Les araignées sont-elles des insectes ? Décryptage

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Souvent citée parmi les trois phobies majeures des êtres humains, la peur des araignées est aussi répandue que celle du serpent ou du requin, même si la comparaison peut paraître exagérée. Ces créatures entrent la plupart du temps dans nos habitations silencieusement, tissant leurs toiles à l’abri de nos regards, et se nourrissent des petits insectes qui croisent leur chemin. Mais où placent-elles leur famille dans le règne animal ? Voici quelques éléments de réponse.

De quelle famille appartient l’araignée ?

Pour commencer, il est important de dissiper une idée reçue : l’araignée n’est pas un insecte. Contrairement à ces derniers, qui appartiennent aux groupes Mandibulata ou Antennates, elles se distinguent par leur corps composé de deux parties principales – le céphalothorax et l’abdomen – et par leur possession de quatre paires de pattes. Les insectes, eux, ont un corps en trois parties et ne disposent que de trois paires de membres.

Elle appartient à la famille des arachnides, une grande branche regroupant aussi bien les scorpions que les acariens. Cette catégorie, qui fait partie des chélicérates terrestres, compte plus de 50 000 espèces répertoriées à l’échelle mondiale. La majorité d’entre elles sont des araignées, également appelées aranéides, avec environ 35 000 espèces différentes. Parmi les autres membres de cette famille, on trouve aussi des opilions, communément appelés “faucheux”, qui, bien qu’appartenant aussi aux arachnides, ne font pas partie des araignées. Leur surnom vient de leurs pattes en forme de faux, un outil utilisé à l’origine dans l’agriculture pour faucher l’herbe ou les céréales lors des moissons, période à laquelle ces créatures apparaissent fréquemment dans les champs.

Morphologie et mode de vie : un aperçu de l’araignée

L’anatomie de l’araignée se divise en deux parties principales : le céphalothorax à l’avant, regroupant la tête et le thorax, et un abdomen souple, sans segmentation visible, à l’arrière. Sur le céphalothorax se trouvent ses chélicères, de petits crochets situés devant sa bouche, essentiels pour attraper et manipuler ses proies. Ce même segment porte également ses quatre paires de pattes de locomotion, et ses lunettes, qui varient en nombre selon les espèces. Chaque paire d’yeux a une fonction précise, même si, en réalité, la vision de l’araignée est peu développée, et sa vue souvent médiocre.

Ce carnivore est généralement actif la nuit, car il est vite désorienté par la lumière du jour, ce qui explique ses périodes d’immobilité. Son corps est recouvert de fines soies sensorielles, réparties sur toute sa surface, qui lui permettent de détecter vibrations, mouvements, et substances – même sans voir clairement – afin de mieux localiser ses proies ou d’éviter ses prédateurs.

Comment l’araignée se nourrit-elle ?

La plupart d’entre nous visualisent une araignée tendant une toile pour piéger ses victimes, et restant alors sur place, patiente. Si cette image est réaliste pour certaines espèces, il faut nuancer en disant que toutes les araignées ne tissent pas forcément des toiles élaborées. La majorité chasse plutôt en se tenant en embuscade ou en courant après ses proies, qu’elle attrape en lançant un filet de soie ou en utilisant des techniques de chasse actives. Pour se déplacer ou éviter la chute, elle conserve souvent un fil de soie attaché à une patte, qu’elle peut réutiliser pour planer ou s’accrocher.

Une fois sa proie capturée, l’araignée doit faire face à un obstacle : elle ne possède pas de dents, rendant la mastication impossible. Quelle stratégie adopter dans ce cas ? Elle injecte des enzymes liquéfiantes dans la victime, qui digèrent ses tissus internes. La proie est alors transformée en un liquide vaisselle, prêt à être aspiré par l’araignée. Ce mode de digestion est à la fois surprenant et efficace, permettant à la créature de se nourrir en avalant sa nourriture sous forme de bouillie.

L’araignée est-elle nuisible pour l’homme ?

Il est vrai que beaucoup ont tendance à voir l’araignée comme un nuisible, voire une source d’angoisse. Cette perception est souvent alimentée par des phobies héritées, ou par des images dramatiques dans des films qui la présentent comme un prédateur redoutable. De plus, les générations passées en ont souvent fait l’écho à travers des contes ou des conseils de famille mettant en garde contre d’éventuelles piqûres dangereuses. Cependant, il est important de clarifier ces idées reçues.

  • NON, la majorité des araignées ne piquent pas. À l’exception de quelques espèces rares en Australie ou en Amérique du Sud, la plupart des araignées présentes en Europe, comme la tégénaire, ne mordent pas volontairement, et leurs morsures ne sont pas dangereuses. La malmignatte, par exemple, bien qu’ultra-rapide et venimeuse, n’est que peu répandue en Europe et ses piqûres peuvent être graves uniquement dans de très rares cas.
  • NON, l’araignée ne voit pas l’humain comme une proie. Elle cherche plutôt à éviter tout contact, s’enfuyant ou se plaquant lorsqu’elle se sent menacée. Sa réaction face à notre présence n’est pas une attaque, mais une défense instinctive.
  • NON, il est faux de penser que l’on avale des araignées inconsciemment durant notre sommeil. Cette idée est un mythe. La quasi-totalité des araignées ne considère pas l’homme comme une cible, et la simple apparition d’une araignée dans notre lit nous réveillerait instantanément. Une étude sérieuse a confirmé que la croyance selon laquelle on avalerait en moyenne huit araignées par an dans notre sommeil est infondée.

Pourquoi ces araignées entrent-elles dans nos maisons ? Pour trouver un environnement chaud, sûr, et propice à l’hibernation, surtout pendant les périodes de froid. La maison devient aussi une véritable réserve alimentaire, car elle abrite de nombreux insectes attirés par la lumière ou la nourriture : moustiques, mouches, pucerons… La présence de ces insectes offre un festin à l’araignée, qui se régale de ces petits nuisibles.

Face à une créature qui ne s’attaque pas à l’homme et qui, au contraire, aide à réguler la population d’insectes nuisibles, il devient légitime de se demander si la cohabitation est si problématique. Peut-être le moment de réévaluer en quoi la présence de ces araignées dans nos habitations peut, en réalité, nous être favorable…