Au sein de chaque élevage, il n’est pas rare de voir des poules se piquer mutuellement, ce qui peut susciter des inquiétudes concernant d’éventuelles blessures. Nous allons explorer les motifs qui sous-tendent ce comportement et proposer des solutions pour y remédier lorsqu’il devient problématique.
Comprendre le phénomène de picage entre poules
Le picage s’origine souvent d’un réflexe naturel chez plusieurs espèces aviaires, visant à éliminer des plumes lors des périodes de mue ou à se défendre contre des parasites. Cependant, lorsque cette pratique devient répétitive, elle peut évoluer en un trouble du comportement, où des volailles peçonnent intensément les autres, allant parfois jusqu’à leur infliger des blessures. Ce comportement se manifeste souvent sur la tête, le jabot ou la région dorsale.
Impacts du picage sur les poules
Bien que généralement peu dangereux, le picage peut, dans certains cas, engendrer des conséquences graves. Parmi celles-ci figurent :
- Une tension importante pouvant entraîner une perte d’appétit, de boisson et l’isolement de l’individu ciblé ;
- Une déperdition de plumes notable ;
- La formation de plaies ouvertes ;
- Une infection des zones découvertes ;
- Un risque de mortalité si la poule piquée succombe à ses blessures, surtout si les autres s’acharnent sur elle en présence de sang.
En cas de violence ou de blessures visibles, il est crucial d’intervenir rapidement. Toutefois, il est essentiel d’identifier l’origine du comportement, que nous détaillons ci-dessous.
Le picage causé par la présence de parasites
Un envahissement par des parasites, tels que poux ou acariens, peut entraîner un picage compulsif. Dans ce cas, les poules peuvent tenter d’arracher les parasites à leur congénère, ce qui entraîne souvent la perte de plumes. Si cette infestation n’est pas traitée rapidement, le comportement peut s’intensifier, provoquant des blessures sévères.
Pour y remédier, il faut repérer et éliminer rapidement le parasite, puis traiter tout le reste du groupe. Maintenir un environnement propre, en nettoyant régulièrement le poulailler et en changeant la litière, est primordial pour éviter la réapparition des nuisibles. La désinfection hebdomadaire et le retrait quotidien des déjections sont aussi recommandés.
Picage durant la phase de mue
Chaque année, lors de la période de mue, les poules perdent leurs anciennes plumes pour laisser place à de nouvelles. Ce processus favorise la régénération et la protection contre le froid hivernal. Pendant cette période, il est fréquent que des poules s’aident mutuellement à dépouiller leurs plumes pour accélérer le changement.
Pour gérer cette situation, il est conseillé de ne pas intervenir immédiatement, sauf si une poule est blessée. La supplémentation en calcium et en protéines peut faciliter un renouvellement harmonieux du plumage, limitant ainsi le comportement de picage.
Le rôle de la hiérarchie et de l’introduction de nouvelles poules
Lorsqu’une nouvelle poule rejoint la troupe ou lors des réajustements hiérarchiques, le picage peut agir comme un moyen d’affirmer la dominance. La hiérarchie se forge en fonction de l’ancienneté, du tempérament ou de la condition physique. Les poules dominantes défendent leur rang en picorant celles en position inférieure, généralement lors des moments clés comme les repas ou le coucher. L’intégration d’un nouvel arrivant peut aussi provoquer des rivalités, notamment si l’organisation sociale est perturbée, et entraîner des comportements agressifs tels que le picage.
Heureusement, dans la majorité des cas, ces tensions se calment avec le temps. Il est conseillé d’éviter toute intervention immédiate afin de ne pas aggraver le stress ou retarder la normalisation des relations.
Impact des carences alimentaires sur le comportement de picage
Une alimentation déséquilibrée, pauvre en protéines ou en calcium, ou de mauvaise qualité, peut engendrer du stress chez les poules. Ce stress peut conduire à un comportement compulsif, comme l’arrachage de plumes. La sous-nourriture ou une alimentation inadéquate peut également perturber leur santé digestive et leur bien-être général.
Pour prévenir ce comportement, il est recommandé d’offrir une alimentation riche et variée, intégrant des céréales, des compléments en calcium (tels que coquilles d’œufs ou coquillages écrasés) ainsi qu’une diversité d’herbes et d’insectes séchés, que les poules aiment beaucoup. Les restes alimentaires peuvent également être donnés, à condition qu’ils ne soient ni sucrés, ni gras, ni salés.
Picage lié à un manque d’espace et d’activité
Un espace insuffisant pour les poules, combiné à un manque d’aménagements ou d’activités, crée un stress permanent. La promiscuité augmente leur nervosité, leur peur de manquer de ressources et leur frustration, ce qui peut conduire au picage. La monotonie dans leur environnement, notamment un parcours trop réduit ou peu stimulant, aggrave cette tendance.
Pour remédier à cela, il est conseillé d’agrandir la surface de l’enclos ou d’améliorer la diversité des espaces extérieurs. Une superficie d’au moins 20 m2 par poule est recommandée ; plus d’espace signifie moins de conflits. L’enclos doit être équipé de perchoirs, pondoirs et de lieux pour s’isoler afin que chaque poule puisse s’éloigner si elle en ressent le besoin.
Que faire en cas de blessures dues au picage ?
Une poule blessée doit être prise en charge rapidement avec des produits cicatrisants appropriés, en consultant un vétérinaire si nécessaire. Elle doit ensuite être isolée pendant quelques jours pour réduire le stress et permettre à ses plaies de guérir. Lors de sa réintégration, privilégiez le retour au groupe en fin de journée, au coucher, pour limiter les risques de conflit. Si une poule se révèle particulièrement agressive, il peut être utile de l’écarter temporairement pour permettre à la hiérarchie de se restructurer, et ainsi éviter que le comportement de picage ne perdure.