Depuis des millions d’années, ces créatures inhabituelles peuplent notre planète, portant un nom qui prête à confusion. La croyance populaire veut que leur appellation implique qu’ils possèdent mille membres, mais la réalité est tout autre jusqu’à récemment. Une découverte récente montre qu’il existe une espèce dotée d’un nombre de pattes impressionnant, évoquant leur nom. Pourtant, tous les représentants ne disposent pas de la même configuration. Le focus va porter sur un myriapode dont la multitude de pattes n’accélère pas sa progression, bien au contraire.
Qui sont ces organismes appelés mille-pattes ?
Vivant sur Terre depuis environ 400 millions d’années, ces arthropodes sont parmi les premiers animaux à avoir colonisé le sol. Leur taille a considérablement diminué au fil des éons : certains ne mesurent que quelques millimètres, tandis que d’autres dépassent 15 centimètres. Présents sur tous les continents, ils se montrent d’une remarquable capacité d’adaptation face à une diversité de milieux. Appelés aussi myriapodes, ils composent un sous-groupe d’arthropodes caractérisé par un corps allongé segmenté, doté de nombreuses pattes orientées vers le bas.
La question du nombre de pattes chez ces animaux
Le nombre de membres diffère grandement selon les différentes espèces de mille-pattes, qui sont regroupées en plusieurs catégories. Actuellement, on recense environ 21 000 formes distinctes, réparties en quatre grandes classes :
- Les diplopodes, qui constituent la majorité (environ 8 000 variétés), possèdent deux paires de pattes par segment. Leur nom signifie “double pied”. Certains d’entre eux peuvent libérer des substances toxiques via des glandes réparties sur leur corps pour se défendre ;
- Les chilopodes, avec environ 3 500 espèces, sont munis d’une seule paire de pattes par segment. Toutefois, leur premier segment possède deux crochets venimeux appelés forcipules, employés pour attaquer leurs proies ;
- Les pauropodes regroupent une centaine d’espèces parmi les plus petites, ne mesurant que quelques millimètres, souvent blancs et dépourvus d’yeux. Leur nombre de pattes n’excède jamais 11 paires, du grec “pauro” (peu) et “podes” (pieds) ;
- Les symphyles, comprenant une centaine d’espèces, sont encore plus minuscules, dépigmentés, totalement aveugles, et possèdent tous 12 paires de pattes.
Combien de membres compte en réalité un mille-pattes ?
Les deux principales catégories (diplopodes et chilopodes) diffèrent par leur nombre de paires de pattes par segment. Il faut aussi noter que plusieurs espèces muent tout au long de leur vie, gagnant ainsi de nouveaux segments – et par conséquent davantage de pattes – avec l’âge. La majorité possède entre 40 et 400 membres, mais certaines dépassent largement ce chiffre. Des pauropodes ont à peine 18 pattes, quand l’espèce américaine Illacme plenipes peut en atteindre une moyenne de 600 pour un corps de seulement quelques centimètres. Un record exceptionnel a été observé chez certains exemplaires de cette famille, comptant jusqu’à 750 pattes dans une zone restreinte du nord de la Californie. La découverte de ces organismes a même battu le record mondial précédent, détenu par un autre myriapode.
Le mille-pattes le plus doté en pattes découvert
En 2021, un record impressionnant a été établi : un myriapode doté de plus de 1 300 pattes a été aperçu dans une zone minière en Australie occidentale, à une profondeur de 60 mètres. Sa silhouette allongée, évoquant une ficelle, s’étend sur une dizaine de centimètres. Appelé Eumilipes persephone, il appartient à la famille des Siphonotidae, comprenant une quarantaine d’espèces. Bien qu’il ressemble à ses congénères, cet animal est aveugle, comme la plupart des myriapodes vivant sous terre. Son nom est une fusion entre le grec “eu”, qui signifie “vrai”, et “mille” avec “pied” en latin, “pes”. La référence à Persephone souligne son origine souterraine et sa nature mystérieuse.
De quelle façon utilisent-ils leurs pattes pour avancer ?
Les myriapodes mobilisent leurs nombreuses pattes pour se déplacer et s’enfoncer dans la terre ou dans un environnement humide. Leur coordination remarquablement efficace permet de gérer cette multitude d’appendices sans confusion. Chez les diplopodes, cette locomotion s’apparente à un mouvement de vague continue, produit par une chaîne neuronale qui coordonne chaque paire de pattes de façon séquentielle. Pour les chilopodes, la dynamique diffère : à un rythme lent, toutes leurs pattes entrent en action, tandis qu’à grande vitesse, moins de membres s’activent, permettant à l’animal d’accélérer. En résumé, une action moins intense de membres favorise en réalité une progression plus rapide.