La saltique chevronnée est une petite araignée étonnante, facilement reconnaissable à son motif rayé distinctif et à sa paire d’yeux multiples qui lui offrent un champ de vision à 360°. Vivant en dehors de la nécessité de tisser des toiles pour attraper ses proies, cette araignée bondissante se précipite sur ses cibles avec une rapidité exceptionnelle. Souvent surnommée l’araignée sautante, elle est omniprésente dans divers habitats en France. Voyons ensemble ce qui la caractérise et comment elle vit.
Comprendre l’identité de la saltique chevronnée
Appartenant à l’ordre des arthropodes, cette créature possède un exosquelette articulé. Elle appartient à la famille des arachnides, une classe différente des insectes principalement par ses huit membres et sa division corporelle en deux segments : le céphalothorax et l’abdomen, contrairement aux trois segments des insectes. La saltique chevronnée, de son nom scientifique Salticus scenicus, est une aranéomorphe, représentant la majorité des araignées décrites (environ 95 %). Conformément à sa famille, ses chélicères orientés vers le bas, perpendiculairement au corps, possèdent des crochets croisés rappelant des pinces.
Qui sont les salticidés, ou araignées sauteuses ?
Ces araignées appartiennent à une famille très diversifiée dénommée salticidés, regroupant plus de 6 500 espèces réparties en environ 670 genres à échelle mondiale. En France, on dénombre environ 160 tranches différentes. Leur acuité visuelle exceptionnelle est l’un des traits qui les distingue parmi tous les arthropodes. Leur paire d’yeux frontaux, mobile et de grande taille, ainsi que six autres œils plus petits, leur octroient une capacité de voir à 360°. Ce sens aigu leur permet de repérer aisément une proie ou un danger potentiel. Par ailleurs, leur sensibilité aux sons leur donne la faculté de percevoir de très légers mouvements à une distance pouvant atteindre 2 mètres.
Comment identifier la saltique chevronnée ?
De taille modeste, cette araignée se distingue par son corps robuste et ses pattes relativement courtes. Les mâles, qui mesurent généralement entre 5 et 6 mm, se reconnaissent à leurs chélicères volumineux. Les femelles, un peu plus grandes, peuvent atteindre 7 mm. Leur corps, ainsi que leurs pattes, sont recouverts de poils formant des rayures en noir, blanc et beige, leur donnant un aspect coloré et éclatant, d’où leur surnom d’arlequin. Leur puissance de saut leur permet de couvrir jusqu’à 30 fois leur propre longueur, soit environ 30 cm. Leur capacité à grimper sur des surfaces planes, comme du verre, est facilitée par leurs pattes pileuses, conçues pour une adhérence optimale. Avant de lancer un saut, elles fixent un fil de soie à leur support, leur offrant un point d’ancrage pour revenir à leur place en cas de chute.
Quel aliment compose le régime de la saltique chevronnée ?
Active principalement en journée, cette araignée se nourrit surtout d’insectes volants tels que les mouches ou les moustiques, mais aussi de petites araignées. Contrairement à d’autres espèces qui tissent une toile pour piéger leur proie, la saltique chevronnée veille en restant en alerte sur une surface exposée. Lorsqu’une proie s’installe à portée, elle s’en approche discrètement avant de faire un saut pour l’attraper. Son mode de digestion repose sur l’injection de enzymes liquéfiantes à l’aide de ses crochets, ce qui permet de transformer les tissus internes de la proie en un liquide que l’arachnide peut aspirer.
En général, elle se nourrit de sucs digestifs qui dissolvent la proie, réduisant celle-ci à une masse molle qu’elle peut facilement absorber.
Où peut-on rencontrer cette espèce ?
La saltique chevronnée est présente sur tous les continents, sauf aux pôles. Originaire d’Europe, elle a été introduite en Amérique du Nord, en Asie et au Canada. En Europe, elle prédomine dans la région méditerranéenne où elle préfère vivre dans des zones chaudes et sèches. On la retrouve aussi bien dans la nature que dans les zones urbaines : murs, façades, rebords de fenêtres, jardins, rochers ou même à l’intérieur des habitations. Pendant l’hiver, cette araignée construit une loge de soie épaisse et la cache dans un recoin pour survivre au froid.
Comment se déroule la reproduction chez la saltique chevronnée ?
En général, cette espèce se reproduit une fois par an, entre la fin du printemps et le début de l’été. Le mâle se montre lors d’une parade nuptiale où il agite ses pattes de façon rituelle pour attirer la femelle. S’il la trouve réceptive, il s’approche en douceur et s’accouple en utilisant ses pédipalpes, qui sont des organes transformés en organes copulateurs ressemblant à des gants de boxe. Avant de déposer ses œufs, la femelle recueille le sperme de son partenaire avec ses organes spécifiques, puis les insère dans son épigyne. La fécondation aboutit à la mise en place de sacs d’œufs contenant chacun entre 20 et 50 œufs. La femelle protège ces sacs dans une loge de soie jusqu’à éclosion, trois à quatre semaines plus tard. À leur naissance, les jeunes ressemblent aux adultes, sauf pour leurs organes reproducteurs encore en développement. La mère veille sur sa progéniture jusqu’à ce qu’ils deviennent autonomes, après quoi ils muent plusieurs fois, vivent en solitaire et restent discret pendant l’hiver, sous des abris naturels ou artificiels.
Combien de temps vit la saltique chevronnée ?
La durée de vie moyenne de cette araignée sautante tourne autour de deux à trois ans. Les femelles ont tendance à vivre un peu plus longtemps que les mâles. Bien qu’elle n’ait pas encore été classée comme menacée, cette espèce n’est pas en danger. Sans danger pour l’homme, la saltique joue un rôle écologique significatif en contrôlant la population d’insectes nuisibles, contribuant ainsi à l’équilibre de son environnement.