Historiquement, le cheval a été un allié précieux pour l’humanité dans divers domaines tels que la guerre, la politique ou encore le travail quotidien. Depuis l’Antiquité jusqu’à la Révolution industrielle, ces animaux étaient sujets à des affections ou des blessures qui nuisaient à leur performance et nuisaient aussi à leur propriétaire, soulignant l’importance de leur prodiguer des soins adaptés. En raison de leur puissance et de leur stature, des traitements très efficaces leur étaient souvent administrés pour assurer leur santé et leur endurance.
Une médecine de puissance pour l’homme ?
Le terme « remède de cheval » désigne une thérapie particulièrement intense et vigoureuse, mais qui en revanche prouve sa efficacité. Cette expression suggère que l’on mobilise des moyens importants pour lutter contre une maladie ou un mal. Lorsqu’on parle d’un traitement de cheval pour l’homme, cela signifie que des soins exceptionnellement forts sont nécessaires pour obtenir des résultats, notamment lorsque des remèdes classiques ne suffisent pas. La notion renvoie donc à l’idée qu’un traitement très puissant est parfois requis pour combattre des affections tenaces ou graves.
Dépister une fièvre de héros
Lorsqu’on doit traiter une fièvre chez un équidé, il s’agit souvent d’un signe alarmant qui indique une infection ou une inflammation sérieuse. La montée rapide de la température du cheval peut avoir des conséquences graves si elle n’est pas maîtrisée. Pour faire revenir l’animal dans un état normal, un traitement énergique et adapté est nécessaire—il faut le remotiver et lui redonner de l’énergie, comme si on le remettait en selle. En somme, face à une crise de santé forte, il faut employer des mesures aussi fortes que la cause.
Mais pourquoi le cheval et pas un autre ?
On pourrait se demander pourquoi cette expression emploie spécifiquement le cheval plutôt qu’un autre animal puissant, comme l’éléphant ou le lion. La réponse réside dans l’histoire étroite entre l’homme et l’équidé, domestiqué depuis des millénaires. Sa robustesse, sa combativité et sa capacité à résister à de rudes efforts en ont fait un partenaire fidèle lors de guerres, de travaux ou de cérémonies. Lors des conflits, par exemple, le cheval était un symbole de puissance et de prestige. Son rôle était aussi politique, en étant l’emblème d’une élite militaire ou noble, et civil, dans le travail ou le transport, même lors de la révolution industrielle, où il tirait encore des wagonnets ou des omnibus.
- De guerre. Les premières utilisations militaires remontent à plus de 5 000 ans, puis les Romains ont exploité leur l’attelage pour différentes missions : reconnaissance, attaques ou encore communication. En Europe, diverses races de chevaux ont été sélectionnées pour une utilisation spécifique dans le cadre militaire.
- De prestige. Perçu comme un symbole politique et social, le cheval incarnait la puissance d’un pouvoir royal ou militaire au Moyen Âge. La cavalerie, notamment lors des victoires, défilaient fièrement sur leur monture, reflet du rang et de l’autorité de leurs cavaliers.
- De travail. Dans le monde civil, cet animal a longtemps été essentiel à l’agriculture, à l’industrie, mais aussi au transport de personnes et de marchandises. Même après l’avènement des machines, le cheval a conservé une place dans la traction de véhicules dans les villes ou dans l’exploitation minière.
Le cheval, symbole d’énergie inépuisable
La puissance fournie par un cheval a été longtemps estimée, notamment au XVIIIe siècle, quand James Watt cherchait à quantifier la force nécessaire pour faire fonctionner ses machines à vapeur. Il a ainsi créé la notion de « cheval-vapeur », une unité permettant de comparer la puissance des machines et des moteurs à celle de la force musculaire animale. Pour cela, il a imaginé une expérience où des chevaux tiraient une charge, facilitant la mesure de leur force par le nombre de chevaux nécessaires pour accomplir une tâche donnée, créant ainsi une unité toujours utilisée de nos jours.
Soigner ou ferrer, telle est la question
La relation entre l’homme et le cheval a été marquée par l’importance des soins prodigués à l’animal. Lorsqu’un cheval ne pouvait plus fonctionner normalement, cela entraînait des pertes économiques, de prestige et de productivité pour son propriétaire. Au Moyen Âge, ce rôle était confié aux maréchaux-ferrants, qui s’occupaient aussi de la santé des chevaux de haut rang ou de l’armée. Cependant, leurs méthodes, comme les saignées ou d’autres pratiques, étaient souvent rudimentaires et brutales, reflétant alors la méconnaissance de la médecine vétérinaire.
Vers une médecine équine digne de ce nom
Au siècle des Lumières, des penseurs comme Buffon ont exprimé leur désapprobation face à la médecine vétérinaire empirique qui prévalait. En 1750, Claude Bourgelat, écuyer et vétérinaire français, rédigea des ouvrages détaillant la physiologie, la pathologie et la hygiène du cheval, écartant ainsi les anciennes pratiques non fondées. Son ambition fut de structurer une médecine sérieuse pour ces animaux, ce qui lui valut de fonder les premières écoles vétérinaires en Europe, à Lyon puis à Maisons-Alfort. L’objectif était de remplacer les superstitions et les remèdes improvisés par des traitements réellement efficaces, établissant ainsi la médecine équine moderne.