L’intérêt pour la compréhension du comportement animal ne cesse de croître. Aujourd’hui, la compassion envers nos compagnons à plumes est plus présente que par le passé, et le grand public se montre de plus en plus sensible aux questions de bien-être animal. Cependant, pour évaluer si un animal se porte bien, il est essentiel de décoder ses comportements et de percevoir les signaux qu’il envoie. Bien que cela n’implique pas de parler leur langue, apprendre à interpréter leurs gestes et sons représente une étape fondamentale. Concernant les poules, la perception de leur élevage se modifie : pendant que les élevages industriels sont souvent critiqués, un nombre croissant d’éleveurs domestiques se mobilisent pour mieux connaître ces animaux que nous côtoyons quotidiennement. C’est donc dans cette optique que nous vous proposons une exploration approfondie du langage des poules.
Comprendre les sons émis par les poules
Au fil des recherches, il est apparu que les poules possèdent un comportement vocal étonnamment élaboré. Leur répertoire sonore dépasse largement ce que l’on pensait initialement. En observant attentivement, il est possible d’identifier différents sons propres à chaque situation. Deux moments clés jalonnent leur vie : la ponte d’un œuf et la détection d’un danger potentiel.
Lors du moment de la ponte, la poule communique à travers divers bruits pour signaler l’événement. Elle émet tout d’abord un son de préparation, puis un caquètement vigoureux pour célébrer la réussite, suivi d’un son plus doux et rassurant après la sortie du poussin, pour leur faire savoir que tout va bien. La séquence s’enchaîne avec un caquètement clair et répété, un claquètement plus bref, puis un son apaisant que l’on peut appeler un “chant de couvaison”, lorsqu’elle couve ou veille sur ses œufs couvés.
En dehors de ces moments précis, le gloussement reste le son emblématique de la poule, souvent associé à leur comportement quotidien. Après avoir mangé, bu ou s’être débarrassée de la poussière, la poule glousse et exprime ainsi son contentement. Lorsqu’elle se consacre à l’incubation, ce son devient particulièrement doux et continue, renforçant l’idée de sérénité.
En situation d’alerte, la poule adopte un cri plus grave et rauque pour prévenir ses congénères. Si le danger concrétise, elle émet un cri strident, souvent appelé cagnètement ou coucassement, destiné à alerter toute la basse-cour. En cas de douleur ou de détresse, le son sera similaire, mais plus intense. Il ne faut pas les confondre avec le cocaillement, qui traduit une émotion positive, comme l’excitation ou la joie, ou avec le coclorement, un signal que la poule en chaleur ou en recherche d’attention pour un coq.
Au-delà des sons : les autres modes de communication
Melissa Caughey, éleveuse et blogueuse basée dans le Massachusetts, est une experte reconnue de l’observation comportementale des poules. Elle affirme qu’elle remarque quotidiennement que ses poules la saluent à son arrivée ou lors de la fermeture du poulailler, signe d’une reconnaissance et d’un lien étroit. Ces observations sont corroborées par l’éthologue australien Chris Evans : après avoir identifié une trentaine de sons distincts, il a aussi démontré que l’intelligence de ces animaux est bien plus développée qu’on ne le supposait, notamment leur capacité à mémoriser des consignes complexes ou à reconnaître formes, chiffres et couleurs.
Jusqu’où peut-on développer la communication avec les poules ?
Une compréhension approfondie du langage des poules permet d’envisager des interactions plus riches avec elles. Bien qu’il soit difficile de leur apprendre des tours complexes comme à des chiens, il est tout à fait envisageable de leur enseigner des réponses à des signaux vocaux simples. Certaines personnes ont ainsi réussi à leur faire venir lorsqu’elles les appellent par leur nom ou à les rassembler en réponse à un son précis.
Les poules peuvent nouer des liens très forts avec leurs propriétaires si celles-ci sont traitées avec douceur et régularité. Elles reconnaissent les personnes qui leur donnent à manger ou qui interagissent avec elles, allant jusqu’à tolérer des caresses ou des manipulations, selon leur tempérament.
La communication par le langage corporel
Il ne faut pas oublier que la communication chez la poule ne se limite pas aux sons. Leur langage corporel constitue un mode d’expression aussi riche et essentiel. La crête, souvent symbole de leur vitalité, et les barbillons, indiquent leur état de santé. La posture générale, comme le maintien droit ou l’affaissement, révèle leur niveau d’émotion ou de confort. Les ailes jouent également un rôle : ébouriffer ou déployer les ailes peut signifier une tentative de paraître plus imposante en cas de conflit, ou une soumission lorsqu’elles sont repliées.
Les yeux, grands ouverts ou mi-clos, traduisent aussi leur vigilance ou leur relaxation, tandis que la position de leur queue peut indiquer curiosité, confiance ou stress. Observer ces signaux avec soin permet d’interpréter au mieux leur état émotionnel et de prévenir d’éventuels problèmes de bien-être ou de tensions dans le groupe.
Que faire face à ces observations ?
Prendre conscience des comportements et des signaux des poules invite à réfléchir sur leur mode d’élevage, en particulier lorsqu’elles sont élevées dans des environnements industriels. Ces pratiques, souvent critiquées, limitent leur liberté en les confinant dans des cages minuscules, privant ces animaux de comportements essentiels tels que gratter le sol ou étendre leurs ailes. Ce confinement favorise le stress et peut entraîner des violences entre poules, comme le picage. Pour une alternative responsable, il est conseillé de privilégier l’achat d’œufs provenant d’élevages certifiés, comme ceux bénéficiant du label Tendances et animaux, qui favorisent des pratiques plus respectueuses du bien-être des oiseaux.