Le terme « manger comme un porc » évoque une attitude qui peut provoquer le dédain. Mais pourquoi associer un comportement de consommation alimentaire désordonné ou vorace à un animal tel que le cochon ? Le mammifère se salit-il volontairement lors de ses repas ? Mange-t-il de manière exubérante ou en ingérant de grandes quantités à la va-vite ? Et surtout, pourquoi les expressions utilisant le mot « porc » ou « cochon » portent-elles presque systématiquement une nuance négative ? Notre idée reçue sur cet animal est-elle influencée par des préjugés ? Si oui, quelles en sont les raisons ?
Que désigne réellement l’expression “manger comme un porc” ?
Courante dans le langage familier, cette locution a deux principaux sens :
- Consommer sa nourriture de façon peu raffinée, en respectant peu les bonnes manières, en se tâchant et en répandant des déchets autour de soi ou sur sa tenue ;
- Se goinfrer avec une avidité déchaînée, en dévorant de grandes quantités, souvent rapidement, sans forcément salissure mais avec insatiabilité.
Quelles sont les origines de cette expression ?
La provenance exacte de “manger comme un porc” reste mystérieuse. Les premières occurrences datent toutes du XXe siècle, suggérant qu’elle serait d’origine relativement récente. Parmi les exemples retrouvés dans la littérature française, on peut citer :
- Une mention de 1953 évoquant une alimentation excessive même si la personne souhaite suivre un régime, en exprimant l’idée qu’il mange comme un porc ;
- Une description de 1967 comparant une personne très corpulente à un hippopotame, tout en soulignant qu’elle mange comme un porc ;
- Un passage de 1979 décrivant des comportements de consommation débridée, assimilés à ceux des porcs, épouvantables et dépourvus de dignité.
Est-ce que le porc mange de façon sale ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le cochon n’a pas d’assiettes ni de couverts. Il se nourrit avec ses pattes et son groin, qu’il utilise pour fouiller le sol à la recherche de nourriture. Ce comportement implique de se salir, en se couvrant de terre et en tachant son visage. Naturellement curieux, doté d’un odorat aiguisé mais d’une vision peu précise, il rase le sol pour repérer ses aliments, principalement des végétaux variés (trefle, racines, glands, baies, champignons), ainsi que de petits animaux comme les vers, insectes ou petits rongeurs.
Le cochon est-il réellement sale ?
Il est vrai que cet animal aime se rouler dans la boue, ce qui donne à sa peau rose une teinte marron. Cependant, cette pratique n’a rien d’un acte de salissure volontaire. Au contraire, il le fait pour se protéger des parasites et du rayonnement solaire, car il n’a pas la transpiration. La boue lui sert aussi à faire baisser sa température corporelle. Son comportement n’est donc pas sale en soi. Par ailleurs, le cochon est un animal soigneux : dès ses premiers jours, il dort et fait ses besoins en séparant ces espaces, et il inspecte la propreté de son lieu de repos avant de s’y installer, ce qui témoigne d’une certaine délicatesse.
Le cochon est-il vraiment un glouton ?
Les habitudes alimentaires du porc ne sont pas un mythe : il adore manger, souvent rapidement et en grande quantité. Il ne s’arrête pas nécessairement lorsqu’il est rassasié, car sa priorité est de se nourrir dès que la nourriture est disponible. Qu’il s’agisse d’aliments gras, sucrés ou salés, il a pour lui une véritable passion pour la nourriture. Cela dit, chez les porcs d’élevage ou de compagnie, une surconsommation peut entraîner des problèmes de santé comme l’obésité ou des complications liées. Il est donc important de contrôler sa consommation pour préserver sa vitalité, étant un omnivore capable de manger de tout, mais pas n’importe quoi.
Pourquoi l’image négative du cochon perdure-t-elle ?
Depuis des temps ancestraux, le porc est associé à une image peu valorisante dans plusieurs cultures. Dans la Bible, il est considéré comme impur à cause de ses habitudes alimentaires et de sa tendance à se vautrer dans la fange. La parabole du fils prodigue, qui doit veiller sur des cochons, ne valorise pas cet animal. Au Moyen Âge en Occident, il est souvent vu comme un symbole du diable, de la gourmandise débridée, de la débauche. En revanche, dans la culture chinoise, le cochon est au contraire symbole de chance, de prospérité et de prospérité, représentant l’abondance.
Le cochon : sale, gourmand, et autres stéréotypes ?
Outre ses aspects perçus comme dégoûtants ou voraces, le mot “cochon” ou “porc” s’associe souvent à différents défauts ou traits négatifs, ce qui a mené à la création de nombreuses expressions telles que :
- Ronfler bruyamment comme un porc ;
- Suer abondamment comme un porc ;
- Être têtu comme un cochon (tête dure ou obstinée) ;
- Une cochonnerie (objet de mauvaise qualité ou état déplaisant) ;
- Gâcher quelque chose en le traitant comme une cochonnerie ;
- Avoir un caractère désagréable, colérique, comme un cochon ;
- Un traquenard ou une trahison désignée comme un tour de cochon ;
- Un travail peu soigné ou mal fait, qualifié de travail de cochon ;
- Un vieux cochon, évoquant une personne perverse ou lubrique ;
- Un individu vulgaire ou ayant un comportement déplacé, souvent à connotation sexuelle, qualifié de porc.