Existe-t-il une dépression post-partum chez les animaux ?

Accueil » Les animaux sauvages » Anecdotes insolites » Existe-t-il une dépression post-partum chez les animaux ?

Bien que les animaux ne partagent pas toutes nos caractéristiques, ils présentent néanmoins plusieurs similitudes avec nous, notamment en matière de maternité et d’attachement affectif. Chez les humains, certaines femmes peuvent souffrir de dépression après l’accouchement, un phénomène qui, en quelques cas, reste peu diagnostiqué. Mais qu’en est-il dans le règne animal ? Les femelles peuvent-elles aussi être affectées par des troubles similaires ? Toutes les espèces sont-elles concernées par ces comportements ?

Qu’est-ce que la dépression post-partum ?

Des études, telles que celles menées par Quare, indiquent qu’une proportion importante de femmes traversent une période de baisse morale après avoir accouché, même si un diagnostic officiel n’est posé que dans une minorité de cas. Lors de cette phase, la mère est envahie par une série d’émotions contrastées, souvent mêlées à des bouleversements physiques et hormonaux. Elle doit aussi réapprendre à s’adapter à sa nouvelle vie avec son enfant. Si pour beaucoup, tout se passe bien et la joie domine, d’autres éprouvent des difficultés sérieuses à faire face aux changements, ce qui peut déboucher sur une véritable dépression. Ce phénomène est parfois confondu avec le « baby blues », mais il s’agit d’un état beaucoup plus profond et durable.

Manifestations de la dépression post-partum chez l’humain

Une femme souffrant d’un trouble post-partum peut se sentir en proie à une tristesse intense et à des doutes quant à ses aptitudes de mère. Elle peut également souffrir d’un sommeil fragmenté, être envahie par l’anxiété et se sentir incapable de se relaxer. Ces symptômes apparaissent majoritairement dans les premières semaines après la naissance, mais certains cas peuvent se poursuivre jusqu’à la première année de l’enfant. La patiente peut présenter divers signes, tels que :

  • Un sentiment d’inutilité ou de surcharge ;
  • Un mal-être profond avec des crises de larmes inexpliquées ;
  • Des difficultés à tisser un lien avec le nouveau-né ;
  • Un doute sur ses compétences en tant que mère ou sur sa capacité à prendre soin d’elle-même et de son bébé ;
  • Une peur intense pour la sécurité de l’enfant ;
  • Des troubles du sommeil ou de l’énergie ;
  • Des changements dans l’appétit ;
  • Une concentration difficile ;
  • Un retrait par rapport à l’enfant ou à son partenaire ;
  • Des pensées noires ou envahissantes concernants l’enfant ou le conjoint ;

Et tout cela peut toucher même les mères les plus solides. La présence d’un entourage bienveillant est essentielle pour aider à surmonter ces phases difficiles. Il est cependant vivement conseillé de consulter un professionnel de santé pour un accompagnement adapté, même si certaines femmes préfèrent garder leurs difficultés pour elles, par honte ou inquiétude.

La dépression post-partum chez les animaux : existe-t-elle aussi ?

La réponse à cette question complexe dépend de plusieurs facteurs. La diversité du règne animal est telle que les pratiques maternelles varient énormément selon chaque espèce. Par exemple, certaines comme la tortue pondent leurs œufs sans jamais voir leurs petits, ce qui est considéré comme une réaction normale. À l’inverse, des animaux comme la poule manifestent un comportement protecteur intense, même si déchiffrer leurs émotions après la ponte reste délicat. La communication verbale étant absente chez les animaux, tout repose sur leur langage corporel et leur comportement.

Les spécialistes, conscients de la complexité, formulent des hypothèses plutôt que des certitudes absolues. Ils s’appuient sur l’idée que le comportement maternel est influencé par des modifications neuro-hormonales profondes, qui régissent par exemple la protection des petits. Analyser ces changements pourrait révéler si certains troubles observés chez les femelles animales ressemblent à une forme de dépression.

Comportements inhabituels ou alarmants

En observant les comportements des animaux dans la nature, on remarque que celles-ci peuvent adopter des attitudes différentes, parfois hors du cadre normal. Certaines, par exemple, refusent d’allaiter ou montrent peu d’intérêt pour leurs petits. Chez les ruminants, en particulier après une première portée, ces signaux peuvent apparaître comme une réaction à un stress ou à une anxiété intense, mais ne doivent pas être confondus avec une dépression. La même prudence s’applique en ce qui concerne les comportements de désertion ou d’abandon, comme celui d’une cane qui, stressée par la présence de prédateurs, peut complètement délaisser ses œufs ; cela ne constitue pas forcément une pathologie mentale.

Comportements d’infanticide

Certaines femelles animales peuvent également commettre des actes extrêmes, tels que dévorer leurs petits. Bien que très rares, ces comportements sont documentés chez des espèces comme la truie, la lapine, la hamster ou la chienne. Leur origine reste partiellement mystérieuse, mais il semble que des liens existent entre le stress, la relation avec la progéniture et la santé mentale de la mère. La théorisation considère que ces actes peuvent faire partie d’une réaction à un mal-être profond, mais sans pouvoir établir une véritable correspondance avec la dépression humaine.

Enfance difficile et comportements problématiques

Chez les animaux, comme chez l’humain, des antécédents de maltraitance ou de négligence durant la période de croissance peuvent influencer la relation mère-enfant. Une femelle qui a vécu une enfance traumatique pourrait avoir plus de difficultés à nouer un lien affectif fort avec ses petits, ce qui peut entraîner des comportements anormaux ou déviants. Bien que l’on évite de tomber dans l’anthropomorphisme, certains scientifiques avancent l’hypothèse que la dépression post-partum animale pourrait exister en tant que phénomène semblable à celui de l’humain.

Il est également observé que si le lien mère-enfant est fragile ou dysfonctionnel, les femelles qui deviendront mères à leur tour ont plus de risques de reproduire le même schéma problématique.

chez les primates : une proximité émotionnelle avec l’homme

Les primates, proches de nous tant sur le plan physique qu’émotionnel, n’ont pas encore fait l’objet d’études spécifiques sur la dépression post-partum. Toutefois, en captivité, l’observation de leur comportement révèle des signes pouvant évoquer cette problématique. Certaines femelles, comme certaines babouins, négligent leurs petits ou manifestent des comportements de retrait, comme s’elles souffraient d’un mal-être. Elles peuvent aussi adopter de nouveaux automatismes, comme se gratter fréquemment ou faire leur toilette de façon excessive, signes que certains chercheurs associent à du stress ou à de la détresse psychologique. Chez ces primates, l’éloignement du groupe et le retrait social semblent également indiquer une forme de mal-être profond.

La place des mâles

Chez les primates, l’implication des mâles dans l’éducation ou les soins aux jeunes varie selon les espèces. En général, ce sont surtout les femelles qui prennent en charge la parentalité, mais chez certains comme les tamarins, certains mâles interviennent lorsqu’une mère semble absente ou défaillante. Ces mâles peuvent alors prendre soin des petits, épaulant la femelle dans ses responsabilités. Cependant, ce phénomène n’est pas systématique, mais il montre que la dynamique du groupe peut évoluer selon la situation.

Analyse globale : animaux et dépression post-partum

Sans faire d’anthropomorphisme excessif, il est évident que le fait d’accueillir un nouvel être constitue un défi psychique autant pour les mères humaines que pour celles du monde animal. La majorité des relations mère-enfant dans la nature sont empreintes de tendresse, mais certains individus peuvent montrer des attitudes inhabituelles ou problématiques, dues à des facteurs de stress ou de fatigue. Les animaux, en tant qu’êtres sensibles, peuvent ressentir des émotions difficiles à exprimer ou à comprendre pour nous. Les scientifiques, tout en restant prudents, envisagent que certains comportements pourraient s’apparenter à une forme de dépression post-partum, même si rien n’est encore officiellement reconnu dans toutes les espèces. Il apparaît ainsi que, dans le contexte naturel ou domestique, des signes de détresse chez la mère peuvent exister, témoignant d’un mal-être potentiel face à la maternité.