Les acariens : qui sont-ils et comment vivent-ils ?

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Les acariens sont souvent associés à des réactions allergiques lorsqu’ils s’immiscent dans nos literies ou déposent des particules dans nos meubles. Certains, comme les tiques, sont directement visibles à l’œil nu, tandis que d’autres nécessitent un microscope pour être observés. À ce jour, la communauté scientifique dénombre environ 55 000 espèces connues à travers le monde, mais il en resterait potentiellement jusqu’à 500 000 à décrire, ce qui représenterait une part significative de la biodiversité animale. Ce texte explore la diversité étonnante des acariens, leur alimentation variée et leurs habitats insoupçonnés, que ce soit sur notre peau ou dans les profondeurs océaniques.

Ce qu’il faut savoir sur les acariens

Les acariens appartiennent au groupe des arthropodes — un embranchement comprenant une multitude d’espèces différentes, en dehors des insectes. Leur présence est d’autant plus répandue qu’ils sont protégés par une carapace externe solide, leur servant de bouclier contre les prédateurs. Ils sont classés dans la catégorie des arachnides, tout comme les araignées et les scorpions, et forment la sous-classe Acari, dans laquelle figurent aussi les tiques. Si le nombre de espèces décrites est déjà élevé, leur véritable diversité est encore largement sous-estimée. La discipline qui leur est consacrée, l’acarologie, s’intéresse à leur étude. Il est intéressant de noter que ces organismes ont été retrouvés dans des environnements extrêmes, y compris au fond des océans, attestant de leur capacité d’adaptation. On peut distinguer deux grands groupes :

  • Les acariformes, qui dominent en nombre avec environ 40 000 espèces, sont souvent présents dans la literie, les tissus d’ameublement, ou encore dans les tapis et moquettes ;
  • Les parasitiformes, qui se nourrissent de divers hôtes vivants tels que les oiseaux, mammifères, amphibiens ou reptiles, avec plus de 15 000 espèces recensées.

À quoi ressemblent ces petits organismes ?

Les acariens présentent une diversité morphologique impressionnante, rendant leur portrait complexe. Leur taille peut varier de quelques centaines de micromètres à plus d’un centimètre, comme c’est le cas pour certaines tiques. Par exemple, les acariens qui vivent sur la peau (folliculaires) mesurent à peine 0,1 millimètre, alors que d’autres comme ceux de la poussière oscillent entre 0,2 et 0,5 mm. Quant aux trombidions, ils peuvent atteindre une longueur de 10 mm. Leur corps peut adopter des formes différentes : vermiforme, sphérique, elliptique ou en forme de poire. La majorité possède une structure fusionnée, avec une partie antérieure appelée prosome, porteur des pièces buccales et des pattes, et une partie postérieure, ou opisthosome, qui contient l’ouverture génitale et l’orifice urinaire. La première paire de pattes est souvent dotée de sensilles ou organes sensoriels, tandis que les deux autres servent à la locomotion. La dernière paire peut être modifiée, notamment chez les mâles, pour faciliter la reproduction. Les pièces buccales, munies de chélicères et pédipalpes, sont aussi adaptées selon leur régime alimentaire, pouvant être fortement modifiées.

Les habitats des acariens

Ces organismes colonisent une diversité d’environnements, qu’ils soient terrestres, aquatiques ou marins. Certaines espèces ont su s’adapter aux milieux extrêmes, notamment dans les régions polaires, les zones désertiques ou en haute montagne. La plupart prospèrent dans des conditions chaudes et humides — généralement lorsque la température dépasse 20 °C et que l’humidité relative est supérieure à 50 %. Leur prolifération est la plus intense durant les mois plus chauds, mais ils trouvent également refuge dans nos habitations en automne et en hiver. Ils sont souvent localisés dans des endroits où la végétation est abondante, tels que l’écorce des arbres, les arbustes, la mousse, l’humus, ou encore dans le bois en décomposition. On peut aussi les retrouver dans des environnements plus insolites comme des grottes, des eaux stagnantes, des fonds marins ou des nids d’oiseaux. Certaines espèces parasitent des mammifères, des oiseaux, des reptiles ou des amphibiens, vivant directement sur eux.

Ce que les acariens mangent

La majorité des acariens se nourrissent de petites proies ou de débris organiques : insectes microscopiques, matières végétales comme la mousse ou la sève, ou encore en décomposition tels que les feuilles mortes. D’autres, à l’image des tiques, se spécialisent dans la consommation de sang en parasitant leur hôte. On trouve également des acariens qui exploitent des restes de peau humaine, comme les squames, mais aussi des aliments stockés comme la farine, ou encore des moisissures. Certains déchiquettent leur nourriture à l’aide de chélicères ressemblant à des pinces, puis la pré-digèrent grâce à des enzymes qu’ils injectent via leur salive, procédé similaire à celui de plusieurs araignées.

Les risques associés aux acariens

Certains acariens peuvent causer des problèmes pour la santé ou des dégâts matériels. On peut distinguer trois principales nuisances :

Premièrement, ils sont des agents allergènes : leurs déjections, restes de mues ou cadavres présents dans la poussière peuvent provoquer des réactions telles que des éternuements, congestion nasale, démangeaisons oculaires ou de la gorge, fatigue intense, eczéma ou crises d’asthme. Ces allergènes restent actifs même après la mort de l’acarien.

Deuxièmement, ils peuvent transmettre des maladies. Par exemple, certains acarien parasites infectent la peau et sont responsables de conditions comme la gale, ou transmettent des agents pathogènes comme des bactéries, des protozoaires ou des virus. La maladie de Lyme, transmise par certaines tiques, en est une illustration. Leur rôle dans la diffusion de maladies à la fois humaines et animales est donc notable.

Enfin, plusieurs espèces vont directement endommager les cultures végétales en se nourrissant de leur sève ou de leur tissu. Une araignée rouge, par exemple, peut dégrader de nombreuses plantes cultivées, provoquant le jaunissement des feuilles et nuisant à la croissance. Ce phénomène est fréquent dans la culture de tomates, concombres, pommes de terre ou melons.

Les acariens responsables des allergies

Deux familles principales d’acariens ont un rôle clé dans les allergies respiratoires :

  • Les Pyroglyphides, notamment Dermatophagoïdes pteronyssinus, Dermatophagoïdes farinae et Euroglyphus maynei. Surnommés acariens de poussière, ils se nourrissent des débris de peau humaine et sont très présents dans nos intérieurs, se logeant dans les draps, matelas, tapis, peluches ou tissus d’ameublement. Jusqu’à 10 000 de ces acariens peuvent se retrouver dans une seule poussière, ou à deux millions dans un lit.
  • Les Acaridae, comprenant des espèces comme Acarus siro ou Tyrophagus putrescentiae. Ces acariens dits de stockage fréquentent les denrées alimentaires comme les farines. Très répandus, ils sont aussi à l’origine de nombreux cas d’asthme professionnel, notamment chez les boulangers. En plus de leurs effets allergiques respiratoires, ils peuvent provoquer des dermatoses par contact. Longtemps limités aux milieux agricoles, ils sont désormais courants en milieu urbain.

Les bénéfices des acariens pour l’environnement

Malgré leur réputation parfois défavorable, certains acariens contribuent positivement à l’écosystème. Leur rôle principal est celui de décomposeurs : ils participent au recyclage de la matière organique en se nourrissant de feuilles mortes, de débris végétaux ou animaux, facilitant ainsi la transformation en nutriments pour les plantes. Par ailleurs, certains acariens prédateurs sont utilisés comme agents de lutte biologique. Présents naturellement dans les cultures, ils permettent de réguler la population de certains ravageurs en parasitant pests tels que pucerons ou cicadelles, contribuant à la santé des cultures sans recours aux pesticides.

Comment réduire la présence d’acariens domestiques ?

Il est en réalité impossible de supprimer complètement ces organismes, mais il existe plusieurs stratégies pour limiter leur prolifération. Voici quelques conseils efficaces :

  • Aérer quotidiennement chaque pièce pendant au moins une demi-heure, tout en maintenant la température en dessous de 20 °C ;
  • Contrôler et réduire l’humidité ambiante à moins de 50 %, à l’aide de déshumidificateurs ou par ventilation régulière ;
  • Passer l’aspirateur régulièrement sur les sols, tapis, rideaux, et dépoussiérer les meubles fréquemment ;
  • Laver à haute température (au minimum 60 °C) la literie, les couvertures, les oreillers et les cocons ;
  • Utiliser des housses anti-acariens pour les matelas, oreillers et couettes, afin d’éviter leur prolifération ;
  • Employez un nettoyeur vapeur pour désinfecter textiles, tapis et moquettes ;
  • Vaporiser des produits d’entretien à base d’huiles essentielles et d’alcool, disponibles dans le commerce, pour assainir l’air intérieur ;
  • Privilégier des tissus légers pour la literie, en évitant tapis épaissis ou tentures qui peuvent servir de refuges aux acariens.

En appliquant ces bonnes pratiques, il devient possible de réduire significativement la population d’acariens dans votre domicile, diminuant ainsi les risques liés aux allergies et améliorant la qualité de vie.