Est-il autorisé de vendre le surplus d’œufs de ses poules ?

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De nombreux petits éleveurs en France se demandent s’il est possible de mettre en vente le surplus d’œufs produits par leurs poules pondeuses. Que ce soit pour éviter le gaspillage, partager la récolte ou arrondir les fins de mois, il est essentiel de connaître la réglementation applicable et les différentes options pour écouler ces œufs excédentaires. Ce guide complet vous accompagne dans vos démarches, en rappelant d’abord ce qu’il est autorisé de faire au niveau de la consommation.

La consommation d’œufs : quelle quantité peut-on consommer quotidiennement ?

Riches en protéines, vitamines et minéraux indispensables, les œufs jouent un rôle central dans l’alimentation quotidienne. Ils sont utilisés à toutes les sauces, que ce soit au petit-déjeuner, dans la préparation de plats, ou en pâtisserie. Selon les recommandations officielles françaises, notamment celles de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Tendances et animaux), un adulte en bonne santé, sans problème de cholestérol ou autre souci cardiovasculaire, peut ingérer jusqu’à deux œufs par jour, voire trois de façon occasionnelle.

Il faut savoir que les idées reçues concernant l’impact du cholestérol des œufs sur le cholestérol sanguin ont été revues. Pendant des années, on a surestimé le rôle des aliments riches en cholestérol dans l’augmentation du risque cardiaque. Les études récentes révèlent que notre corps régule lui-même sa production de cholestérol en fonction de notre alimentation : une consommation importante n’entraîne pas forcément une hausse notable du taux sanguin. Ainsi, les recommandations actuelles permettent de consommer davantage d’œufs que ce qui était conseillé il y a deux décennies.

Que préparer selon la fraîcheur de ses œufs ?

La qualité des œufs varie selon leur ancienneté, influençant le type de plats à privilégier.

Pour des œufs ultra-frais, c’est-à-dire pondus dans les 7 derniers jours, il est idéal de les utiliser pour des préparations où ils restent peu cuits, comme les œufs à la coque, mollets ou pochés, la mayonnaise maison ou encore certains desserts tels que mousse au chocolat ou tiramisus.

Si vous avez des œufs dont la ponte date de plus d’une semaine, mais moins de trois semaines, ils conviennent parfaitement pour des recettes comme les omelettes, œufs brouillés, œufs durs ou en pâtisserie (gâteaux, quiches, crêpes). Leur texture et leur goût restent agréables à cette échéance.

Au-delà de 28 jours après la ponte, il est conseillé de ne plus consommer ces œufs crûs ou peu cuits. Entre 21 et 28 jours, privilégiez leur usage dans des préparations fortement chauffées, comme gratins, pâtés ou autres plats où l’œuf est entièrement intégré à la recette.

Pour vérifier la fraîcheur d’un œuf, il suffit de le plonger dans un bol d’eau froide. Si l’œuf reste au fond et repose à plat, il est encore très frais. S’il se redresse ou flotte, cela indique qu’il est plus vieux et doit être utilisé avec précaution.

Combien d’œufs une poule pond-elle en une année ?

Selon la race, l’âge et les conditions d’élevage, une poule peut produire environ 150 à 300 œufs par an. Les variétés destinées à la production intensive, comme la poule rousse, sont particulièrement prolifiques, pouvant pondre presque un œuf quotidien en période favorable, soit entre 5 et 6 œufs chaque semaine.

Dans un petit élevage avec 5 poules, la récolte hebdomadaire peut atteindre environ 30 œufs en pleine saison. Ce nombre varie selon la saison, la nourriture fournie et la longévité des poules, qui pondent généralement moins en hiver ou après leur deuxième année.

Pour une famille standard composée de deux adultes et deux enfants, la consommation hebdomadaire peut atteindre 20 œufs, laissant un surplus d’environ 10 œufs par semaine lors des pics de ponte.

Est-il autorisé de vendre le surplus d’œufs ?

Si vous disposez de poulailler, il est possible de commercialiser votre surplus d’œufs en respectant une réglementation simplifiée, adaptée aux petits producteurs en France.

Vous avez la possibilité de vendre vos œufs directement au consommateur (vente à la ferme, marchés locaux, etc.) dans un rayon de 80 km, à condition de posséder moins de 250 volailles. Cependant, cette vente ne concerne pas la revente à des commerces ou restaurateurs. Aucun classement ou marquage par un centre agréé n’est obligatoire pour ces ventes directes.

Il est nécessaire de déclarer votre activité auprès de la DDCSPP (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations) via un formulaire Cerfa. Cette démarche vous permet d’obtenir un code producteur, devant être indiqué lors de la vente, sans obligation de marquage spécifique des œufs. La déclaration doit être réalisée avant de commencer la vente, sans coût particulier.

Modalités de vente selon le lieu

Pour une vente directe en ferme, les œufs peuvent être proposés en vrac, dans des paniers ou sur des plateaux, sans besoin de les mirer ou de les calibrer. La délégation de vente n’est pas obligatoire, sauf si un membre de la famille ou un salarié s’occupe de l’opération.

Lorsqu’il s’agit de vendre sur les marchés, en magasins collectifs, Amap ou en drive fermier, les œufs sont aussi vendus en vrac, non mirés et non calibrés. La présence physique du producteur à la vente est recommandée ou une délégation limitée à un membre de la famille ou un salarié munis d’un justificatif. De plus, avant de quitter votre exploitation, il faut marquer les œufs avec une encre alimentaire et afficher un panneau d’information comprenant votre nom, adresse, le code producteur, la date ou période de ponte, ainsi que le mode d’élevage.

Rentabilité et gestion du surplus

Le prix de vente d’un œuf varie selon la région, la méthode d’élevage et la demande. En général, il oscille entre 0,20 € et 0,50 € l’unité pour les ventes ponctuelles ou sur les marchés locaux, soit environ 1,20 € à 3 € pour une boîte de 6 œufs. Pour de petits volumes, cette activité peut générer des revenus exonérés d’impôts, si elle reste marginale.

Il faut néanmoins prendre en compte les coûts liés à la maintenance de vos poules, les frais de déplacement ou d’installation sur un marché. Pour la majorité des petits producteurs, la vente d’œufs ne constitue pas une activité particulièrement rentable, après déduction des dépenses.

Si vous détenez moins de 250 poules et envisagez de vendre votre surplus à des intermédiaires (boulangeries, épiceries, restaurants), sachez que vous devrez respecter les mêmes règles que pour les éleveurs de grande taille : dépistage de salmonelle tous les 15 semaines, classement par qualité et poids, ainsi que l’étiquetage obligatoire. C’est une organisation plus contraignante, qui nécessite une gestion rigoureuse.

Que faire si l’on ne souhaite pas vendre ses œufs ?

Lorsque la vente n’est pas une option ou qu’elle paraît compliquée, il reste plusieurs alternatives pour valoriser votre production sans la gaspiller :

  1. Offrir vos œufs à vos proches, voisins ou amis, renforçant ainsi la convivialité et partageant des produits frais de qualité.
  2. Mettre en place des méthodes pour les conserver dans la durée, comme la congélation des blancs ou jaunes séparés, ou la transformation en plats cuisinés à congeler (quiches, gratins, etc.).
  3. Utiliser vos œufs pour réaliser des préparations en grande quantité, telles que gâteaux, tartes, pâtes fraîches ou autres recettes demandant beaucoup d’œufs, en veillant à respecter les normes sanitaires (avec un certificat d’aptitude si nécessaire).
  4. Si vous avez d’autres animaux, les œufs cuits peuvent aussi faire partie de leur alimentation, apportant un supplément de protéines.

Pour les producteurs soucieux d’éviter le gaspillage, organiser la gestion du surplus peut s’avérer essentiel. Si la quantité est limitée, la vente directe peut ne pas être très rentable, et le don représente souvent la solution la plus simple, à condition de prévoir cette organisation pour que cela ne devienne pas un fardeau à long terme.