Originaire des régions montagneuses, la légende du dahu a été créée dans le but de divertir tout en jouant un rôle de plaisanterie à l’encontre des visiteurs peu familiers avec la faune locale. L’objectif principal ? convaincre les touristes naïfs de la présence de cette créature fictive pour les encourager à explorer la forêt à sa recherche. Dans cet esprit, la tradition s’apparente à une chasse à l’animal imaginaire, un jeu collectif où chacun suit une piste fictive du caprin des montagnes.
Les origines du dahu
La légende du dahu, aussi appelé dahut, a été forgée par des habitants des villages pour tester la crédulité des touristes en vacances dans la région. Les récits dépeignaient un animal imaginaire en décrivant ses caractéristiques et en proposant des rituels pour le détecter, afin d’éveiller la curiosité et d’inciter à la recherche. Transmise oralement, cette histoire s’est répandue dans plusieurs régions, notamment en France, en Suisse et en Vallée d’Aoste.
Description du dahu
Appartenant au groupe des « Dahus rupicapta vacca montanus », cette créature aurait un format comparable à celui d’un chamois ou d’un bouquetin. Son pelage est souvent décrit comme doux, de nuances brun-gris, avec des oreilles tombantes. Selon les récits, il aurait une queue longue, semblable à celle d’une vache, ou courte, pliée en arc vers le ciel. La taille varie généralement entre 80 et 160 cm, pour un poids allant de 23 à 50 kg. Malgré sa douceur et sa timidité, il reste très difficile à observer dans son habitat naturel.
Les différentes espèces de dahus
Résidant sur des terrains escarpés, le dahu présente une particularité physique singulière : ses jambes du côté supérieur sont plus courtes que celles du côté inférieur. Ce trait lui confère un équilibre optimal sur les pentes, mais le contraint également à toujours se déplacer dans une seule direction, sans pouvoir faire marche arrière. La légende évoque quatre types de dahus :
- Le dahu droitier, avec une patte plus longue du côté droit ;
- Le dahu gaucher, identifiable par une patte plus longue à gauche ;
- Le dahu ascendant, ayant des pattes arrière plus longues ;
- Le dahu descendant, dont les pattes avant sont plus longues.
Selon la légende, seule la variété lévogyre serait encore en vie aujourd’hui.
Habitat et répartition du dahu
Le dahu évolue principalement dans les zones d’alpages en altitude, allant des Pyrénées aux Alpes françaises, italiennes et suisses. En France, une grande partie d’entre eux se trouve entre le col de La Madeleine et celui du Petit Saint-Bernard en Savoie. Certaines théories évoquent que le changement climatique ainsi que la présence du loup dans certaines régions pourraient menacer la survie des derniers lévogyres. La créature serait également présente dans d’autres massifs comme les Rocheuses aux États-Unis ou la Cordillère des Andes en Amérique du Sud. Il resterait seulement environ un millier de dahus à l’échelle mondiale, selon certaines études.
Les habitudes et mode de vie
Ce mammifère herbivore se nourrirait principalement d’herbes et de plantes sensibles aux altitudes élevées, comme les chardons ou les jeunes pousses dans les forêts mixtes et les conifères riches en baies. En hiver, il aurait recours à la consommation de mousses et lichens faute d’autres ressources. Occasionnellement, il pourrait manger des insectes trouvés dans la végétation. Vivant en groupe, le dahu serait plutôt sociable, formant des colonies généralement dirigées par un mâle dominant. Ces familles d’une vingtaine d’individus se réfugient souvent dans des abris naturels comme des grottes ou des cavernes pour dormir et se nourrir.
Cycle de reproduction
La période de reproduction de cette créature est censée couvrir toute l’année, du 1er janvier au 31 décembre. Étant incapable de se retourner sans tomber, le dahu doit contourner la montagne pour rejoindre sa partenaire. Si la femelle change de position, il doit refaire tout le tour, ce qui peut conduire certains mâles à l’épuisement ou à la mort, faute de pouvoir localiser leur partenaire. Seuls les individus très résistants parviennent à se reproduire dans ces conditions difficiles.
Les méthodes de chasse inventées
Différents récits régionaux proposent plusieurs techniques pour capturer ou attirer cette créature fictive. La méthode la plus simple consiste à l’approcher discrètement par derrière et à l’appeler ou la faire siffler, ce qui lui ferait faire demi-tour, perdre l’équilibre et tomber. Une autre stratégie consiste à mettre du sel sur sa queue pour qu’en la léchant, elle chute. Une autre pratique consiste à déposer du poivre sur une pierre plate : en reniflant, le dahu éternue violemment et s’évanouit contre la roche. Dans tous les cas, ce sont des légendes locales qui alimentent ces canulars, chaque communauté ayant sa propre technique pour faire croire à la capture de l’animal.
Le dahu dans les colonies de vacances
Particulièrement dans les régions montagnardes françaises, comme les Pyrénées, les Alpes, les Vosges ou le Jura, la chasse au dahu est devenue une activité ludique pour les enfants lors de classes vertes ou de colonies de vacances. Elle ressemble à un jeu de piste naturel où les jeunes explorateurs peuvent apprendre à reconnaître les traces de la faune sauvage en forêt. Lors des veillées, on raconte souvent des histoires sur le dahu, en expliquant comment le chasser ou l’approcher, ce qui encourage les enfants à s’initier à la randonnée le lendemain. Quoi qu’il en soit, la chasse reste une activité amusante, même si la créature demeure toujours invincible et inexistante dans la réalité.