L’Arctique, situé au pôle Nord de notre planète, est une région partagée entre huit nations. La saison hivernale y s’étire sur plusieurs mois, accompagnée de températures extrêmes, avec une obscurité continue durant une grande partie de cette période. En revanche, la courte période estivale se distingue par de longues journées où le soleil ne se couche pas, prolongeant ainsi la lumière du jour. Cette zone se compose d’un océan peu profond, recouvert de glace partielle, et de vastes étendues de toundra venteuse, caractérisées par un sol gelé connu sous le nom de permafrost. Au printemps, une floraison précipitée permet à quelques plantes de s’épanouir brièvement. La faune locale est adaptée à ces conditions rudes, avec de nombreux animaux polaires capables de supporter les températures glaciales. D’autres espèces choisissent de n’y séjourner que durant l’été, migrant pour échapper au froid intense. Parmi ces habitants, certains sont emblématiques de ce territoire arctique.
l’ours blanc
L’ours blanc incarne la mascotte de l’Arctique, étant absent des autres continents. Son absence en Antarctique s’explique par des événements remontant à 200 millions d’années, lors de la fragmentation du supercontinent Pangée, qui a limité la dispersion des espèces. Deux hypothèses expliquent cette absence : soit l’animal n’a jamais colonisé cette région, soit il n’a pas survécu aux changements climatiques. Adapté à la chasse des phoques et morses, il se nourrit principalement des jeunes de ces mammifères marins. Doté de griffes courbes de plusieurs centimètres, ses pattes palmées lui confèrent une grande agilité aquatique. Son sens olfactif lui permet de détecter une proie à des kilomètres, et sa vue dispose d’une troisième paupière qui filtre la lumière réfléchie par la glace. La couleur de son pelage varie selon la saison, passant du blanc jaunâtre à un blanc pur, ce qui lui assure une excellente invisibilité pour ses proies. Son mode de chasse peut varier : il peut attendre immobile ou poursuivre ses cibles sur la glace ou dans l’eau. En cas de pénurie de phoques, l’ours blanc peut aussi se nourrir de carcasses, d’oiseaux ou de végétation. Sa population est estimée entre 22 000 et 31 000 individus.
les pinnipèdes
Les mammifères marins connus sous le nom de pinnipèdes comprennent diverses espèces à la morphologie semi-aquatique, munies de nageoires à la place des pattes. Parmi eux, on trouve le morse — le seul survivant de sa famille, les Odobenidés —, ainsi que les Otariidés, regroupant les lions de mer et les otaries à fourrure, et enfin les Phocidés, comprenant les phoques et les éléphants de mer. Historiquement, ces animaux étaient chassés par les populations autochtones de l’Arctique pour leur viande, leur graisse et leur fourrure. La taille varie considérablement : la femelle du phoque marbré ne dépasse pas 1,4 mètre et pèse environ 50 kg, tandis qu’un mâle éléphant de mer peut atteindre près de 5 mètres pour un poids pouvant dépasser 2,5 tonnes. Ces espèces font partie du régime des grands prédateurs tels que l’orque, présente dans toutes les mers du globe, et plusieurs grands requins comme le requin blanc, le requin-tigre ou le mako, qui chassent également ces mammifères marins.
Sur la banquise, il est courant d’observer des phoques du Groenland, des phoques barbus et marbrés. Certains, comme ces derniers, ont développé des stratégies pour échapper à leurs prédateurs : ils construisent leurs tanières sous la glace. Leur corps fusiforme, recouvert d’une fourrure hydrofuge, leur permet d’être rapides et agiles dans l’eau. Privés d’oreilles externes, ils comptent sur leurs vibrisses sensorielles pour repérer leur environnement. Sur terre, leur démarche peut sembler maladroite, mais dans l’eau, ils sont extrêmement mobiles. Leur épaisse couche de graisse, comprise entre 7 et 10 cm, leur sert d’isolation thermique, leur permettant de maintenir une température corporelle constante de 37 °C, même dans une eau glacée à moins de zéro. La forme cylindrique de leur corps facilite la réduction des pertes de chaleur et optimise leur déplacement aquatique.
le harfang des neiges
Symbole de la faune du Québec depuis 1987, l’Harfang des neiges, ou Bubo scandiacus, est un grand rapace emblématique du territoire arctique. Reconnaissable à ses yeux jaunes et à son plumage blanc, il a gagné en popularité grâce aux médias et à la culture populaire, notamment la saga Harry Potter, où il représente la chouette du héros. La femelle, légèrement plus grande que le mâle, arbore un plumage blanc immaculé, alors que les jeunes et les femelles peuvent présenter des taches ou des bandes brunes. Avec une envergure pouvant atteindre 1,70 mètre chez les femelles, elles pèsent entre 1 et 2,5 kg pour une longueur d’environ 70 cm. Capable de maintenir son corps à une température comprise entre 38 et 40 °C malgré des environnements où la température extérieure peut descendre à -50 °C, cet oiseau occupe une position élevée dans la chaîne alimentaire. Son menu consiste principalement en lièvres arctiques et en oiseaux de mer, mais il peut aussi se rabattre sur des cadavres si les ressources se font rares.
le lièvre arctique
Le lièvre arctique, ou Lepus arcticus, se distingue nettement du lièvre variable par son habitat et ses caractéristiques. Principalement présent dans la toundra du Groenland, ainsi que dans les régions septentrionales du Canada et de l’Alaska, il est capable de creuser de profondes burrows dans la neige et la terre. Souvent surnommé le “lièvre à raquettes” en raison de ses doigts écartés qui facilitent la marche dans la neige, il peut atteindre une vitesse de 60 km/h pour échapper à ses prédateurs tels que le loup arctique ou l’ours polaire. Ses oreilles, plus courtes que celles d’autres lièvres, contribuent à minimiser la perte de chaleur. En hiver, son pelage devient entièrement blanc afin de mieux se camoufler dans la neige, tandis qu’en été, il adopte une teinte brune pour se fondre dans le milieu rocheux et boueux.
le loup arctique
Le loup arctique, appelé Canis lupus arctos, parcourt les territoires glacés du nord de l’Amérique. Son cousin sibérien, le Canis lupus albus, partage une zone similaire dans la toundra de Sibérie et la Scandinavie. Adapté au climat rigoureux, il évolue dans un environnement enneigé toute l’année, avec des températures pouvant atteindre -60 °C en hiver. Ce loup, de taille modérée, mesure généralement moins de 90 cm de long, la queue ajoutant une trentaine de centimètres, et dépasse rarement 80 cm à l’épaule. Cependant, son poids est plus élevé que celui du loup blanc : il peut atteindre 45 kg en moyenne, avec des individus plus lourds, même jusqu’à 80 kg. Ses adaptations morphologiques incluent une fourrure blanche dense, un museau plus rond, des oreilles plus petites et des pattes raccourcies, le tout destiné à optimiser la conservation de la chaleur dans ces conditions extrêmes.
le renard polaire
Le renard arctique, aussi appelé renard polaire, renard isatis ou renard bleu, occupe l’ensemble des zones arctiques. Plus petit que le renard roux, il ne dépasse pas un mètre de long pour un poids inférieur à 5 kg. Ses oreilles sont réduites, tout comme son museau, afin de limiter la perte de chaleur. La particularité du renard arctique réside dans son changement de pelage selon la saison : en hiver, il se pare d’un manteau blanc pour se camoufler efficacement dans la neige, alors qu’en été, il adopte une teinte brun foncé, plus adaptée à l’environnement moins enneigé.
le bœuf musqué
Originaire de la toundra canadienne, le bœuf musqué, ou Ovibos moschatus, possède une ressemblance avec le bison, tout en étant plus proche des mouflons et des chèvres par sa constitution robuste. Son corps massif, lourd, est conçu pour résister aux conditions extrêmes : les mâles adultes pèsent généralement entre 270 et 315 kg, tandis que les femelles sont sensiblement plus légères. Dotés de cornes imposantes en forme de moustaches, ils cherchent leur nourriture en brisant la couche de neige avec leur tête si leurs pattes n’y parviennent pas. La cape de poils épaisses et laineux, leur confère une excellente isolation thermique, même face à des vents violents et à des températures de -40 °C. Leur laine, fine et aussi chaude que la laine cachemire, a été surnommée par les Inuits “l’animal dont la fourrure ressemble à une barbe”. La plupart du temps, ils perdent leur toison à la mi-saison estivale.
le lemming arctique
On recense trois espèces de lemmings dans l’Arctique canadien : le lemming brun (Lemmus sibiricus), le lemming variable (Dicrostonyx torquatus) dans la partie ouest de la baie d’Hudson et dans l’archipel arctique, ainsi que le lemming d’Ungava (Dicrostonyx hudsonius) dans la péninsule du même nom. Ces petits rongeurs, apparentés aux souris, jouent un rôle central dans l’écosystème arctique. En raison de mécanismes encore mal compris, leur population fluctuate fortement tous les quatre ans environ, avant de chuter brutalement. Leur alimentation compose principalement de végétaux, mais leur cycle de vie influence également la prolifération d’autres espèces animales comme l’hermine, le renard arctique, le harfang des neiges, ainsi que des oiseaux de proie comme le faucon gerfaut. Ces dynamiques de population expliquent à leur tour celles de tout l’écosystème de la région.
De manière générale, les animaux polaires présents dans l’Arctique ont développé des caractéristiques morphologiques et comportementales leur permettant de faire face à des conditions extrêmes. Toutefois, certaines espèces migrent saisonnièrement pour échapper au froid, faisant de cette région une passerelle pour de nombreux oiseaux et mammifères en déplacement vers d’autres milieux plus tolérants à la chaleur.