Araignée Argiope Frelon : le motif rayé jaune et noir

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Crédit photo : Peter Gabler

Les araignées du genre argiope sont omniprésentes aussi bien en France que dans d’autres régions du globe. Facilement identifiables grâce à la posture particulière de leurs longues pattes, disposées en paires formant un symbole de croix, elles ont une apparence distinctive. L’argiope frelon, en particulier, se reconnaît à ses rayures saisissantes en jaune et noir, rappelant le motif de l’insecte auquel elle doit son nom. Ces araignées, que l’on retrouve fréquemment dans la nature et nos jardins, ont pour préférences le soleil et leur alimentation favorite, composée principalement de sauterelles.

Qui est l’argiope frelon ?

Connue sous la dénomination scientifique Argiope bruennichi, cette espèce est aussi appelée araignée frelon ou épeire fasciée. Elle appartient à la famille des aranéidés, dont la majorité de ses membres construisent des toiles de forme géométrique, souvent orbitale. La silhouette de cette araignée se distingue par ses huit pattes ragoutées en forme de croix, un trait suffisamment unique pour lui avoir valu le surnom anglophone de “cross-spider” (arachnide croisé).

Comment différencier une argiope frelon ?

La taille de cette araignée varie généralement entre 5 millimètres et 2 centimètres (sans compter les pattes). Cette large variation s’explique par un fort dimorphisme sexuel : les femelles et mâles étant très distincts. Voici les principales différences :

  • Les femelles, entre 1 et 2 cm, sont deux fois plus grandes que les mâles, qui mesurent généralement de 5 à 9 mm ;
  • Leur abdomen arbore une teinte jaune vif accentuée de tâches noires, tandis que leurs pattes présentent des anneaux marron et noir ;
  • Les mâles se caractérisent par leur corps brun et leurs pattes également marron ;
  • En raison de leur discrétion, les mâles sont souvent difficiles à repérer dans leur environnement.

À quoi servent les rayures de l’épeire fasciée ?

Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer l’utilité des motifs colorés de la femelle. Pour certains chercheurs, ces rayures serviraient à éloigner les prédateurs en leur donnant l’impression qu’il s’agit d’un frelon, un insecte potentiellement dangereux. D’autres théories avancent que ces couleurs renforcent la visibilité de l’araignée sur sa toile, empêchant ainsi de l’endommager accidentellement par des oiseaux ou de petits mammifères curieux. Une étude publiée en 2008 par The Royal Society indique même que la présence de rayures jaunes et noires agit comme un leurre visuel, doublant la capture d’insectes en attirant leurs regards vers la toile et en leur faisant prendre l’araignée pour une partie du décor.

Où peut-on observer l’argiope frelon ?

Originaire du Méditerranée, l’épeire fasciée a connu une expansion de son territoire. Désormais présente dans tout l’espace paléarctique, elle va du nord de l’Europe jusqu’à l’est de l’Asie (Japon) et jusqu’en Afrique du Nord. En France, cette espèce est présente partout, bien que son abondance soit moindre au nord de la Loire. Son environnement favori inclut les espaces ouverts, ensoleillés, comme les prairies, les plaines, les zones de bruyères, les friches ou encore les lisières forestières. Elle aime venir se poser près des habitations, qu’il s’agisse de jardins, parcs urbains, balcons ou terrasses. Elle fréquente particulièrement les massifs de lavande, attirée par ses proies favorites telles que bourdons et abeilles. En résumé, l’argiope privilégie les sites où de hautes herbes s’étendent sous le soleil.

Que mange l’araignée frelon ?

Son menu se compose de divers insectes – souvent de taille importante – qui se laissent piéger dans sa toile, souvent placée à proximité du sol. La sauterelle et le criquet représentent ses proies préférées, qu’elle peut consommer jusqu’à quatre par jour, un véritable festin rapporté à sa petite taille. Ces insectes, appartenant aux orthoptères, sautent dans les hautes herbes et se font rapidement attraper par ses fils de soie. Elle capture aussi une variété d’autres insectes volants, comme différentes espèces de mouches, des abeilles, des papillons, des libellules, des scarabées ou encore des bourdons.

Comment la grande toile de l’épeire fasciée est-elle tissée ?

En tant qu’arachnide orbitèle, l’argiope frelon fabrique une toile circulaire parfaitement géométrique, généralement à la lumière du matin ou en fin de journée. Elle sélectionne souvent un point dans la végétation à moins d’un mètre du sol. La construction de sa toile dure environ une heure, durant laquelle elle déploie une trentaine de rayons concentriques. Au centre, l’araignée renforce la structure avec un motif en zigzag, appelé stabilimentum, qui sert à capturer les proies de grande taille. Lorsqu’une proie s’agite dans la toile, elle intervient rapidement pour l’immobiliser par une morsure. Son venin, associé à des sucs digestifs, liquéfie l’intérieur de la victime afin qu’elle puisse en aspirer le contenu.

L’argiope frelon, pratique-t-elle le cannibalisme sexuel ?

Pendant la période de reproduction (juillet-août), la femelle sécrète des phéromones pour attirer les mâles. Après la fécondation, le mâle préfère abandonné son appareil génital, une décision stratégique qui évite à un rival de féconder la femelle ou de le dévorer. En réalité, cette araignée est connue pour pratiquer le cannibalisme sexuel : il arrive que le mâle soit dévoré par la femelle après ou durant l’accouplement. Les mâles ont cependant une préférence pour les femelles encore immatures, surtout celles qui viennent de finir leur dernière mue, car une femelle vierge est moins agressive, ce qui augmente leur chance de survie.

Comment élever et protéger les jeunes argiopes ?

La période où la femelle pond se situe en automne. Après l’accouplement, elle construit une toile lâche dans la végétation, souvent à une courte distance du sol, où elle dépose entre 200 et 300 œufs dans un cocon élaboré. Ce dernier est formé de plusieurs couches : une couche épaisse de soie blanche autour des œufs, une autre de soie marron-jaune pour l’isolation thermique, et une couche extérieure imperméable. La structure du cocon est conçue pour protéger les jeunes de la rigueur hivernale. Après environ un mois, les petites araignées apparaissent, mais resteront dans leur cocon jusqu’au printemps, où elles grimperont en hauteur pour commencer à tisser leur propre toile et se laisser porter par le vent.

Quelle est la longévité de l’argiope frelon ?

Après l’éclosion, la durée de vie de cette araignée, qui dure environ un mois pour passer de l’œuf à l’adulte, peut être écourtée par des parasites, comme le hyménoptère Tromatobia ornata, dont les larves consomment les œufs ou embryons. L’argiope frelon n’est pas dangereuse pour l’homme et ne mord qu’en dernier recours pour se défendre. Classée comme « espèce à préoccupation mineure » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), elle n’est pas actuellement menacée. Toutefois, son habitat peut être réduit localement à cause de l’usage de pesticides. La durée de vie est plus courte chez les mâles, qui meurent après la reproduction, tandis que les femelles peuvent vivre environ un an. En régulant la population d’insectes nuisibles, elle joue un rôle écologique important dans son environnement, ce qui souligne l’intérêt de la protéger.