Partout dans le monde, le mouton constitue une ressource précieuse, offrant sa viande, son lait, sa laine, son cuir ou même son fumier pour fertiliser. Animal domestique depuis plusieurs millénaires, il a toujours été une aide essentielle pour l’homme. À l’heure actuelle, face aux préoccupations écologiques croissantes, le mouton devient également un acteur clé dans la pratique de l’éco-pâturage, une méthode qui utilise son pâturage naturel pour l’entretien des espaces verts. Le mouton du Cameroun compte parmi ces atouts majeurs pour ce type de projet. Profil, besoins spécifiques et conseils pour un élevage réussi : cet article vous dévoile tout ce qu’il faut connaître à son sujet.
Découverte du mouton du Cameroun
Comme cela est indiqué par son nom, cette race provient d’Afrique et partage ses origines avec le mouflon sauvage d’Asie, ancêtre commun de tous les moutons. Il s’agit d’une race très robuste, adaptée à un mode de vie en extérieur en permanence. Bien qu’élevé dans un climat chaud, il supporte aussi le froid, avec un léger coup de pouce lors de températures très basses (voir conseils pratiques ci-dessous).
En été, son pelage est court mais dense, tandis qu’en hiver, il produit une sous-laine épaisse qui le protège du froid. Lors de la transition printanière, cette couche hivernale s’élimine naturellement à travers la mue. En conséquence, ce mouton ne nécessite pas de tonte, ce qui réduit considérablement les coûts d’entretien. Sa queue étant naturellement courte, il n’est pas nécessaire de procéder à une coupe. Ses ongles sont petits et durs.
Au niveau sexuel, le mâle se reconnaît à sa touffe de poils plus longue appelée “crinière”, qui couvre le devant du corps et descend le long des pattes, sans toucher la tête. Les béliers ont aussi des cornes élégantes, enroulées sur elles-mêmes, semblables à celles du mouflon. Les femelles, quant à elles, en sont dépourvues. Ces cornes jouent un rôle lors des affrontements ou des jeux entre mâles, mais il est rare qu’un bélier charge un humain. Cependant, il est conseillé de prendre quelques précautions pour éviter tout risque de coups de tête, qui peuvent survenir par impatience ou inconfort.
Ce mouton arbore des couleurs variées mais respecte un standard : un pelage marron foncé ou plus clair, avec un ventre et des pattes noirs. La tête présente une alternance entre marron et noir, agrémentée de touches blanches autour des yeux et du museau.
En termes de dimensions, un mâle adulte pèse généralement entre 45 et 55 kg, pour une taille au garrot oscillant entre 60 et 70 cm. La femelle est légèrement plus petite, évitant une dizaine de kilogrammes, et mesure entre 58 et 65 cm de haut. La longévité moyenne de cette race en élevage est de 10 à 12 ans, mais lorsqu’il est utilisé en éco-pâturage, son espérance de vie peut dépasser 15 ans.
Comme la majorité des moutons, le mouton du Cameroun possède un instinct grégaire, ce qui signifie qu’il a besoin de la compagnie de ses semblables. Il est donc important d’adapter la surface de pâturage en conséquence pour accueillir au moins deux animaux.
Suite à l’émergence de la tremblante du mouton en 2015, une maladie à prions neuro-dégénérative qui peut aussi toucher l’homme, la réglementation concernant l’importation de moutons reproducteurs en Europe a été renforcée. La recherche a identifié une résistance spécifique liée à certains gènes (double ARR), ce qui limite l’introduction de breeds non certifiés. Le mouton du Cameroun fait partie de ceux soumis à cette restriction. Il est donc impératif d’acquérir ces animaux uniquement auprès d’élevages français agréés.
Exigences et conseils pour élever un mouton du Cameroun
Accueillir un mouton demande une période d’adaptation d’environ une semaine. Il est crucial de vérifier que vos animaux domestiques actuels n’engendrent pas de risque pour lui. En cas de présence de jeunes chiens, il convient de contrôler leurs rencontres, car leur instinct vif pourrait effrayer le mouton. Étant naturellement peace, il préférera fuir plutôt que se défendre, ce qui peut rallonger le processus d’apprivoisement. La patience, la régularité et une présence rassurante sont essentielles pour qu’il se sente en sécurité dans son nouvel environnement.
Un mouton nécessite généralement un espace de 300 m² de pâturage. Comme il lui faut environ trois semaines pour consommer toute la végétation d’une telle surface, il est primordial de pratiquer une rotation pour permettre à l’herbe de repousser. Cela contribue également à limiter la contamination parasitaire.
Même si sa tolérance au froid est notable, il est indispensable de prévoir un abri solide où il pourra se protéger des intempéries comme la pluie et le vent. Cet abri doit être bien ventilé, mais aussi bien isolé des courants d’air et de l’humidité, avec un sol paillé pour limiter le contact avec le sol froid. En période hivernale, les moutons auront besoin d’un apport abondant en foin et éventuellement de granulés pour maintenir leur énergie. Il est aussi conseillé d’installer un dispositif empêchant la gelée ou la formation de glace, à renouveler deux fois par jour si nécessaire. Un mouton glacé ou tremblant témoigne d’un froid excessif. En cas de pluie prolongée ou de températures très basses, il est judicieux de couvrir les animaux pour leur éviter d’être mouillés jusqu’à la peau.
Pour garantir leur confort toute l’année, offrir du foin à volonté est une pratique recommandée, notamment lorsque l’herbe se fait rare. Concernant les compléments alimentaires, il faut faire preuve de prudence, afin de ne pas faire prendre du poids aux moutons de manière excessive. En général, on les supplemente surtout lorsqu’ils ont des fonctions de production, comme les femelles pleines ou en lactation, ou encore ceux destinés à la viande.
Bien que apparenté au mouflon, le mouton du Cameroun n’est pas connu pour sa capacité à sauter. Une clôture haute d’1,30 m est généralement suffisante. Comme tous les moutons, il aime se gratter la tête et les flancs. Sans arbre à proximité, il pourrait se tourner vers la clôture ou d’autres éléments pour satisfaire ce besoin. Il est donc important de bien fixer et sceller les piquets de clôture.
Il est essentiel de souligner la responsabilité du propriétaire : cet animal possède un tempérament naturellement craintif, avec une ouïe et une odorat très développés. De ce fait, il réagira rapidement à un bruit fort ou à la présence d’étrangers, en fuyant si une situation lui semble menaçante. Une clôture mal conçue ou défectueuse peut rapidement conduire à une évasion, avec le risque que le mouton s’aventure sur des terrains mitoyens ou dans des potagers, causant des dégâts non négligeables.