Opilion, aussi nommé faucheur : une araignée au profil particulier

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L’opilion n’a pas vocation à effrayer ceux qui ont une aversion pour les araignées. En effet, pour les personnes intolérantes à ces dernières, cette créature offre un certain soulagement : elle ne possède ni toile ni venin, ce qui la différencie nettement de ses congénères plus redoutables.

Apprenez à connaître cette arachnide hors du commun, souvent appelé faucheur, faucheuse ou faucheux, en découvrant ses particularités uniques.

Qu’est-ce qu’un opilion ?

Comme toutes les autres arachnides, telles que les araignées, les scorpions ou les acariens, les opilions font partie de la classe des arachnides. Leur silhouette se caractérise par un corps allongé, mais ils possèdent une particularité morphologique : leur abdomen est fusionné avec leur céphalothorax, la partie avant de leur corps, contrairement à la majorité des araignées où ces deux zones restent distinctes. Leurs huit membres, très longs, peuvent atteindre une longueur plusieurs fois supérieure à celle de leur corps. Certains spécimens peuvent mesurer jusqu’à 10 cm d’envergure, alors que leur corps seul ne dépasse généralement pas 1 cm. En règle générale, ils vivent entre 12 et 18 mois.

Souvent surnommé faucheux ou faucheur, cet animal doit son nom à ses habitudes dans les champs lors des récoltes, et non à une appartenance à la Grande Faucheuse. Sa démarche rappelle celle d’une faux, ce qui explique son appellation. Son nom provient du mot latin opilio, signifiant “berger de brebis”, en hommage à l’image de ses longues pattes qui évoquent ces gardiens de troupeaux, notamment dans la région des Landes en Gascogne, où les bergers utilisaient des échasses pour surveiller leur territoire humide. Ce terme a été introduit en 1933 par le naturaliste Karl Sundevall.

Habitat et comportements des opilions

Présents à travers le globe, les opilions se sont parfaitement adaptés à différents climats, qu’ils soient tempérés ou tropicaux, avec une préférence pour les environnements chauds. On compte plus de 6 000 espèces différentes dans cette famille, dont environ 130 en France, sur un total européen de 350.

Leur habitat privilégié se trouve sous les pierres ou les morceaux de bois, mais ils peuvent également fréquenter la végétation ou, à l’occasion, pénétrer dans nos habitations. Malgré leur aspect parfois inquiétant, ils ne présentent aucun danger pour l’homme.

Actifs principalement durant la nuit, ils se nourrissent principalement de débris végétaux, mais leur régime peut aussi inclure des insectes morts ou vivants, faisant d’eux des décomposeurs indispensables dans leur écosystème. Leur capacité à consommer des insectes rampants, ainsi que des larves dépourvues d’ailes, en fait de véritables nettoyeurs naturels.

Différences entre l’opilion et d’autres araignées

Bien que leur apparence extérieure puisse prêter à confusion, notamment parce qu’ils appartiennent tous deux à la même classe d’arachnides, les opilions se distinguent nettement des araignées dans plusieurs aspects.

Contrairement à la plupart des araignées, dont l’abdomen est séparé du reste du corps, celui de l’opilion est fusionné, formant une seule pièce. Il possède également deux yeux, souvent encadrés de petites dents, placés en hauteur sur la tête, tandis que ses cousines disposent généralement de plusieurs yeux—habituellement huit—disposés davantage sur la face antérieure. Par ailleurs, ses pattes, plus fines, ne possèdent pas de glandes venimeuses.

Leur mode de vie diffère aussi : l’araignée est principalement carnivore, se nourrissant d’insectes qu’elle capture dans sa toile, alors que le faucheux se nourrit souvent de débris végétaux et ne tisse pas de toile.

La reproduction varie également : l’opilion effectue une danse nuptiale, avec parfois des combats entre mâles avant la parade amoureuse. Après la fécondation, la femelle dépose jusqu’à une centaine d’œufs dans un endroit protégé, comme sous une écorce ou dans le sol, parfois sous la surveillance d’un des parents. En revanche, chez d’autres arachnides, comme la mante religieuse, la stratégie peut inclure la consommation du mâle après l’accouplement.

Principaux prédateurs des opilions

Dans la nature, le faucheux doit faire face à plusieurs ennemis.

  • Les oiseaux insectivores, notamment les rouges-gorges ou les mésanges ;
  • Les reptiles, comme les lézards, qui ne laissent pas souvent la chance à l’opilion en raison de leur rapidité ;
  • Les amphibiens, tels que les grenouilles ou les crapauds, qui aiment chasser ces petites créatures ;
  • Les petits mammifères, comme les hérissons ou les musaraignes ;
  • Et certains arthropodes, notamment d’autres arachnides comme les scorpions, ou des insectes comme les fourmis ou les mantes religieuses.

Pour se défendre, le faucheux dispose de plusieurs stratégies. La plus connue est l’autotomie : en cas de danger, il peut volontairement perdre une ou plusieurs pattes pour faciliter sa fuite, à l’image des lézards qui se débarrassent de leur queue. Ces membres repoussent, mais ce processus demande du temps et plusieurs mues.

Il possède également des glandes répugnatoires qui produisent des substances malodorantes et toxiques, dissuadant ainsi ses prédateurs. D’autres mécanismes incluent la vibration de son corps ou la constitution de grands groupes pour augmenter son camouflage. En dernier recours, il a la capacité de simuler une mort apparente, appelée thanatose, en restant immobile et rigide pour tromper ses ennemis.

Idées reçues sur l’opilion

Une croyance répandue veut que le faucheux soit doté d’un venin puissant, mais cela est totalement faux. En réalité, il ne possède aucun venin et ne présente aucun danger pour l’humain. Il est incapable de mordre ou de piquer. Par conséquent, il n’y a aucune raison de le tuer par peur : il joue un rôle écologique essentiel. Dans les jardins, notamment, il participe à l’élimination des insectes nuisibles et des déchets organiques, contribuant à un environnement plus sain et équilibré. Si sa présence vous dérange, la meilleure solution consiste à le capturer délicatement avec une pince pour le relâcher à l’extérieur, où il poursuivra sa mission de nettoyage.

Malgré une apparence qui peut impressionner, l’opilion reste un animal inoffensif, jouant un rôle écologique précieux. Même s’il appartient à la même classe que les araignées, ses différences sont nombreuses. Face à ses prédateurs, il dispose de techniques de défense variées, le rendant à la fois fascinant et respecté.