L’Antarctique, territoire extrême et inhospitalier, se distingue par un climat rigoureux, caractérisé par des températures froides, un vent persistent et un air sec. Cette région est peuplée de manière permanente par aucune communauté humaine, sauf pour la recherche scientifique. L’article présente certains des organismes les plus emblématiques qui peuplent cette zone isolée et fascinante.
oiseaux de l’Antarctique
Les aviens constituent probablement la faune la plus accessible pour l’observation en Antarctique. Leur diversité est restreinte, avec un total d’environ 43 espèces, mais leurs populations peuvent être extrêmement importantes. Parmi eux figurent des albatros, pétrels, cormorans, goélands, et d’autres oiseaux moins connus, qui évoluent dans cet environnement extrême.
Les manchots dominent parmi les oiseaux typiques de ce continent, formant des colonies qui impressionnent par leur taille. Sur Terre, on en recense 17 espèces, dont huit sont confinées aux îles et aux territoires subantarctiques proches de l’Antarctique. Parmi ces huit, deux sont exclusivement endémiques au continent : le manchot Empereur et le manchot Adélie. Ces oiseaux marins ne peuvent pas voler, mais leurs ailes ont évolué pour devenir des palmes efficaces pour la nage et la plongée. Leur queue leur sert de gouvernail pour naviguer avec précision dans l’eau, tandis que leur corps effilé leur permet d’effectuer de remarquables performances aquatiques. Le manchot Empereur, le plus imposant et lourd, détient des records tels que 32 minutes d’apnée ou une plongée à 535 mètres de profondeur. Capable d’atteindre une vitesse de 10 km/h en moyenne, il peut filer à 20 km/h sur de courtes distances. De son côté, le manchot Adélie, plus léger, nage à environ 8 km/h mais peut atteindre 25 km/h pour échapper à ses prédateurs. Certains manchots adoptent la nage dite du marsouinage, sautant à la surface de l’eau pour déstabiliser et disperser leurs poursuivants, à l’image des dauphins ou marsouins.
La sterne antarctique (Sterna vittata) est un oiseau de taille moyenne, mesurant entre 35 et 40 cm, avec une envergure de près de 80 cm et une masse oscillant entre 150 et 180 g. Il fréquente principalement de petites îles ainsi que les côtes proches du continent. Son régime alimentaire consiste en petits poissons et crustacés. Ressemblant beaucoup à la sterne arctique, cette espèce ne migre pas, contrairement à sa cousine qui effectue chaque année de longues migrations. Les œufs et les jeunes de la sterne sont vulnérables face à la prédation de goélands et de labbes.
Le pipit antarctique est un petit passereau de 16 cm, avec une envergure de 23 cm. Il représente l’unique espèce d’oiseau non marin présente en Antarctique. Sa nichée se trouve dans la végétation de la Géorgie du Sud et des îles avoisinantes, où il construit ses nids au sol, dans des hautes touffes d’herbes, souvent près des sources d’eau ou des étangs. Très fragilisé par l’introduction de rongeurs comme le rat brun (Rattus norvegicus), il est désormais considéré comme « quasi menacé ». Selon la saison, il se nourrit principalement d’insectes et de crustacés. En hiver, il occupe les zones de dégel, le long des côtes libres de glace.
Le chionis blanc fréquente la péninsule antarctique et les îles subantarctiques. Son apparence évoque celle d’un pigeon blanc à silhouette arrondie. Doté d’une longueur pouvant atteindre 41 cm et d’un poids maximum avoisinant 775 g, il évolue souvent en groupe sur les côtes, notamment lors de la période de reproduction. Ces oiseaux se nourrissent d’œufs, de petits poussins, voire de placentas, et sont capables de forcer les manchots à régurgiter leur nourriture. Leur alimentation comprend également des matières fécales, des carcasses d’animaux morts, du poisson et des algues marines.
Le labbe antarctique, ou skua, est un prédateur redoutable. Deux espèces sont présentes en Antarctique. Furieux chasseresses, ils évoluent en mer mais se rapprochent des terres lors de la reproduction, où ils volent ou prennent d’assaut les œufs et les jeunes manchots. La survie des petits dépend largement de la vigilance de leurs parents face à ces prédateurs redoutables.
pinnipèdes de l’antarctique
Les pinnipèdes sont des mammifères marins qui se déplacent entre la terre et l’eau, munis de nageoires en guise de membres. La famille regroupe le morse (seul représentant des Odobenidés), les Otariidés (lions de mer et otaries à fourrure) et les Phocidés (phoques et éléphants de mer). En Antarctique, il est courant d’observer le phoque de Weddell, le phoque crabier, ainsi que les éléphants et phoques de Ross, souvent apaisés sur les blocs de glace flottants.
Le léopard des mers appartient aux cinq espèces de phoques présentes en Antarctique. Sa silhouette est facilement reconnaissable à ses tâches foncées qui ornent son corps. Se nourrissant principalement de krill, il consomme aussi une proportion considérable de jeunes phoques, de manchots, d’oiseaux et de poissons. Très vif, il pratique diverses méthodes de chasse, allant d’attaques sur la glace à la poursuite en eaux libres ou à la chasse en embuscade. Capable de sauter à deux mètres de hauteur et de atteindre 21 km/h, il demeure une proie pour les orques (Orcinus orca) et grands requins blancs (Carcharodon carcharias). Sur le plan sexuel, il est notable que les femelles soient souvent plus volumineuses que les mâles, pouvant atteindre 500 kg pour près de 4 mètres de long. Sa mâchoire puissante comporte une denture spécifique : 16 dents, permettant à la fois de filtrer le krill à l’aide de fanons, comme chez les baleines, mais aussi de découper les proies plus grosses grâce à ses longues canines de 2,5 cm.
cétacés de l’antarctique
Les cétacés, comprenant baleines, dauphins, narvals et orques, occupent une place essentielle dans l’écosystème antarctique. Bien qu’ils soient présents dans d’autres régions du globe, cette zone constitue une étape cruciale pour leur alimentation estivale, grâce à la abondance du Krill antarctique (Euphausia superba), pouvant peser jusqu’à 500 millions de tonnes. Ces petits crustacés sont la base de la chaîne alimentaire pour de nombreuses espèces de mammifères marins.
La baleine bleue, plus grand animal vivant connu, mesure jusqu’à 30 mètres et pèse jusqu’à 130 tonnes, ce qui en fait la plus imposante de tous les cétacés. Elle se rassemble dans les eaux australiennes en été pour se nourrir, ingérant environ 8 tonnes de krill chaque jour lors de plongées de 5 à 30 minutes. Son seul prédateur est l’orque. La femelle donne naissance à un seul petit tous les deux ou trois ans dans des eaux plus tranquilles, évitant ainsi de mettre en danger le nouveau-né dans le froid extrême.
Le petit rorqual de l’Antarctique, aussi appelé baleine de Minke, fréquente les eaux des hémisphères Sud. Avec une taille moyenne de 8 à 9 mètres à l’âge adulte, cette espèce est souvent ciblée par la chasse. Sa taille compacte lui permet de manœuvrer aisément parmi les blocs de glace, facilitant sa survie dans ces environnements hostiles.
Le narval, ou licorne des mers, qui vit dans l’Arctique, possède une longue défense torsadée chez le mâle, pouvant atteindre 3 mètres. La longueur totale de l’animal, entre 4 et 5 mètres, inclut cette arme unique. La corne paraît jouer un rôle sensoriel, permettant de détecter la pression, la salinité et la température de l’eau, ce qui leur confère des capacités exceptionnellement fines de perception sensorielle.
La faune antarctique se distingue nettement de celle de l’Arctique. En juin 2021, la France organisait la 43e session de la Réunion consultative du Traité sur l’Antarctique, consacrée à la conservation de la biodiversité du continent blanc. Ce territoire joue un rôle écologique majeur, notamment en tant que principal réservoir de chaleur et de carbone sur la planète, grâce à l’océan Austral.