Le rôle souvent mal perçu du ver de terre reste pourtant fondamental pour la santé de nos sols. Son apparence simple, associée à une peau visqueuse maintenue par un mucus constant, peut susciter le dégoût chez certains. Cependant, cet animal a été mis en lumière par Charles Darwin, qui a souligné son importance cruciale dans l’évolution de notre planète. Cet article détaille les fonctions vitales que ces vers remplissent pour maintenir la fertilité et la stabilité de nos terrains.
La diversité des Lumbricina
Regroupant l’intégralité des vers de terre, la sous-ordre Lumbricina comprend plusieurs familles, avec plus de 7 000 espèces connues, dont 150 recensées en France. La majorité de ces espèces vit dans les régions tropicales, où elles restent encore pour une grande part peu étudiées. Leurs contributions à la biomasse animale terrestre sont considérables, représentant plus de la moitié, voire jusqu’à quatre-vingt pourcent dans certaines zones tempérées, surtout lorsque les sols évitent l’acidité excessive.
Des recherches, notamment de l’Université de Rennes 1, indiquent qu’un hectare de forêt en hébergeant environ 30 vers par mètre carré peut accueillir jusqu’à 250 000 vers dans un terrain cultivé. Ces vers travaillent sans relâche, ingérant chaque année plusieurs centaines de tonnes de terre. Mais quelles implications concrètes peut-on tirer de ces chiffres impressionnants ?
Selon leur morphologie et leur mode de vie, les vers de terre se répartissent en trois groupes principaux : épigés, anéciques et endogés, chacun jouant un rôle spécifique dans l’écosystème du sol.
comment les vers aérent et aèrent la terre
Les vers endogés vivent en permanence enterrés. Leur peau sans pigmentation leur donne une teinte très pâle, oscillant entre gris, rose ou vert. Ils constituent une part importante de la biomasse dans les sols riches, jusqu’à la moitié dans certains cas. Leur principale activité consiste à creuser des galeries parallèles à la surface, cherchant humidité et conditions favorables. Lorsqu’ils rencontrent un sol trop sec, ils entrent en état de dormance, se recroquevillant jusqu’à ce que la situation s’améliore. Ces vers peuvent s’établir autour des racines végétales, explorer différents horizons ou même se nourrir d’autres vers.
En creusant ces passages, ils forment des espaces pleins d’air, appelés porosités. En déposant leurs déjections dans ces cavités, ils modifient la cohésion du sol et favorisent la pénétration de l’eau, ce qui améliore son aération et facilite la croissance des racines.
Les vers anéciques cherchent leur nourriture en surface, qu’ils transportent profondément dans la terre via des galeries verticales. On les repère souvent lors du bêchage, car ils déplacent la terre et laissent des tortillons traditionnels (turricules). Leur activité se produit principalement en dehors des périodes chaudes, car ils cessent de fonctionner en été. La fertilisation par le fumier, notamment bovin, stimule leur multiplication, ce qui indique leur sensibilité à la gestion humaine des sols.
Des études ont aussi montré que le travail mécanique d’une charrue est moins précis que celui effectué par ces vers, car ces derniers ne perturbent le sol que dans une profondeur limitée, tout en évitant le compactage en couche profonde.
comment les vers améliorent la fertilité des sols
Les vers épigés, qui vivent en surface, jouent un rôle clé dans la fertilité du sol. Leur vulnérabilité à la prédation est compensée par une production abondante de cocons résistants et par leur alimentation essentiellement composée de matière organique et de débris végétaux. Certains vivent sous l’écorce en se nourrissant de bois mort ou de l’aubier, tandis que d’autres se nourrissent de matières issues de déjections animales ou des galeries créées par d’autres vers. Leur contribution directe se manifeste par la production de déjections riches en nutriments, estimée à 30 kg par mètre carré, épaississant le sol de plusieurs centimètres en couche fertile.
la lutte contre l’érosion par le travail des vers
Pour prévenir l’érosion, une des stratégies majeures consiste à favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol. La présence et l’activité des vers jouent ici un rôle déterminant : en aérait, en ameublissant et en structurant la terre, ils renforcent sa résistance face aux dégradations causées par le ruissellement. Leur influence va jusqu’à modifier la composition granulométrique et chimique du sol, améliorant ses propriétés pour le soutien végétal. Leur présence devient ainsi essentielle à la pérennité des sols agricoles ou naturels, soulignant l’interconnexion étroite entre ces animaux et la stabilité de notre environnement. En somme, la vie de l’homme dépend étroitement de la présence de ces petits travailleurs du sol, souvent peu visibles mais indispensables à notre survie.