Le porc laineux : un cochon couvert d’un pelage frisé

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Ce cochon d’une espèce peu courante se distingue par son pelage dense, bouclé et abondant. Originaire des régions situées autour du Danube, cette race a presque disparu après la Seconde Guerre mondiale en raison des coûts élevés liés à son élevage. C’est un animal qui a une forte attirance pour les grands espaces et qui possède un patrimoine historique riche.

Le porc laineux, un favori de l’aristocratie

Comme tout cochon domestique, ce suidé appartient à la famille des suidés et à l’ordre des artiodactyles. Son nom local le désigne souvent sous l’appellation de Mangalica. Au sein de l’Empire austro-hongrois, des croisements ont été effectués entre des porcs méditerranéens, issus de la région de Sumadija, et des porcs semi-sauvages des montagnes du centre de l’Europe, notamment dans les zones des Carpates, Bakony et Szalonta. Les premiers porcs à poils bouclés produits de ces hybrides étaient initialement réservés à la royauté. La famille impériale possédait jusqu’à trois millions de ces animaux, dont les spécimens les plus remarquables participaient aux foires agricoles de l’époque. Entre 1850 et 1950, ces cochons étaient très prisés pour leur graisse, qui alimentait diverses industries comme la cuisine (saindoux), la fabrication de bougies, de savons et de produits cosmétiques. La finesse de leurs poils servait aussi à la fabrication de matériel pour la bourrellerie. La qualité de leur graisse, associée à celle de leur viande, leur valut une reconnaissance officielle dès 1927.

La toison bouclée du cochon laineux

En Europe orientale, on retrouve encore aujourd’hui trois variétés aux couleurs originelles, même si le noir a disparu :

  • Le blond ;
  • L’hirondelle (avec un dos noir et un ventre blanc ou crème) ;
  • Le roux.

Ce qui caractérise principalement le Mangalica, c’est son épaisse toison hivernale, dense et frisée, qui évoque la laine. Au printemps, sa fourrure devient brillante et raide, tandis qu’en été, elle s’affine pour devenir plus douce et soyeuse. Sa composition en graisse représente environ 70 % de son corps, ce qui rend la viande plus riche en matières grasses, deux fois plus que celle d’un cochon blanc domestique. La race se distingue aussi par sa silhouette trapue et plus compacte, avec une croissance lente, nécessitant au minimum deux ans pour atteindre la maturité, contrairement à la rapide de l’élevage conventionnel. La peau entourant ses yeux et son étage nasal est souvent pigmentée en noir, tout comme ses sabots. Les mâles mesurent généralement 75 cm au garrot et peuvent peser jusqu’à 200 kg.

La douceur de caractère du cochon laineux

Ce cochon, reconnu pour son intelligence et sa curiosité, se montre très sociable et aime le contact avec l’homme. Dans son comportement quotidien, il se révèle pacifique et peu stressé. En revanche, lorsqu’il s’agit de défendre ses petits, la truie peut devenir assez agressive. La reproduction de cette race est plutôt modérée, avec entre 4 et 8 petits par portée, alors que la moyenne chez d’autres races dépasse souvent 12 ou 14. À la naissance, les porcelets pèsent environ 800 grammes et atteignent 7 kg après deux mois. Leur pelage épais, leur race robuste et leur grande masse graisseuse leur confèrent une excellente résistance au froid et aux maladies courantes. Ce cochon rustique peut vivre en plein air toute l’année, car il adore fouiller le sol avec son groin, se baisser dans une tranchée pour se rafraîchir ou se protéger contre les parasites. Son développement lent et ses besoins spécifiques en font une race incompatible avec l’élevage intensif.

Le déclin de la race du porc laineux

La disparition progressive de cette race s’explique principalement par la perception de ses graisses saturées, considérées comme nuisibles pour la santé à partir des années 1950. Par ailleurs, avec l’essor de l’industrialisation agricole et des élevages intensifs, cette race a été progressivement délaissée. Sa croissance lente, sa basse fertilité et ses besoins en grands pâturages ont impliqué des coûts plus élevés par rapport aux races plus productives importées. Dans les années 1990, il ne restait plus que 160 individus en Hongrie, leur présence étant alors limitée à quelques réserves ou zoos. La race était alors en danger d’extinction.

La renaissance du porc laineux

Une initiative espagnole, lancée en 1991, a permis de préserver cette race en voie de disparition. À cette époque, Juan Vicente Olmos, qui cherchait des cochons pouvant produire de la viande de qualité pour des jambons secs à longue maturation, a découvert cette espèce qui lui a immédiatement séduit par ses qualités. Il s’est associé à l’agronome hongrois Péter Tóth pour créer une sélection permettant de conjuguer la production de produits haut de gamme avec une exploitation durable et rentable. Grâce à ce travail, le cheptel a connu une croissance notable, passant à 7 000 têtes en 2010, contre seulement quelques dizaines dans les années 90. Aujourd’hui, la race est intégrée dans le patrimoine gastronomique de la Hongrie, qui l’éleve dans son habitat naturel. Exportée dans plusieurs pays européens comme la France, où elle sert autant à la consommation de sa viande qu’à l’entretien des espaces montagnards, cette race retrouvée incarne un symbole de préservation du patrimoine traditionnel.