Les organismes vivants qui habitent notre planète se répartissent en deux grandes catégories : les animaux et les végétaux. Lorsqu’une espèce ne se trouve que dans une zone géographique précise, on qualifie généralement cette dernière d’espèce propre ou endémique. La gestion de ce patrimoine naturel revient à l’État du territoire concerné. Mais qu’est-ce que cela implique concrètement ? Faisons le point.
La diversité des êtres vivants sur Terre
Malgré certains environnements encore peu explorés comme les forêts inaccessibles, les zones désertiques extrêmes ou la profondeur des océans, il est estimé que notre planète abrite près de 8 millions d’espèces, incluant animaux et plantes. Plus de la moitié de ces organismes sont des insectes, dont le nombre dépasse largement 5 millions.
En France, on a recensé près de 187 000 espèces sauvages, toutes intimement reliées pour former des écosystèmes complexes. La préservation de ces communautés repose sur cet équilibre fragile : si l’une d’elles disparaît, c’est tout l’ensemble qui peut être déstabilisé, que ce soit dans un réseau symbiotique, une chaîne alimentaire ou en compétition pour les ressources.
Qu’entend-on par espèces endémiques ?
L’endémisme désigne la présence naturelle d’une espèce ou d’un groupe d’espèces dans une région bien délimitée. Ce terme concerne aussi bien les animaux que les végétaux. Souvent, le nom de l’espèce reflète le lieu où elle est principalement trouvée, comme le koala d’Australie ou la Sittelle de Corse. Toutefois, une espèce endémique peut être déplacée ou introduite ailleurs, tout en conservant sa spécificité géographique d’origine.
Distinction entre espèces indigènes et endémiques
Il arrive que ces deux notions soient confondues. Pour simplifier, il faut retenir qu’une espèce endémique est une forme indigène qui ne se rencontre nulle part ailleurs, tandis que beaucoup d’espèces indigènes existent aussi dans d’autres zones. En résumé, une espèce endémique reste propre à une région précise et ne vit nulle part ailleurs à l’état naturel.
critères pour identifier une espèce animale endémique
Une espèce animale sera qualifiée d’endémique si elle naît et vit naturellement dans un espace donné ou si elle est devenue isolée géographiquement dans cette zone.
Le phénomène de spéciation
Ce processus de formation de nouvelles espèces résulte souvent d’une séparation géographique prolongée. On parle alors de néo-endémisme. Cela se produit fréquemment sur des îles anciennes, comme Madagascar ou Chypre, où l’isolement a permis à des animaux de diverger. Plus une île est vieille et préservée, plus la proportion d’espèces endémiques tend à augmenter.
Les espèces paléo-endémiques
Lorsqu’une espèce a disparu de son habitat d’origine mais demeure dans une zone spécifique, on la qualifie de paléo-endémique. Par exemple, la flore Rand trouvée dans le Sahara ancien et aux Canaries a disparu en Afrique continentale suite à la désertification, mais persiste sur l’île, la rendant ainsi endémique à cette dernière.
Les espèces subendémiques
Une espèce est considérée comme subendémique si elle ne se trouve que dans un seul pays ou dans une zone très limitée d’un territoire voisin, sans se répandre largement dans la région.
Pourquoi ces espèces sont-elles en danger ?
Les espèces endémiques disposent souvent d’un territoire très restreint, ce qui les rend extrêmement vulnérables à l’extinction. Leur disparition serait irréversible, car très peu d’espèces apparentées leur ressemblent. La responsabilité de leur sauvegarde incombe à chaque nation. En France, plusieurs de ces espèces se trouvent dans les départements d’outre-mer, où elles représentent en moyenne 22 % du total.
La perte de ces espèces uniques aurait des conséquences désastreuses sur l’ensemble des écosystèmes locaux. Beaucoup d’entre elles, étant très évoluées, sont considérées comme la dernière de leur genre et sont intégralement protégées par des programmes spécifiques, comme celui initié par la Zoological Society de Londres, appelé EDGE (Species à évolution distincte et en danger mondial), lancé en 2007 pour préserver ces trésors biologiques.
La France joue un rôle clé dans cette mission de conservation : à elle seule, 15 % des espèces classées dans le programme EDGE y sont présentes, notamment une majorité de coraux en outre-mer. Parmi elles se trouvent également des animaux en danger critique comme la salamandre de Lanza (Salamandra lanzai), intégrée à ce dispositif de sauvegarde.
mesures de protection des espèces endémiques animales
Sachant leur vulnérabilité, une majorité de ces espèces bénéficient de programmes de conservation destinés à prévenir leur extinction. Elles servent également d’indicateurs dans l’évaluation de la santé écologique mondiale, selon des organismes internationaux comme :
- l’UNESCO et l’UICN ;
- la commission de la Sauvegarde des Espèces (CSE) de l’UICN ;
- le Fonds mondial pour la nature (WWF) ;
- Conservation International ;
- BirdLife International.
quelques exemples emblématiques d’espèces endémiques animales
Voici une sélection des espèces endémiques parmi les plus célèbres dans le monde entier :
le kiwi de Nouvelle-Zélande (Apteryx australis)
Ce petit oiseau ne possède pas la capacité de voler et se déplace uniquement sur ses pattes. Symbole national, il a valu aux habitants de l’île le surnom de « kiwis ».
le panda géant en Chine (Ailuropoda melanoleuca)
Ce mammifère emblématique représente un symbole national. Sa population sauvage est estimée à moins de 1 900 individus. Des efforts internationaux visent à le protéger dans plusieurs zoos à travers le monde.
le kangourou arboricole de Matschie
Originaire de Papouasie-Nouvelle-Guinée, ce marsupial est en voie de disparition. Discret, il est surnommé « le spectre de la forêt ».
le lemming de Norvège
Repéré principalement dans le nord de la Fennoscandie, c’est le seul léporidé endémique de cette région.
le chat sauvage d’Écosse (Felis silvestris grampia)
Ce félin possède un cerveau légèrement plus volumineux que celui des chats domestiques et présente des pupilles distinctes. Sa population a connu une reprise depuis 9 000 ans.
l’ours des glaciers (Ursus americanus emmonsii)
Reconnaissable à sa fourrure argentée avec une touche de gris, il vit dans l’Alaska. Menacé par le réchauffement climatique, sa survie est en jeu.
l’alligator américain (Alligator mississippiensis)
Au bord de l’extinction dans le passé, cette espèce a bénéficié d’un programme de réintroduction qui a permis sa population de rebondir, illustrant le succès des mesures de conservation.
le paresseux pygmée à trois doigts (Bradypus tridactylus)
C’est une espèce rare, limitée à une petite île nommée Escudo de Veraguas, au large du Panama. Bien que le paresseux se rencontre en Amérique du Sud, cette version miniature ne vit que sur cette île spécifique.
l’émeraude de Chiribiquete (Chlorostilbon olivaresi)
Ce colibri, à la robe bleu vert, est endémique du sud de la Colombie. Son plumage coloré et sa taille en font une espèce facilement identifiable.
le singe de Sclater (Cercopithecus sclateri)
Ce petit primate est connu pour ses populations restreintes observées à faible altitude sur la côte nigériane, rendant sa conservation essentielle.
le mara de Patagonie (Dolichotis patagonum)
Ce rongeur ressemble à un croisement entre un lapin et un kangourou. Endémique de Patagonie, il habite exclusivement cette région isolée.
le papillon sri-lankais (Troides darsius)
Ce papillon imposant se distingue par ses ailes noires ponctuées de jaune sur la partie inférieure. C’est une espèce protégée, rare à l’état sauvage.
le brookesia Micra
Le plus petit caméléon du monde, ne mesurant que 29 mm, n’est trouvé qu’à Madagascar. Sa taille minuscule le rend remarquable dans le règne animal.
le paradisier républicain (Diphyllodes respublica)
Ce oiseau coloré, avec des tons de bleu, rouge et jaune, possède une queue recourbée caractéristique. Il est endémique d’Indonésie.