Originaire des régions du sud, l’araignée surnommée vampire ou Nosferatu a peu à peu étendu sa présence vers le nord de son aire naturelle de répartition pour désormais couvrir une large partie de la France. Son nom évoque directement le célèbre personnage effrayant de fiction, ce qui lui confère une réputation inquiétante. Mais en réalité, est-elle réellement dangereuse pour l’homme ? Pour répondre à cette question, intéressons-nous à la famille de cette araignée, à son régime alimentaire, à ses comportements et à son cycle de vie.
Qui est cette araignée vampire ou Nosferatu ?
L’araignée désignée sous le nom de vampire ou Nosferatu, dont le nom scientifique est Zoropsis spinimana, appartient à la catégorie des aranéomorphes, regroupée dans la super-famille des Lycosoidea, au sein de la famille des Zoropsidae. Résolument associée au vampire de la fiction, cette espèce tire son surnom d’un dessin thoracique qui ressemble à une face de Nosferatu, notamment à cause de ses longues canines pointues. Les mâles de cette espèce mesurent généralement entre 10 et 13 mm, tandis que les femelles, plus imposantes, peuvent atteindre 19 mm. Avec l’ensemble de ses membres, notamment ses longues pattes, cette araignée peut atteindre une envergure totale de 8 cm.
Comment reconnaître l’araignée vampire ?
À l’image de toutes les araignées, la silhouette de Nosferatu se divise en deux segments principaux : le céphalothorax et l’abdomen. Le premier, à l’avant, est pourvu de six paires d’appendices : deux chélicères venimeuses permettant d’immobiliser ses proies, deux pédipalpes utilisés pour percevoir et manipuler la nourriture, et quatre pattes pour la locomotion. Au niveau de l’arrière de l’abdomen, des filières produisent la soie. Par ailleurs, cette espèce possède des traits anatomiques distinctifs qui facilitent son identification :
- Une silhouette élancée et légèrement aplatie ;
- Un corps tacheté mêlant poils marron et blancs ;
- Un céphalothorax présentant deux bandes brunes latérales à marges crénelées, encadrant une petite tache claire en avant ;
- Un motif thoracique composé de poils sombres et clairs évoquant un crâne ou un visage de vampire ;
- Un abdomen portant trois marques sombres médianes et des marges plus foncées ;
- Des pattes longues munies de rangées épineuses mouchetées ;
- Des chélicères noirs avec des poils jaunâtres ;
- Huit yeux répartis en trois rangées (4-2-2), où les yeux centraux et arrière sont légèrement plus grands que ceux en avant.
Quelle est l’origine de l’araignée Nosferatu ?
La zone de répartition originelle de cette araignée se situait dans la région méditerranéenne et en Afrique du Nord. Cependant, elle vit désormais en Europe, notamment dans ses régions occidentale, orientale et centrale. Arrivée en France par le sud, la zoropse à pattes épineuses a progressé vers le nord pour être aujourd’hui présente dans l’ensemble du territoire français. Ce déplacement vers des zones plus froides serait attribuable au réchauffement climatique. Autrefois confinée aux milieux sauvages ombragés comme les garrigues, les maquis ou les forêts, elle fréquente désormais aussi les zones urbaines. Elle s’installe dans les habitations où les températures restent agréables et où la nourriture abonde. La zoropse à pattes épineuses est considérée comme une espèce synanthrope, c’est-à-dire capable de s’adapter aux environnements modifiés par l’homme.
Quelle nourriture consomme la zoropse à pattes épineuses ?
La principale alimentation de cette araignée consiste en insectes et autres petits arthropodes, tels que mouches, moustiques, papillons, criquets, sauterelles ou de petites araignées. Active principalement la nuit, cette espèce opportuniste ne construit pas de toile, préférant chasser ou absorber tout ce qui passe à proximité. Elle se déplace souvent en mode errant ou reste en embuscade dans des endroits discrets, guettant ses proies. Ses pattes, munies de poils adhésifs appelés scopules, jouent un rôle crucial pour sa chasse, en lui permettant de courir rapidement sur des surfaces lisses ou verticales. Lorsqu’elle attrape une proie, l’araignée enfonce ses chélicères pour y injecter un venin qui provoque l’immobilisation. Elle utilise aussi des enzymes digestives, qui liquéfient l’intérieur de la victime, facilitant l’aspiration des nutriments.
La zoropse à pattes épineuses est-elle venimeuse et risquée ?
Effectivement, cette araignée possède un venin, comme beaucoup d’autres espèces. Elle l’utilise principalement pour paralyser ses proies mais ne cherche pas à attaquer des animaux plus gros qu’elle. Lorsqu’elle se sent menacée, elle préfère généralement fuir. Inoffensive pour l’homme, elle ne mord que par réflexe de défense. Ses chélicères étant capables de percer la peau humaine, la morsure peut provoquer une douleur passagère, accompagnée parfois de rougeurs, de démangeaisons ou un léger gonflement. Ces symptômes tendent à disparaître en quelques jours. Tendances et animaux rappelle que l’araignée Nosferatu n’est pas considérée comme dangereuse pour les humains, et ses morsures sont rarement graves, sauf en cas de réaction allergique.
Comment se déroule la reproduction chez l’araignée Nosferatu ?
La période favorable à la reproduction de Zoropsis spinimana intervient en automne. La femelle peut stocker les œufs dans une grande spermathèque, parfois fertiliser ses œufs avec plusieurs mâles (superovulation). Elle peut aussi se reproduire plusieurs fois avec le même mâle pour assurer la paternité. Elle construit un cocon de soie blanc-bleuté, généralement placé sous une pierre ou une écorce, contenant entre 20 et 50 œufs. Ceux-ci éclosent après environ un mois et demi. La mère reste veiller sur le couvain jusqu’à leur naissance. À la fin de l’été, les jeunes araignées atteignent leur maturité. En revanche, les mâles meurent généralement après avoir copulé, tandis que les femelles vivent environ un an et demi.
Existe-t-il un risque que l’araignée Vampire devienne envahissante ?
Reconnaissant sa faculté d’adaptation aussi bien au changement climatique qu’aux modifications humaines, cette espèce synanthrope pourrait voir son aire de répartition s’étendre encore. Néanmoins, cela ne signifie pas qu’elle devient envahissante au détriment d’autres espèces. Elle joue, au contraire, un rôle essentiel dans l’écosystème en tant que prédatrice d’insectes nuisibles, contribuant à réguler leur population. Elle constitue aussi une source de nourriture pour d’autres animaux, tels que certains oiseaux insectivores ou de petits mammifères comme les souris. La présence de cette araignée dans un environnement ne doit pas être perçue comme une menace, mais plutôt comme une partie intégrante du réseau trophique local.