Histoire de la domestication du cochon : timing et méthodes

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Souvent sous-estimé comme animal domestique, le cochon est victime de nombreuses idées fausses et son origine reste une source de débat scientifique. Cet article a pour objectif d’éclaircir ce que l’on sait sur ses origines ainsi que sur le processus de domestication de cette espèce.

Les racines du cochon domestique : quelles sont-elles ?

Le cochon apparaît lors du début de l’ère Tertiaire. Suite à une crise biologique qui marque la fin du Crétacé, la faune s’est renouvelée, avec une prolifération des mammifères pour occuper des niches laissées vacantes par les grands reptiles. Parmi ces mammifères, le cochon sauvage pourrait bien être le lointain ancêtre du cochon domestique, contrairement au sanglier. Ses origines initiales se situeraient en Asie Mineure et dans la région du Turkestan, d’où il aurait colonisé progressivement toute l’Asie, puis l’Afrique et l’Europe.

Dans le débat qui subsiste encore aujourd’hui, certains soutiennent que les principales origines des cochons d’aujourd’hui sont deux espèces : le sanglier eurasiatique (Sus scrofa) et le sanglier nain d’Asie du Sud-Est (Sus vittatus et autres). Ces deux types seraient à l’origine de la majorité des cochons domestiques modernes.

Qu’est-ce qu’un animal “facilement domesticable” ?

Pour qu’un animal soit considéré comme facilement domestiquable, il doit remplir plusieurs critères : il doit pouvoir fournir une ressource précieuse (viande, lait, laine, force), tout en étant docile, reproducteur rapide et capable de vivre en groupe. Il doit aussi s’adapter facilement à une alimentation simple, atteindre une taille suffisante rapidement, accepter la vie en troupeau ou sous contrôle humain, et être à l’aise en captivité ou en enclos.

Peu d’espèces répondent à ces conditions, c’est pourquoi la domestication s’est produite à plusieurs reprises dans différentes régions et par diverses populations, avec pour objectif principal d’obtenir des animaux répondant à ces critères.

Les effets de la domestication du cochon à travers le temps

Les premières traces archéologiques de la domestication du cochon remontent à environ 10 000 ans avant notre ère, avec une présence notable en Europe depuis environ 7 000 ans. La proximité avec l’humain a causé une évolution morphologique significative : le cochon est devenu plus petit, ses dents raccourcies, son groin plus fin et sa peau, autrefois noire, s’est éclaircie pour donner la teinte rosée que nous lui connaissons aujourd’hui.

Cette domestication s’inscrit aussi dans un moment précis de l’histoire humaine, celui où les sociétés de chasseurs-cueilleurs se sont tournées vers l’agriculture et la sédentarisation. À cette époque, la production de déchets alimentaires a favorisé la présence de cochons sauvages proches des habitations, facilitant leur capture et leur élevage.

Les régions clés pour la domestication du cochon

La Chine figure parmi les premiers territoires où les preuves de domestication du cochon ont été découvertes, notamment à travers des fouilles à Jiahu et Banpo, témoignant d’une relation symbiotique. Les cochons y trouvaient facilement de la nourriture, pendant que les humains utilisaient leur viande, leur graisse et leurs os.

Les régions de l’Asie Mineure et du Proche-Orient, incluant la Mésopotamie et l’Anatolie, ont également été des zones majeures dans cette évolution, avec des sites comme Çatalhöyük en Turquie témoignant d’interactions datant de plus de 9 000 ans.

Au-delà de ces régions, la diffusion du cochon s’est intensifiée avec la colonisation des Amériques par Christophe Colomb en 1493, et de nombreux autres territoires comme l’Arctique ou la Nouvelle-Zélande ont connu l’arrivée de cette espèce suite aux explorations occidentales.

Le rôle du cochon dans l’histoire de la domestication des animaux

Le chien, issu du loup gris, a été le premier animal à être domestiqué, il y a environ 15 000 ans en Europe, puis en Asie. Certaines hypothèses avancent que cette domestication pourrait dater jusqu’à 35 000 ans. La domestication va généralement de pair avec la sédentarisation, qui a permis à des espèces comme la chèvre, probablement la première à l’être, puis le bœuf, de se convertir en animaux d’élevage pour leur viande, leur lait, leur peau ou leur force de travail.

Concernant les oiseaux, leur domestication semble initialement liée à des aspects culturels, leur utilisation dans des combats, sacrifices ou cérémonies. Leur commercialisation et consommation de viande ou d’œufs ont véritablement pris de l’ampleur à partir du XVIIIe siècle, avec le développement de l’élevage industriel au XIXe et XXe siècle.

Progressivement, l’humain a sélectionné les cochons les plus dociles ou productifs, écartant les traits sauvages et favorisant des caractéristiques génétiques adaptées à la vie en captivité. Cette sélection a permis une diffusion mondiale de l’élevage porcin, notamment grâce aux Romains qui ont largement contribué à sa propagation en Europe.

Dans l’Antiquité, le cochon était hautement estimé par les Grecs, Romains et Gaulois, qui louaient ses qualités dans leurs écrits. Sa facilité d’élevage a permis au Moyen Âge de faire du cochon l’un des animaux domestiques les plus consommés, dépassant moutons et bétail. Au XVIIe siècle, avec la diffusion de la pomme de terre, l’élevage porcin français a connu un essor majeur, contribuant à la sécurité alimentaire. La graisse de porc, ou saindoux, servait à la fabrication de pommades, de savons ou conserves, témoignant de son importance économique.

Peut-on voir un cochon domestique redevenir sauvage ?

Il est tout à fait possible qu’un cochon domestique reprenne la vie à l’état sauvage ; on parle alors de cochon fou, ou cochon féral. Ces animaux, issus soit d’échappées de fermes, soit de naissances en dehors des contextes humains, sont génétiquement identiques à leurs cousins sauvages, mais leur comportement diffère. Leur transformation ne concerne que leur attitude, non leur patrimoine génétique.

La présence accrue de cochons dans certains paysages a parfois entraîné la dégradation des écosystèmes locaux, comme la déforestation ou l’érosion du sol, mais un élevage contrôlé peut également participer à la gestion durable des agroécosystèmes par le recyclage des déchets alimentaires.

En somme, la domestication du cochon s’inscrit dans l’histoire de l’humanité et continue de façonner nos relations avec cet animal. Aujourd’hui, bien que sa consommation demeure essentielle pour de nombreuses cultures, sa compréhension approfondie, notamment en termes d’intelligence, remet en question sa simple exploitation.