Souvent évoqué lors des grands événements comme la Coupe du monde de 2010, un anecdote célèbre a mis en lumière la surprenante intelligence d’un animal marin : un poulpe nommé Paul. Ce céphalopode s’est fait connaître en prédisant avec une précision remarquable les résultats de plusieurs rencontres, notamment ceux de l’équipe allemande. Si cette capacité particulière a marqué les esprits, elle a aussi contribué à attirer davantage l’attention sur les caractéristiques fascinantes de cette espèce, qui a toujours captivé la curiosité humaine. Si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur ce mollusque et ses capacités cognitives, cet article vous offre un aperçu détaillé.
Qu’est-ce que l’intelligence ?
La question de la nature exacte de l’intelligence reste un sujet complexe, souvent difficile à définir avec certitude. Entre différentes approches théoriques et les défis pour mesurer cette capacité de manière cohérente, il n’existe pas de définition unique acceptée par tous. La seule notion largement reconnue est que l’intelligence se manifeste par la rapidité et la réussite dans la résolution de problèmes rencontrés dans l’environnement social et naturel des êtres vivants, humains ou non.
Pendant longtemps, l’humain s’est considéré comme supérieur aux autres animaux, ce qui l’a amené à sous-estimer leurs facultés mentales. Cependant, en observant de plus près leur comportement, il a découvert que certains animaux pouvaient accomplir des tâches bien plus sophistiquées que d’autres. Parmi eux, figurent les abeilles, les oiseaux de la famille des corvidés, les primates, les dauphins et également les poulpes, qui sont désignés comme étant parmi les plus intelligents.
Ces animaux montrent notamment des capacités particulières dans des domaines tels que la coordination collective, la construction de structures comme des nids ou encore la fabrication et l’utilisation d’outils. Mais qu’en est-il exactement du poulpe en ce qui concerne ses aptitudes cognitives ?
Les cerveaux du poulpe
Raconter que le poulpe a prédit les résultats des matchs de football relève simplement de la chance, tant cela n’est pas représentatif de son intelligence. Ce que l’on sait aujourd’hui de son anatomie est bien plus précis. Contrairement aux idées reçues, il possède une configuration hors du commun : huit bras, trois cœurs et pas moins de neuf cerveaux. Son système nerveux se distingue radicalement du nôtre, ce qui contribue à sa singularité en tant qu’invertébré. Son apparence étrange peut évoquer un être venu d’une autre planète, mais il s’agit simplement d’une créature avec des structures neurologiques très évoluées, dignes d’une véritable merveille biologique.
La particularité réside dans le fait que chaque tentacule comporte son propre réseau neuronal, ou « cerveau », lui permettant de fonctionner de façon autonome. L’ensemble de ces neurones est centralisé dans un neuvième cerveau, qui orchestre la coordination de l’ensemble. Ce dernier possède environ 500 millions de connexions nerveuses, lui conférant des capacités de mémoire et de décision, à l’inverse des autres tentacules qui disposent d’environ 50 millions de connexions et se limitent à des perceptions sensorielles et réactions réflexes.
Les comportements intelligents du poulpe
La perception de l’intelligence du poulpe ne se limite pas à ses caractéristiques anatomiques. Certains comportements signalent une capacité cognitive remarquable et sont largement repérés par la communauté scientifique. En voici quelques exemples :
Tout d’abord, l’utilisation d’outils témoigne d’une adaptation inventive. Des poulpes en Indonésie ont été observés déterrant des coquilles de noix de coco, qu’ils nettoyaient, transportaient puis assemblent pour créer des abris. Une illustration concrète de leur capacité à manipuler leur environnement.
Ensuite, leur aptitude à changer de couleur et de texture à leur guise dépasse un simple réflexe, il s’agit d’un comportement volontaire, adapté à la situation. Par exemple, Thaumoctopus mimicus, découvert seulement en 1998, peut imiter une dizaine d’espèces marines, telles que la sole, la méduse ou la murène, pour échapper à ses prédateurs. Cette capacité d’imitation, couplée à la faculté de simuler sa mort, montre une intelligence sophistiquée.
Par ailleurs, ce céphalopode est capable d’identifier et de différencier des visages humains. Lors d’expériences, des poulpes ont été exposés à des interactions avec deux personnes costumées de la même manière, mais avec des comportements opposés : l’une leur apportait de la nourriture, l’autre leur infligeait des piqûres. Après deux semaines, ils manifestaient une préférence en évitant l’individu qui les piquait, prouvant une capacité de reconnaissance et de mémoire.
Enfin, le poulpe possède une conscience fine de son corps, notamment dans la perception de la distance entre ses deux yeux. Son corps, principalement mou, ne lui permet pas de se glisser dans un espace trop étroit. Des expériences ont montré qu’il ne tentait pas de passer par un orifice si celui-ci ne correspondait pas à la taille de la partie non molle de son corps, illustrant une perception précise de ses dimensions.
À retenir
Depuis la fameuse scène filmée par le commandant Cousteau, où un poulpe se débrouillait pour ouvrir un bocal contenant un crabe, la connaissance sur cette espèce s’est considérablement enrichie. Des études ont confirmé sa capacité d’apprentissage : le poulpe devient plus rapide dans la réalisation d’une même tâche, témoignant d’une mémoire et d’une aptitude à l’adaptation.
Aujourd’hui, il est incontestable que le poulpe est l’un des invertébrés les plus intelligents. Les nombreux exemples en captivité illustrent son ingéniosité et sa capacité d’adaptation. Même si le classement précis des animaux selon leur niveau d’intelligence reste complexe, il est évident que le poulpe occupe une position parmi les plus remarquables, en raison de la diversité et de la complexité de ses comportements cognitivo-comportementaux.