La gestion du nombre de rongeurs, qu’ils soient en milieu urbain ou rural, représente un défi majeur pour la santé publique. Face à la rapidité de leur reproduction, beaucoup de particuliers, d’entreprises ou d’institutions se retrouvent démunis pour maîtriser leur population. Une seule femelle peut engendrer jusqu’à mille descendants en une année, rendant difficile le contrôle par des méthodes classiques telles que la capture ou l’empoisonnement, qui sont souvent limitées ou interdites dans certains endroits comme les écoles où l’usage de biocides est prohibé. Dans ce contexte, le furet, animal domestique souvent classé comme le troisième animal de compagnie préféré en France après le chien et le chat, apparaît-il vraiment comme une solution efficace pour réduire la présence des rongeurs ?
Qui est le furet ?
Animal domestiqué depuis plusieurs millénaires, le furet appartient à la famille des mustélidés. Curieux et intelligent, il a été utilisé dès l’Antiquité pour lutter contre la prolifération de petits mammifères, de oiseaux et d’amphibiens, ou pour aider à dénouer des fils électriques dans des endroits difficiles d’accès. Son tempérament carnivore et ses habitudes de chasse en font un auxiliaire précieux, notamment pour traquer les rongeurs ou les lapins. Contrairement à l’idée reçue, le furet n’est pas un animal sauvage et a longtemps été apprécié comme compagnon domestique, notamment pour la protection des récoltes ou en tant qu’outil de chasse. Au fil du temps, il a perdu cette vocation première, remplacé en grande partie par le chat, mais sa capacité à chasser reste intacte, ce qui en fait un allié potentiel dans la lutte contre les rongeurs.
Pourquoi opter pour le furet dans la dératisation ?
Alors que l’utilisation de produits chimiques toxiques est souvent remise en question en raison de leur impact sur la faune, la santé humaine et l’environnement, le recours au furet présente plusieurs atouts pour réduire naturellement le nombre de rongeurs :
- Il offre une alternative écologique puisqu’aucun produit chimique n’est nécessaire. Le furet peut explorer les galeries et pousser les rats à sortir par une issue où ils seront capturés, généralement dans un filet.
- L’odeur spécifique que dégage le mustélidé sert d’alerte, incitant les rongeurs à fuir la zone pour échapper au prédateur.
- Son sillage répulsif limite la recolonisation des lieux par d’autres rongeurs, augmentant ainsi l’efficacité de la méthode.
Les professionnels spécialisés dans l’élevage de furets exploitent leurs compétences naturelles pour orienter ces animaux à chasser les rats vers une sortie sécurisée. Leur entraînement consiste principalement à leur apprendre à quitter les galeries après la chasse et à revenir vers leur maître, car ces petits carnivores apprécient ces espaces clos et pourraient s’y établir, à l’image des rongeurs qu’ils chassent.
Le furet, un compagnon naturellement chasseurs
Utilisé dès la Grèce antique pour débarrasser les navires de leur infestation de rongeurs, le furet possède une silhouette élancée sur un corps d’environ 38 centimètres, idéale pour arpenter les galeries souterraines et traquer ses proies. La technique traditionnelle du furetage, qui consiste à faire chasser ces animaux dans des passages creusés par les rats, a montré son efficacité depuis des siècles. En particulier, les femelles, plus fines et souples, sont souvent privilégiées pour leur capacité à naviguer dans des espaces restreints. Lorsqu’ils attrapent leur proie, ils la saisissent avec leurs dents acérées, leur infligeant une mort rapide. Après une période d’engourdissement, cette méthode a retrouvé de l’intérêt face à la résistance croissante aux raticides et à une mauvaise gestion des déchets, ce qui a relancé l’usage du furet comme agent de contrôle biologique des populations de rongeurs.
Le furetage : une réponse efficace contre la prolifération rodent
Plusieurs municipalités, notamment à Marseille, ont expérimenté la dératisation naturelle par le furet afin de limiter la population de rongeurs. Des villes comme Toulouse, Limoges, Alfortville et Vitry-sur-Seine ont également adopté cette pratique. Selon les retours, cette méthode atteindrait une efficacité de l’ordre de 95 %, avec une seule femelle pouvant capturer une centaine de rongeurs chaque semaine. Lors de l’intervention, le professionnel repère d’abord les galeries creusées par les rats. Ensuite, le furet est introduit dans ces passages, son simple passage étant un signal d’alerte pour les rongeurs qui fuient vers une sortie équipée d’un filet de capture. Les animaux piégés sont ensuite euthanasiés dans des conditions indolores, souvent à l’aide de dioxyde de carbone, évitant ainsi l’usage de substances toxiques. Cette approche permet de réduire l’emploi de pièges chimiques dans les espaces publics ou verts, tout en étant une méthode respectueuse du bien-être animal, avec une efficacité qui peut atteindre 90 % en quelques mois dans les zones traitées.
Malgré ses avantages, le succès du furetage dépend aussi d’une gestion proactive des déchets ménagers. En limitant la nourriture accessible aux rats, notamment en évitant de nourrir canards, chats ou pigeons, et en utilisant des poubelles appropriées pour y déposer restes de nourriture ou déchets, on évite d’attirer ces nuisibles dans les zones résidentielles. Par exemple, refuser les pique-niques sur l’herbe ou ramasser immédiatement les débris tombés au sol contribue également à diminuer leur attractivité.