Cochonglier ou sanglochon : de mystérieux hybrides entre cochon et sanglier

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Les hybrides issus du croisement entre un cochon domestique et un sanglier, comme le cochonglier ou le sanglochon, incarnent cette fascination que l’homme entretient pour créer des êtres qui n’existent pas dans la nature. Bien qu’on ait parfois tendance à voir cette pratique comme étant contre-nature, il faut savoir que, dans certains cas, ces croisements ne relèvent pas d’une folie, mais d’une démarche scientifique ou agricole.

Comprendre la biologie des hybrides

Lorsqu’on parle de hybrides chez les animaux, on fait référence à la reproduction entre différentes races, espèces ou genres. Cependant, cette pratique n’est pas illimitée. Des barrières naturelles, telles que des incompatibilités génétiques ou morphologiques, des périodes de reproduction non synchronisées, ou encore des comportements d’accouplement spécifiques, empêchent souvent la reproduction entre deux espèces différentes. De plus, des rejets physiologiques peuvent survenir, empêchant la fécondation ou le développement de l’embryon.

Malgré ces contraintes, l’intervention humaine dans le but d’expérimenter ou d’optimiser certains traits pousse à des hybridations contrôlées. Ces croisements sont courants dans la production horticole ou agricole, où l’on cherche à développer des variétés plus résistantes, esthétiques ou productives, que l’on qualifie parfois de “cultivars”.

Le domaine de l’imagination humaine, lui, n’a aucune limite. La mythologie regorge d’êtres hybrides fantastiques, comme :

  • le Minotaure, mi-homme, mi-taureau,
  • le centaure, associaison d’un homme et d’un cheval,
  • le satyre, demi-homme, demi-bouc,
  • le sphinx, doté du corps d’un lion et de la tête d’un homme,
  • le griffon, croisement entre un lion et un aigle,
  • la Chimère, mélange de lion, de chèvre et de serpent.

Les distinctions entre le cochon et le sanglier

Le cochon domestique descend du sanglier, ce qui explique que longtemps, les zoologistes aient considéré le cochon comme une sous-espèce du sanglier, désignée scientifiquement sous le nom de Sus scrofa. Cependant, cette classification a évolué, et aujourd’hui, le cochon est reconnu comme une espèce à part entière, appelée Sus domesticus.

Voici quelques différences fondamentales entre ces deux espèces :

  • Le museau du cochon est généralement plus court que celui du sanglier,
  • Le cochon ne possède pas de défenses visibles,
  • La peau du cochon est plus fine, peu poilue et fragile, tandis que celle du sanglier est épaisse et dense, recouverte de poils durs,
  • Les oreilles du sanglier sont toujours droites, alors que celles du cochon peuvent être tombantes, en particulier dans les concours de beauté,
  • Le cochon est nettement plus lourd que le sanglier,
  • Le nombre de chromosomes diffère : entre 38 et 40 chez le cochon, contre 36 chez le sanglier.

Cochonglier et sanglochon : deux hybrides proches

Pour comprendre ces termes, il faut retenir que la première espèce mentionnée est toujours celle du mâle. Le sanglochon résulte d’un croisement entre un sanglier mâle et une femelle cochon (la truie), tandis que le cochonglier provient d’un cochon mâle croisé avec une femelle sanglier (la laie). La grande proximité entre ces deux hybrides leur confère souvent une synonymie, car ils partagent des caractéristiques très similaires.

La facilité à réaliser ces croisements, en raison de la parenté étroite entre cochon et sanglier, permet d’obtenir des descendants en bonne santé, fertiles et sans malformations. En Corse, par exemple, la population sauvage de sangliers a été renforcée par des croisements avec des femelles cochons saillies par des mâles sangliers, ce qui a favorisé la reconstitution de leur population.

Cependant, ces hybridations naturelles ou semi-artistiques peuvent avoir des répercussions, notamment par la transmission de maladies ou de parasites depuis les sangliers vers les élevages, ce qui représente un risque pour l’élevage traditionnel. Depuis 1982, en France, la réglementation encadre strictement ces croisements pour préserver la pureté génétique du sanglier sauvage. Néanmoins, dans certaines régions, où les cochons vivent en liberté, ces croisements se produisent encore spontanément.

Certains éleveurs peu scrupuleux exploitent également ces hybridations à des fins lucratives : ces croisements peuvent donner des reproductrices plus fertiles, dont les descendants croissent plus rapidement, rendant la production plus rentable pour eux.

La population de sangliers en France

Depuis plusieurs années, la population de sangliers a connu une croissance exponentielle, atteignant environ un million d’individus en 2019. La disponibilité abondante de nourriture, la fertilité accrue des femelles, qui peuvent avoir jusqu’à trois portées en deux ans, ainsi que la survie plus efficace des jeunes lors des saisons froides, expliquent cette explosion démographique. La taille des portées varie également en fonction du poids de la femelle : une laie de 30 kg peut avoir 2 ou 3 marcassins par portée, tandis qu’une laie de 60 kg peut en produire jusqu’à 6.

Les mesures de confinement liées à la pandémie de Covid-19 ont interrompu, à partir de 2020, la chasse aux sangliers, alors même que la saison avait été exceptionnellement prolongée en mars de cette année-là. La surpopulation a entraîné des dégâts importants dans les cultures de céréales, mais aussi une proximité croissante avec les zones urbaines, où ils adoptent parfois des comportements agressifs.