Les abeilles, guêpes et frelons jouent un rôle essentiel dans l’environnement en étant de précieux pollinisateurs. Leur contribution à l’agriculture est majeure, car beaucoup de nos fruits et légumes en dépendent directement, étant issus de la pollinisation assurée par ces insectes. Toutefois, ils peuvent aussi susciter une crainte importante, parfois irrationnelle, appelée apiphobie, qui concerne la peur excessive de ces animaux volants.
Définition de l’apiphobie
Face à la présence d’un insecte volant, nos réactions se diversifient : l’intérêt et la curiosité peuvent prendre le dessus, ou bien l’impatience et l’agacement apparaissent. La peur peut également s’intensifier jusqu’à atteindre la panique. Lorsqu’elle devient excessive et incontrôlable, on parle alors de phobie, situation où la peur ne correspond pas à un danger réel et pousse à adopter des comportements déraisonnés. La phobie des abeilles, guêpes et frelons est courante, touchant aussi bien les hommes que les femmes. Les enfants sont souvent affectés, craignant tous insects bruyants ou ailés, et pour certains, cette crainte peut évoluer vers une peur généralisée des animaux volants, comme les oiseaux.
Comportements liés à l’apiphobie
Les personnes souffrant d’apiphobie ont une peur intense à l’idée de croiser ces insectes, ce qui les conduit à adopter des stratagèmes pour se protéger : elles évitent tout lieu pouvant abriter ces animaux, emportent souvent des répulsifs ou insecticides, et limitent leurs sorties en extérieur, notamment dans des espaces arborés où des nids pourraient se trouver. La simple acoustique des bourdonnements peut leur sembler insupportable.
En situation normale, une personne qui n’est pas phobique repoussera un insecte qui se pose sur elle en le faisant décoller doucement et poursuivra ses occupations. Cependant, pour une personne apiphobique, cette même situation peut déclencher des réponses très vives comme des cris, des rougeurs, des palpitations ou des sueurs abondantes. Dans ses cas extrêmes, la peur devient une véritable peur de catastrophe : elle craint une piqûre qui pourrait entraîner un étouffement ou une mort lente.
Souvent, cette phobie se développe après une expérience traumatisante, comme une attaque multiple de guêpes ou frelons. Les piqûres dans des zones sensibles, telles que les parties génitales ou les fesses, peuvent également provoquer une peur aiguë des insectes.
Les insectes sont-ils réellement dangereux ?
Concernant la piqûre d’abeilles, seul le femelle possède un dard et peut piquer. Les mâles, ou faux bourdons, ne disposent pas de cette capacité. La piqûre n’est qu’un mécanisme de défense qui ne se produit que si la colonie est en danger, lorsque l’abeille perçoit une menace, elle libère une odeur pour alerter ses congénères. En cas de danger, une armée d’abeilles peut alors attaquer pour défendre la ruche. Lorsqu’une abeille se retrouve isolée, par exemple coincée dans un vêtement ou dans les cheveux, ou qu’elle est perturbée lors de sa butinage, elle peut piquer.
Les guêpes, pour leur part, n’attaquent pas systématiquement. Leur rôle naturel consiste à rechercher de la nourriture pour nourrir leurs larves, ce qui les pousse souvent à s’approcher des aliments lors de pique-niques. Elles ne piquent que si elles perçoivent une menace, notamment si elles sentent une agressivité de votre part, ou si vous vous approchez d’un nid. Leurs piqûres peuvent être un réflexe de défense pour repousser un intrus ou un danger. Et elles peuvent également être attirées par des boissons sucrées, ce qui peut provoquer des accidents si vous ingérez une guêpe dans votre verre.
Quant aux frelons, ils ont une réputation d’agressivité, notamment le frelon asiatique, considéré comme très difficile à tolérer. Bien qu’ils soient impressionnants par leur taille, leur comportement n’est pas fondamentalement différent de celui des abeilles ou des guêpes : ils ne piquent généralement que pour défendre leur colonie ou s’ils se sentent menacés. La différence majeure réside dans leur tolérance à la proximité : il est conseillé de ne pas s’approcher à moins de 3 ou 4 mètres d’un nid de frelons asiatiques, car ces insectes sont plus prompts à poursuivre un intrus que leurs homologues européens.
Lorsqu’une piqûre se produit, la réaction cutanée varie selon la quantité de venin injectée. La peau peut gonfler, démanger, et dans certains cas, la personne peut ressentir des vertiges, des difficultés respiratoires ou une sensation de malaise. Ces réactions, surtout si elles apparaissent peu de temps après la piqûre, nécessitent une intervention médicale immédiate. Même en l’absence d’allergie, une piqûre au visage ou dans une zone sensible doit être rapidement évaluée par un professionnel. La fréquence des piqûres multiples doit aussi inciter à consulter pour éviter toute complication.
Comment traiter l’apiphobie ?
Une phobie peut devenir limitante, voire invalidante, lorsqu’elle pousse à adopter des comportements à risque ou empêche tout simplement de mener une vie normale. Dans ces cas, un traitement est essentiel.
Heureusement, la rééducation de l’apiphobie est efficace. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC), notamment sous sa forme brève, est souvent privilégiée. Avec l’accompagnement d’un thérapeute, la personne identifie et remet en question ses pensées irrationnelles, comme l’idée que tout insecte est agressif ou qu’une piqûre entraînera la mort. Des exercices d’exposition progressive, y compris des simulations virtuelles grâce à des dispositifs de réalité virtuelle, permettent de réduire la peur en confrontant progressivement la personne à ses phobies. En général, une dizaine de séances suffisent pour observer une amélioration, et la plupart des patients trouvent une solution durable après 8 séances. Certains cas rares peuvent nécessiter des séances complémentaires pour renforcer la confiance.
La pratique de l’hypnose constitue également une option. La durée du traitement dépend de la réceptivité du patient à cette méthode, mais il faut compter environ une dizaine de séances pour voir une diminution notable de la peur. Cependant, il est possible que des réactions paniques surviennent encore au contact immédiat de l’insecte, malgré la thérapie.