Les mygales peuvent-elles être rencontrées en France ?

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Crédit photo : Danny Steaven

Si vous avez une aversion pour les araignées et que leur nom seul vous glace le sang, cette lecture n’est peut-être pas faite pour vous. La présence de mygales en France ne relève pas de l’imaginaire : elles existent bel et bien sur notre territoire, pas seulement dans des terrariums ou en animalerie. Cependant, il ne faut pas croire qu’il s’agit d’énormes créatures velues et terrifiantes. Décryptons cette présence étonnante.

Qu’entend-on exactement par « mygale » ?

Le mot « mygale » ne désigne pas une seule espèce spécifique, mais regroupe plutôt un groupe d’araignées correspondant à une classe particulière. Ces arachnides appartiennent à un sous-ordre appelé Mygalomorphae, caractérisé par leur morphologie semblable et leurs chélicères orientés vers l’avant. Ces chélicères restent parallèle en position de repos, ce qui diffère des autres araignées.

Parmi leurs traits distinctifs, on trouve leurs tailles impressionnantes et leur respiration via deux paires de poumons lamellés. Active principalement durant la nuit, leur activité diurne est plutôt limitée, sauf lors de la période de reproduction où les mâles peuvent sortir pour chercher un partenaire. Les femelles, en revanche, sont parmi les araignées terrestres qui vivent le plus longtemps, certains spécimens atteignant 30 ans en captivité. Ces araignées se nourrissent d’insectes qu’elles immobilisent grâce à leur venin, qui peut être rapide et puissant, mais très peu de mygales ont une toxine capable de tuer un humain.

La diversité de ces espèces est immense : environ 15 familles, réparties en plus de 300 genres, totalisent plus de 2 600 espèces à travers le monde. Elles habitent majoritairement les zones tropicales et subtropicales, où elles préfèrent se dissimuler dans les forêts humides ou les milieux sombres. On en trouve aussi en Amérique, en Afrique, en Asie, en Océanie, et même en Europe, incluant la France.

Quelles mygales sont présentes en France ?

Contrairement à certaines représentations, les mygales françaises ne sont pas de gigantesques araignées velues venimeuses. Leurs populations incluent au moins huit espèces différentes, que nous allons vous présenter.

1 – La mygale commune (Atypus affinis)

C’est la variété la plus répandue en Europe. Malgré sa présence, cette araignée demeure discrète en raison de sa petite taille : à peine 7 à 9 mm pour les mâles, et 10 à 15 mm pour les femelles. De couleur noire, elle reste non agressive tant qu’elle ne se sent pas menacée ou qu’elle n’a pas de petits. Son surnom, « mygale à chaussettes », vient de sa toile en forme de chaussette qu’elle tisse au sol, dissimulant son trou d’entrée. Lorsqu’un insecte passe à proximité, ses vibrations la signalent et elle se précipite pour mordiller sa proie. Ensuite, elle déchire sa toile pour déguster son repas dans sa tanière. La reine des petites araignées ne quitte que rarement son refuge, sauf pour l’accouplement qui se produit en hiver. La femelle pond ses œufs dans un cocon de soie en juin, et les jeunes restent avec leur mère pendant une année avant de partir explorer le monde. Par sa petite taille, cette mygale n’a pas la force de percer la peau humaine, ce qui la rend inoffensive.

2 – La mygale maçonne (Nemesia caementaria)

Présente dans le sud de l’Europe, notamment dans le sud de la France, cette araignée aime coloniser des zones comme les Pyrénées orientales, l’Aude ou l’Hérault. Les mâles mesurent jusqu’à 12 mm, tandis que les femelles peuvent approcher les 20 mm. Leur espérance de vie peut atteindre vingt ans. Elles hibernent ou estivent dans leurs terriers, qu’elles obturent soigneusement avec un mélange de terre et de soies. En quête de nourriture, elles capturent leurs proies grâce aux soies qu’elles tissent autour de leur terrier. Leur caractère paisible et leur venin peu dangereux pour l’humain en font des habitantes inoffensives.

3 – La Nemesia simoni

On trouve aussi cette petite mygale dans certains sols français. La taille des mâles ne dépasse pas 15 mm, alors que les femelles peuvent atteindre 25 mm. Elle creuse une petite cachette, dans laquelle elle réside en permanence, se nourrissant de manière indirecte via ses soies en captant des proies qui passent à proximité. Peu agressive, elle ne représente qu’un risque pour l’homme lorsqu’elle doit défendre son cocon.

4 – La Nemesia dubia

Cette espèce possède un mode de vie similaire à ses cousines, en creusant des cavités dans la terre pour vivre, pondre et assurer la sécurité de ses œufs. Les mâles mesurent généralement entre 10 et 12 mm, et les femelles atteignent 15 mm. Leur comportement n’est pas menaçant pour l’humain : elles évitent tout contact.

5 – La mygale pionnière (Cteniza sauvagesi)

Plus spécifique à la Corse, cette araignée préfère les terrains dégagés et peu densément végétalisés, comme les chemins, les talus ou les murs en pierre. Elle a besoin d’un sol humide mais pas détrempé. Classée parmi les plus grandes mygales françaises, elle peut atteindre 38 mm pour les femelles, avec un corps trapu de couleur brune ou noir brillante, souvent recouvert de duvet gris clair. La femelle reste principalement dans son terrier, tandis que le mâle vagabonde et s’abrite sous les pierres. Le terrier est soigneusement fermé et la morsure, bien que douloureuse, n’est pas dangereuse, sa venin étant peu actif. Elle adopte une posture défensive si elle se sent en péril, mais sa lenteur la garde hors des attaques humaines.

6 – La Cteniza moggridgei

On la retrouve dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans certaines parties des Alpes-Maritimes. Mâle mesurant jusqu’à 13 mm, femelle pouvant dépasser 18 mm, son comportement est très proche de celui de la Cténize corse. Elle n’est pas agressive ni dangereuse pour l’humain.

7 – La mygale andalouse (Macrothele calpeiana)

Originaire d’Andalousie, cette espèce a été introduite en France notamment via des oliviers importés. Sa taille atteint 27 mm pour les mâles et 35 mm pour les femelles. Sa couleur noire brillante et son corps massif la rendent impressionnante, mais elle reste non agressive si elle n’est pas provoquée. Elle construit ses terriers à partir de matériaux qu’elle aménage minutieusement, tapissant l’intérieur de soies. Sa morsure peut provoquer une douleur intense, avec des symptômes tels que maux de tête et inconfort digestif, mais elle se limite rarement à cela.

8 – La malmignatte (Latrodectus tredecimguttatus)

Enfin, parmi les espèces les plus connues, on trouve la malmignatte, également appelée « la veuve noire d’Europe ». Présente dans le sud, en Corse et le long du littoral atlantique jusqu’à la Bretagne, elle se distingue par sa robe noire et ses 13 marques jaunes, oranges ou rouges au centre de l’abdomen. Discrète, elle ne mord que si elle se sent menacée. Sa morsure est douloureuse et peut libérer de l’a-latrotoxine, une neurotoxine pouvant provoquer des maux divers, comme spasmes, troubles digestifs ou sensations de picotements durables. Heureusement, les décès restent exceptionnels, mais les symptômes peuvent perdurer plusieurs semaines.