Il y a environ 66 millions d’années, l’extinction massive des dinosaures a marqué la fin d’une ère, pourtant ces créatures, qui n’ont jamais côtoyé l’humain, occupent encore une place centrale dans notre imaginaire collectif. Les avancées scientifiques permettent aujourd’hui de mieux comprendre leur environnement et leur diversité, révélant notamment l’existence de dinosaures carnivores ainsi que d’espèces herbivores ou omnivores, ces dernières étant plus rares. Cet article se concentre principalement sur les premiers.
Date d’apparition et fin de vie des dinosaures
Les traces des premiers dinosaures remontent à la dernière période du Trias, il y a environ 230 millions d’années, et ils disparaissent à la fin du Crétacé, il y a 65 millions d’années. Entre ces deux moments, le Jurassique s’étend de 200 à 130 millions d’années, période durant laquelle la biodiversité évolue significativement.
Leur apparition succède à une extinction de masse ayant éliminé plus de 95 % des espèces marines et 70 % des espèces terrestres. Dès lors, les dinosaures prospèrent aux côtés d’autres formes de vie sur la masse continentale unique qu’était la Pangée, qui abritait également les premiers mammifères. La fin du Trias et l’entrée dans le Jurassique voient une nouvelle crise écologique avec la fragmentation de la Pangée, aboutissant à la formation de deux continents et favorisant une explosion de la diversité de ces reptiles.
Malheureusement, la cause exacte de leur disparition reste encore incertaine. Toutefois, il est probable que deux événements naturels aient joué un rôle majeur : d’une part, une activité volcanique intense en Inde pouvant avoir bouleversé le climat terrestre, et d’autre part, un impact d’astéroïde d’une dizaine de kilomètres de diamètre dans la péninsule du Yucatan, responsable d’une obscurcité prolongée de la planète, stoppant la photosynthèse et entraînant un refroidissement global, ce qui a coupé la chaîne alimentaire des herbivores, puis de leurs prédateurs carnivores. Parmi ceux-ci, certains mangeaient d’autres dinosaures ou leurs œufs, mais aussi des mammifères, de petits insectes ou des oiseaux, tandis que d’autres se nourrissaient de cadavres en décomposition ou de gros poissons.
Traits caractéristiques des dinosaures carnivores
Actuellement, les paléontologues ont dénombré près de 1 000 espèces de dinosaures, mais il est très probable que ce chiffre soit inférieur à la réalité, tant ces animaux étaient nombreux et diversifiés. On sait que leur régime alimentaire façonnait leur morphologie, en particulier chez ceux qui se nourrissaient de viande. Qu’ils soient bipèdes ou quadrupèdes, ces carnivores présentaient de longues pattes puissantes essentielles à la poursuite de leurs proies. Leur tête, allongée et possédant un cou robuste, était souvent équipée de mâchoires impressionnantes, munies de dents aiguisées et de griffes acérées, taillées pour déchirer la chair. La vue perçante et l’odorat développé leur conféraient des avantages lors de la chasse. Selon leur mode de vie, certains chassaient seuls, d’autres, comme le Mapusaurus ou le Tyrannosaurus Rex, formaient des groupes pour traquer en équipe leurs proies. La diversité de leur comportement reflète la variété des stratégies de prédation. Parmi les dinosaures carnivores, on distingue trois grands groupes.
Le tyrannosaure rex
Le Tyrannosaurus Rex demeure le représentant le plus emblématique de ces prédateurs. Vivant il y a entre 68 et 66 millions d’années, il évoluait en Amérique du Nord. Ce bipède à la tête massive possédait une longue queue qui lui assurait un équilibre optimal. Avec une taille dépassant souvent 13 mètres, et un poids avoisinant 8 tonnes, il est considéré comme l’un des plus grands carnivores terrestres ayant peuplé la Terre. La nature exacte de son alimentation fait encore débat : certains spécialistes le classent parmi les mangeurs de dinosaures herbivores ou de charogne.
Le vélociraptor
Le Vélociraptor se distingue par sa griffe rétractile acérée de vingt centimètres sur le doigt central, idéale pour infliger des blessures. Sa mandibule était remplie de 80 dents pointues, renforçant son aspect redoutable. Il vivait entre 80 et 70 millions d’années, n’ayant jamais rencontré le Tyrannosaurus Rex. Mesurant entre 1,50 m et 2 m de la tête à la queue, il ne pesait que 15 à 20 kg. Son corps était bipède, avec une tête fine et plate, probablement recouverte de plumes, mais incapable de voler. Vélociraptor est reconnu pour sa rapidité, pouvant atteindre 60 km/h, et pour son intelligence collective, avec une capacité à chasser en groupe.
L’allosaure
L’Allosaure, cousin du Vélociraptor, a vécu il y a environ 155 à 145 millions d’années, principalement en Amérique du Nord et en Europe. Il est l’un des dinosaures les plus étudiés. Sa queue servait d’équilibreur, tout comme celle du Vélociraptor. Il avait trois griffes aux doigts, une mâchoire puissante, et des dents en forme de lame. Sa taille pouvait atteindre entre 8,5 et 12 mètres, avec un poids estimé autour de 2,2 tonnes. Son régime se composait principalement de dinosaures herbivores, qu’il traquait pour se nourrir.
Le composgnathus
Le Compsognathus est un petit dinosaure carnivore, généralement inférieur à un mètre de long, ayant vécu il y a entre 155 et 150 millions d’années. Sa silhouette fine lui confère agilité et rapidité, avec une vitesse atteignant 60 km/h. Il chassait probablement des insectes ou de petites proies, ce qui lui permettait de survivre dans des environnements variés.
Le spinosaurus
Le Spinosaure vivait il y a environ 100 millions d’années, dans ce qui est aujourd’hui l’Égypte. Ce dinosaure mesurait entre 16 et 18 mètres de long, pouvant atteindre 5 à 6 mètres de hauteur pour un poids d’environ 9 tonnes. Une caractéristique distinctive était la série d’épines osseuses longeant sa colonne vertébrale, formant une sorte d’excroissance dorsale dont la fonction reste mystérieuse : régulation thermique, intimidation ou séduction ? La forme de son crâne rappelle celle des crocodiles actuels.
L’albertosaure
Vécu il y a environ 70 millions d’années en Amérique du Nord, l’Albertosaure est un cousin du tyrannosaure. Ce bipède mesurait probablement 9 mètres de long pour un poids inférieur à deux tonnes et se nourrissait principalement d’autres dinosaures.
Le megalosaurus
Le Mégalosaurus évoluait il y a entre 175 et 164 millions d’années. Sa taille atteignait 6 à 7 mètres de longueur et 3 mètres de hauteur. Premier dinosaure à avoir été décrit par la science, il est connu grâce à des restes partiels, mais les comparaisons avec d’autres espèces montrent qu’il s’agissait d’un carnivore bipède, proche des grands théropodes comme l’Allosaurus ou le Tyrannosaurus. La popularité du Mégalosaurus dans la littérature ancienne, notamment dans Le Monde perdu de Arthur Conan Doyle, témoigne de son rayonnement à la fin du XIXe siècle. Cependant, dès les années 1920, le Tyrannosaurus Rex a pris la relève en termes de célébrité.
Le mapusaurus
Vivant il y a entre 99 et 93 millions d’années, le Mapusaurus est un dinosaure de grande taille, comparable au Tyrannosaurus Rex. Il se distingue par sa capacité à chasser en groupe, ce qui lui permettait d’attaquer des proies de grande taille comme des sauropodes ou d’autres théropodes imposants.
Le dilophosaure
Le Dilophosaure a vécu entre 199 et 183 millions d’années. Son stature était modeste, mesurant moins de 2 mètres de haut et 6 mètres de long, avec un poids d’environ 500 kilos. Il possédait des griffes sur toutes ses pattes et une gueule étroite et souple, adaptée à une chasse polyvalente, capable d’appréhender aussi bien de gros mammifères que de petites proies telles que lézards.
Ce portrait n’évoque qu’une petite partie des dinosaures carnivores. La diversité de ces animaux était immense. Leur taille pouvait varier jusqu’à celle d’un poulet, mais certaines espèces, probablement les plus impressionnantes, figurent parmi les plus grands prédateurs ayant jamais existé. Aujourd’hui, il est reconnu que les oiseaux descendent directement de ces reptiles. Alors que près de 40 % des genres identifiés par les paléontologues appartiennent à la famille des théropodes, beaucoup restent encore à découvrir, car la plupart ne sont connus que par un seul spécimen. La richesse de leur catalogage témoigne que notre connaissance des dinosaures évolue constamment, et que cette période fascinante continue de réserver des surprises.