Les relations entre l’humanité et le règne animal ont connu des transformations continues. Une meilleure compréhension du fonctionnement cognitif des animaux est un élément clé de cette évolution. Aujourd’hui, la science s’intéresse de plus en plus à l’intelligence animale, découvrant au fil des études et des observations que cette capacité dépasse largement ce que l’on croyait autrefois. Cet article présente un top 5 des espèces considérées comme les plus intelligentes, tout en clarifiant la notion d’intelligence chez ces êtres vivants avant d’explorer les aptitudes spécifiques de chacune.
la notion d’intelligence chez les animaux
Ce qui définit l’intelligence animale, c’est essentiellement leur aptitude à assurer la pérennité de leur espèce et à s’adapter aux changements environnementaux. Elle englobe une variété de comportements qui illustrent leur capacité à relever des défis ou à résoudre des problématiques complexes.
De nombreuses expressions populaires ne correspondent plus à nos connaissances modernes. On parle parfois de la “cervelle d’oiseau” pour désigner une mémoire faible ou d’une “mémoire de poisson rouge” pour qualifier une incapacité à se souvenir d’événements récents. Pourtant, des études récentes prouvent que la mémoire des poissons rouges s’étend bien au-delà d’un simple court délai. Quant aux oiseaux, ils impressionnent régulièrement par des comportements très sophistiqués et élaborés.
L’alimentation constitue un exemple de ces défis quotidiens que doit relever un animal pour survivre. La recherche de nourriture implique souvent l’utilisation d’outils ou la mise en place de stratégies ingénieuses comme la fabrication de pièges ou la manipulation de fruits. Certains prédateurs, par exemple, creusent des terriers spécialisés pour se cacher et échapper à leurs prédateurs.
Longtemps, l’intelligence animale a été évaluée en comparant ses traits à ceux de l’humain, notamment par la taille du cerveau. Depuis environ 30 ans, cette approche a été remise en question, car elle ne rend pas compte de la diversité des intelligences animales. Aujourd’hui, on considère qu’il existe autant d’intelligences différentes qu’il y a d’espèces, chacune adaptée à ses besoins spécifiques.
Les animaux développent des compétences en lien étroit avec leur environnement et leurs problématiques propres. Leur sens aussi se diversifie : alors que l’humain possède une vision moyenne, certains insectes comme les abeilles perçoivent des rayonnements ultraviolets invisibles à l’œil nu. Par ailleurs, les oiseaux migrateurs ont des capacités exceptionnelles pour s’orienter dans l’espace. Pour certains spécialistes, il n’a pas réellement de hiérarchie claire des intelligences, chaque espèce étant adaptée à ses exigences. Cependant, le genre humain se distingue par sa capacité unique à façonner son environnement, au risque de compromettre sa propre survie.
la discipline scientifique qui explore l’intelligence animale
Ce domaine d’étude, baptisé l’éthologie, concerne l’analyse des comportements d’êtres vivants, qu’ils soient humains ou non. Elle cherche à comprendre les facteurs qui déterminent les actions de chaque animal, que ce soit dans leur habitat naturel ou dans des conditions artificielles. Ce terme a été défini en 1854 par le naturaliste français Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Des figures comme Charles Darwin ou Jakob von Uexküll ont également marqué cette discipline.
Les avancées scientifiques des années 1940 ont permis de préciser les contours de l’éthologie, notamment sous l’impulsion de l’Autrichien Konrad Lorenz, considéré comme l’un des pères fondateurs. La discipline a évolué en intégrant des éléments issus de la psychologie, ce qui a renforcé sa compréhension des comportements. Elle s’est aussi subdivisée en spécialités, telles que l’éthologie appliquée, qui vise à améliorer les relations entre humains et animaux, et le domaine de l’éthologie cognitive, axé sur l’étude des capacités d’apprentissage, de reconnaissance et de discrimination.
En France, pour devenir spécialiste en éthologie, il faut suivre un parcours universitaire orienté vers la biologie, puis se spécialiser à un niveau Bac+5. Les éthologues travaillent souvent dans des institutions de recherche telles que les centres publics (CNRS, INRAE, INSERM), les universités, les centres privés, ou encore dans des structures de conservation ou des parcs zoologiques.
les cinq animaux reconnus pour leur grande intelligence
1 – l’orang-outan (et le chimpanzé)
Les primates occupant la première place du classement ne surprendront pas forcément, étant proches de l’humain dans leur développement cognitif. L’orang-outan, notamment, utilise des outils de façon naturelle, comme le fait le chimpanzé. La découverte de cette capacité a représenté une avancée majeure dans la compréhension du monde animal. Ce changement de paradigme est dû aux travaux de Jane Goodall, qui, dans les années 1960, a observé chez les chimpanzés de Tanzanie le fait qu’un vieux mâle, en manipulant une brindille, pouvait capturer des insectes dans une termitière.
Ce qui fascine souvent l’humain, c’est la possibilité pour un animal d’apprendre des compétences que l’on disait réservées à l’homme. Le orang-outan a été capable d’apprendre à communiquer avec la langue des signes. D’autres primates, comme les chimpanzés, manipulent leur entourage pour obtenir des résultats ou faire accomplir des tâches spécifiques à leurs congénères.
Il faut toutefois rester prudent, car l’éthologie, qui repose sur l’observation, ne permet pas toujours une interprétation univoque des comportements. Certains scientifiques considèrent que, à ce jour, l’orang-outan serait le seul animal capable d’évoquer des événements passés, ce qui témoignerait d’un certain niveau de conscience temporelle.
2 – le dauphin
Les mammifères marins, en particulier le dauphin, figurent également parmi les plus intelligents. Leur langage, sophistiqué, leur permet de communiquer au sein de leur groupe et aussi avec d’autres espèces. Lors d’expériences, ils ont montré qu’ils pouvaient résoudre des problèmes en utilisant la logique et la déduction, à peu près comme des humains. Leur capacité à se reconnaître dans un miroir ou sur un écran leur confère une conscience de soi impressionnante. Par exemple, un dauphin a aidé un plongeur à libérer un aileron coincé dans un filet, démontrant une capacité à coopérer et à faire preuve d’empathie.
3 – le cochon
Au rang des animaux domestiques intelligents, le cochon occupe une place de choix. Sa réussite dans des tests d’intelligence, souvent comparés à ceux de chimpanzés, est notable. Certaines truies ont montré qu’elles pouvaient manipuler un joystick avec leur groin pour accéder à des récompenses. Le cochon possède également une conscience de soi, comme en témoigne sa performance au test du miroir. De plus, ils savent gérer leur territoire, évitant d’être repérés par leurs congénères lorsqu’ils cachent de la nourriture, ce qui montre une forme d’appréhension de la dissimulation.
4 – le corbeau
Les oiseaux, et en particulier le corbeau, se distinguent par leurs capacités exceptionnelles. Selon certains chercheurs, ils surpasseraient même la performance de dauphins et rivaliseraient avec certains singes. Les corbeaux sont capables de fabriquer des outils complexes, comme plier un fil métallique pour en faire un crochet ou mobiliser un bâton pour atteindre un fruit, comme le révèle des expériences en laboratoires. Leur habilité à estimer la densité ou le poids d’objets leur confère une intelligence pratique très avancée.
5 – le poulpe
Ce mollusque surprend par ses compétences remarquables. Il construit des abris en déterrant et en nettoyant des coquilles, utilisant des outils pour se protéger ou pour atteindre sa nourriture. Les poulpes différencient également leurs congénères, montrant une capacité d’identification individuelle. Des observations ont indiqué qu’ils peuvent apprendre à réagir différemment selon la personne qui les nourrit ou qui les pousse, ce qui laisse penser à une forme d’apprentissage social et d’observation fine de leur environnement. Parmi les anecdotes célèbres, certains poulpes ont réussi à dévisser la grille d’un aquarium pour s’évader ou à projeter de l’eau pour faire tomber une ampoule, ce qui pourrait constituer une forme de divertissement ou d’expérimentation.
Les tests du miroir, souvent utilisés pour évaluer l’intelligence, sont parfois contestés, car ils reflètent surtout la dominance de la vision chez l’animal, au détriment de l’odorat ou d’autres sens. Certains opposants estiment que l’échec des chiens à ce test ne signifie pas qu’ils soient moins intelligents, mais qu’ils ont une hiérarchisation différente des modalités de perception. En définitive, nos perceptions de l’intelligence animale restent influencées par nos propres biais anthropocentriques. Les découvertes actuelles, riches de nuances, illustrent la complexité des rapports que nous entretenons avec cette diversité de formes de vie.