Le blob : une énigme biologique entre animal et végétal

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Les chercheurs ont longtemps eu du mal à classer cette créature particulière, qui combine caractéristiques de plusieurs règnes vivants : elle produit des spores comme un champignon, possède des pigments rappelant ceux des plantes, tout en étant capable de se déplacer et de se nourrir comme un animal. Malgré ces traits semblables à diverses branches de la vie, elle reste inclassable. Vigilance sur cet organisme sans cerveau ni système nerveux, mais doté néanmoins d’intelligence et de mémoire.

Origine et histoire du blob

Présent sur notre planète depuis un milliard d’années, ce phénomène naturel compterait par milliers d’espèces, bien que leur véritable nombre reste inconnu. Son appellation scientifique, physarum polycephalum, lui a été donnée en 1822 par un mycologue américain. « Physarum » dérive du grec et du latin, signifiant « petite vessie », tandis que « polycephalum » évoque « à plusieurs têtes ». En anglais, le terme « blob » désigne une masse informe et visqueuse, un nom populaire qui est apparu au cours du XXIe siècle, mais qui n’est pas employé dans la science officielle. Pour remonter à une référence culturelle, notons que le film de science-fiction « The Blob », sorti en 1958 avec Steve McQueen, présente une créature extraterrestre gélatineuse qui engloutit tout sur son passage.

Qu’est-ce qu’un blob ?

Ce phénomène naturel soulève encore aujourd’hui bien des mystères. Avec un génome comptant plus de 30 000 gènes — un chiffre comparable à celui de l’humain — ses fonctionnalités le distinguent nettement des autres formes de vie. À l’instar des champignons, il se reproduit en multipliant ses noyaux, ce qui l’a conduit à être longtemps considéré comme un champignon polynucléaire. En réalité, il appartient à la famille des myxomycètes, ou mycètes acellulaires, et ne fait ainsi pas partie du règne fongique. Depuis le séquençage de son ADN en 2015, il a été intégré à une catégorie à lui seul, celle des mycétozoaires. Même si le lien avec les champignons reste évident, cette créature demeure essentiellement étudiée par des spécialistes en mycologie.

Apparence et taille du blob

Le blob porte fréquemment une teinte jaune éclatant, mais il peut aussi apparaître dans des tons blanchâtres. Son aspect général évoque un champignon ou un lichen, voire une omelette ! Sa surface peut atteindre plusieurs mètres carrés dans un environnement contrôlé en laboratoire, ou plus d’un kilomètre carré dans la nature, comme l’observation en Virginie Occidentale le montre, avec une superficie équivalente à 140 terrains de football. Cette énorme cellule vivante, désignée sous le nom de plasmode, se développe rapidement dans des conditions idéales, doublant de taille tous les deux jours. La reproduction passe par la fusion de différentes cellules sexuées, mais chez Physarum polycephalum, il existe même 720 sexes distincts ! La capacité à se fragmenter et à se régénérer lui permet d’augmenter sa population en produisant de nombreux noyaux.

Habitat naturel du blob

Ce organisme peut se retrouver sur tous les continents, des zones montagneuses aux environnements désertiques. Son besoin d’obscurité le conduit à coloniser des régions humides et ombragées, telles que sous-bois ou forêts, où il s’installe sur des écorces, tapis de feuilles ou morceaux de boismort. Certaines particules peuvent même le voir croître sous la neige. Son déplacement se fait par reptation, à la manière d’une limace, en contractant et relâchant ses membranes. Lors de ses déplacements, il sécrète une substance visqueuse qui le garde hydraté tout en empêchant une revisite de même territoire. Progressant à une vitesse de 1 à 4 cm par heure, il repère sa nourriture favorite : bactéries, champignons et autres micro-organismes. En laboratoire, il est nourri à l’aide de flocons d’avoine.

Les capacités étonnantes du blob

Malgré l’absence de cerveau ou de système nerveux, Physarum polycephalum manifestent des compétences impressionnantes. Voici quelques-unes de ses capacités fascinantes :

Transmission d’informations

Des expériences ont montré que le blob peut apprendre à éviter une zone imprégnée de sel, substances qui le repoussent. Après quelques essais, il comprend que le sel n’est pas nécessairement nuisible, mais il peut aussi apprendre à le contourner rapidement lorsqu’il lui bloque l’accès à sa nourriture. De plus, il partage cette mémoire avec d’autres blobs lors de leur fusion, montrant une forme étonnante de communication.

Résolution de problèmes complexes

Des tests avec des labyrinthes ont permis de constater que ce organisme parvient à identifier le chemin optimal pour atteindre sa nourriture. Sans cerveau, il analyse la situation, évalue ses options et choisit la voie la plus courte pour sortir. Une prouesse qui suscite l’admiration et questionne sur ses véritables capacités cognitives.

Création de réseaux efficaces

Une expérience menée dans des boîtes de Petri simulant la région de Tokyo a permis au blob de connecter divers points représentant des villes. En plaçant une petite quantité de nourriture à chaque lieu, il a réussi à former un réseau reliant tous ces points, illustrant une capacité d’optimisation remarquable. Cette aptitude intrigue aujourd’hui les chercheurs en génie civil, notamment pour la conception de réseaux électriques ou de transports.

Le blob est-il immortel ?

Depuis ses multiples prouesses, il apparaît que Tendances et animaux pourrait bien détenir une créature au potentiel d’immortalité. Si on le découpe, chaque morceau se reconstitue en quelques heures, donnant naissance à de nouveaux individus. Son développement n’est freiné que par la luminosité et la sécheresse. La température idéale de croissance se situe entre 18 et 24°C, tandis qu’au-delà de 29°C, il a du mal à survivre. Son aversion pour la lumière reste un facteur limitant. En cas de conditions défavorables, il se met en dormance sous forme de sclérote, un état qui peut durer plusieurs années, reprenant vie dès que les conditions redeviennent favorables. À ce jour, cette capacité de régénération laisse penser qu’il pourrait être considéré, potentiellement, comme un organisme immortel.

Crédit photo : Frankenstoen