été observé sortant du nid à l’âge de jeune et passant deux années entières en vol ininterrompu, sans se poser. Le besoin de repos étant vital pour le fonctionnement cérébral, comment ces oiseaux parviennent-ils à satisfaire cette nécessité ?

Des observations au radar ont révélé que des groupes de martinets convergent vers des zones où ils forment des cercles au crépuscule. À l’instar du requin, qui optimise ses économies d’énergie en exploitant les courants lors de ses pauses, ces oiseaux utiliserait des variations de température pour planer et se reposer en micro-pauses. Une approche qui pourrait s’expliquer par le sommeil unihémisphérique à ondes lentes, semblable à celle que l’on retrouve chez certains mammifères comme les dauphins. Cela permettrait à un hémisphère de se reposer tout en maintenant la vigilance de l’autre, leur permettant ainsi de continuer leurs activités tout en assurant un repos partiel du cerveau.

Cette stratégie ne serait pas limitée aux oiseaux migrateurs comme le martinet ou l’albatros. Par exemple, les canards qui dorment sur l’eau gelée pourraient également recourir à ce type de sommeil pour rester alertes face à la vulnérabilité de leur position. Ainsi, le sommeil unihémisphérique à ondes lentes constituerait une option flexible, adaptée à certaines situations.

Pour beaucoup d’oiseaux, dormir dans des lieux totalement sécurisés n’est pas toujours possible. Leur survie dépend alors de stratégies pour rester prudents. Certains échassiers, comme les hérons, reposent leurs pieds dans l’eau pour être sensibles aux vibrations, anticipant ainsi la présence de prédateurs. D’autres préfèrent percher en groupe dans les arbres proches de l’eau. Toutefois, certains oiseaux, tels que la grouse ou la caille, qui ne peuvent s’envoler rapidement ou se réfugier en hauteur, comptent sur leur camouflage et le sommeil unihémisphérique pour préserver leur sécurité.

Comment les oiseaux perchés évitent-ils de tomber pendant leur sommeil ?

Les passereaux, en particulier, se perchent souvent tout en restant endormis. Leur point fort réside dans leurs tendons fléchisseurs, qui enserrent leur branche et se tendent automatiquement lorsque l’oiseau se pose. Ce mécanisme leur permet de rester suspendus sans effort. Seul un act volontaire de leur part peut relâcher cette tension, ce qui évite qu’ils tombent. Cette adaptabilité leur permet même de dormir la tête en bas, comme l’a démontré l’observation de certains colibris.