Faut-il absolument tondre les moutons ? Question de bien-être ou de controverse ?

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La pratique de la tonte ovine fait parfois l’objet de concours, où la compétence technique et la rapidité sont essentielles. Maîtriser cet art demande une certaine expertise, car il s’agit également d’un enjeu économique : moins un éleveur passe de temps à tondre, plus il peut se consacrer à d’autres tâches. Ces compétitions sont souvent impressionnantes, car elles impliquent de manipuler les moutons dans diverses positions, ce qui peut susciter des interrogations sur le bien-être animal. Certains remettent en question la nécessité de telles manipulations, venant alimenter un débat sur la moralité des gestes accomplis sur les animaux domestiques. Cet article a pour but de clarifier que la tonte n’est ni une maltraitance, ni une opération superflue, mais une procédure essentielle et même obligatoire pour la santé des moutons.

La nécessité de tondre un mouton au moins une fois par an

Une intervention annuelle sur la toison des moutons est indispensable pour leur confort et leur santé. Au-delà de l’aspect esthétique, la tonte permet d’éviter la prolifération de parasites tels que les tiques ou les poux, qui peuvent causer de graves désagréments aux animaux. Elle aide également à réduire la rétention d’humidité causée par la laine, qui peut retenir la pluie et aggraver leur vulnérabilité en cas de mauvais temps. En conservant une toison moins épaisse, on évite que le mouton se surcharge de poids et minimise ses risques de blessure. Lors des périodes de chaleur, une laine trop épaisse empêche l’animal de réguler efficacement sa température corporelle, ce qui peut entraîner un stress ou une maladie. Dans ces conditions, négliger la tonte équivaut à une forme de négligence pouvant être assimilée à de la maltraitance.

Tondre avec savoir-faire : un impératif

Reconnu par la loi française comme un être sensible, l’animal doit être manipulé avec respect lors de la tonte. La compétition de tonte exige que les moutons soient maintenus en toute sécurité, tout en évitant de leur infliger des blessures superficielles. La laine doit rester intacte autant que possible, pour préserver la qualité du matériau. Pour effectuer une tonte respectueuse, il existe des pratiques spécifiques visant à limiter le stress et les risques pour l’animal. Des formations professionnelles permettent d’acquérir les compétences nécessaires pour intervenir efficacement et en toute sécurité. La saison idéale pour tondre est le printemps, entre mi-avril et début mai, afin d’éviter l’exposition directe au soleil intense de l’été et de préparer l’animal pour les chaleurs croissantes. C’est également à ce moment-là que le parasitisme augmente, et que la laine est généralement plus facile à travailler si elle est soigneusement sèche. Même si le mouton n’est pas très coopératif, la procédure n’est pas douloureuse, semblable à un rasage pour l’humain, et ne doit en aucun cas lui causer de souffrance. Les propriétaires de petits troupeaux gagneraient à confier cette tâche à un professionnel, qui dispose des outils et de l’expérience pour garantir un résultat optimal, en évitant tout risque de blessure ou de stress inutile.

Équipement essentiel pour une tonte efficace

Investir dans une table de tonte présente des avantages, aussi bien pour l’animal que pour le tondeur. Elle offre une position confortable au mouton, qui reduz le risque de blessures en limitant ses mouvements, grâce notamment à des sangles et un support adapté. La table doit être dimensionnée selon la taille de l’animal, avec des surfaces antidérapantes pour assurer sa stabilité. Pour une opération manuelle, l’utilisation de ciseaux permet un contrôle précis de la coupe, mais requiert du temps et de la pratique. L’emploi d’une tondeuse électrique accélère considérablement le processus. Le choix de l’équipement dépend du nombre de moutons à tondre et du niveau de compétence de l’opérateur. Les tondeuses coûtent généralement entre 300 et 1200 euros, avec des options variées en termes de qualité et de durabilité. Des contre-peignes sont disponibles pour garantir une coupe à la longueur souhaitée, évitant que la laine ne soit coupée trop court.

Existe-t-il des moutons qui n’ont pas besoin de tonder ?

Effectivement, certaines races ovines ont perdu l’habitude de se faire tondre, car leur laine tombe naturellement grâce à leur mue régulière. Le mouton de Soay, originaire des îles écossaises du même nom, en fait partie. C’est une variété ancienne, robuste, mais aujourd’hui rare, avec environ 1000 individus au Royaume-Uni. Son rôle principal consiste à défricher naturellement les terrains escarpés, plutôt que de fournir laine ou viande, ce qui limite son intérêt en élevage traditionnel. La race Dorper, très répandue depuis les années 1930 en Afrique du Sud, est conçue pour évoluer dans des milieux secs et arides. Son aptitude à muer naturellement, combinée à sa croissance rapide et sa facilité d’entretien, en fait une solution pratique dans plusieurs pays africains, ainsi qu’en Australie, en Nouvelle-Zélande ou en Amérique du Sud. Le mouton du Cameroun, à l’origine africaine, hérite aussi de cette capacité à perdre sa laine de manière naturelle. Descendant du mouflon sauvage d’Asie, il est rustique et capable de supporter des températures relativement fraîches malgré ses origines tropicales. Enfin, la race Exlana, récente en Grande-Bretagne, a été spécialement créée par croisement pour ne plus nécessiter de tonte lors des périodes chaudes, en laissant sa laine tomber naturellement.